Rien oublié, rien appris: Petit comparatif des réactions de la presse genevoise à vingt ans d’écart.
1. On est foutu
- "Faire vivre ce pays au centre du continent sans des règles claires de partenariat est une tout autre affaire: totalement irréaliste, impraticable, suicidaire."
Jacques Pilet, Nouveau Quotidien , 7 décembre 1992, p. 1.
-"C’est un nouveau dimanche noir qui se dessine pour l’avenir de la Suisse."
Pierre Veya, Le Temps, 10 février 2014.
2. La Suisse va s'appauvrir
- "Ainsi donc la Suisse s'accroche au rêve de la voie solitaire.
Durement frappée par la récession, elle décide souverainement de se priver des avantages du grand marché européen.
Ce vote plonge notre pays dans un isolement d'une extrême gravité. La dégringolade économique va se poursuivre. Le chômage va exploser et les tensions sociales s'accroître."
Jacques Pilet, Nouveau Quotidien , 7 décembre 1992, p. 1.
- "Le peuple, avec une petite majorité, remet en cause l’un des piliers les plus importants de notre prospérité, la libre-circulation du travail avec l’Union européenne (UE)."
Pierre Veya, Le Temps, 10 février 2014.
3. Suisses alémaniques et romands sont irrémédiablement divisés
- "Cela dit, il n'est pas question pour nous, Romands, qui avons si clairement dit notre volonté d'ouverture, de céder au découragement."
Jacques Pilet, Nouveau Quotidien , 7 décembre 1992, p. 1.
- "Comme en 1992, la Suisse est divisée en deux; les cantons romands sont à nouveau minoritaires sur une question essentielle de politique étrangère."
Pierre Veya, Le Temps, 10 février 2014.
4. La Suisse est définitivement coupé de l'Europe, tout échange devient impossible hors de principe d'une totale adhésion
-"Dès l'an prochain, nos voisins faciliteront entre eux tous les échanges. Or nous continuerons d'avoir besoin d'eux plus qu'ils n'ont besoin de nous. Le tissu de relations humaines et économiques se resserre autour de nous et nous en sommes partie prenante. Voilà les faits. Qu'aucune décision politique ne saurait changer. Nous sommes entraînés par un courant profond vers cette Europe qui se veut plus solidaire, plus prospère. plus pacifique. La seule question est de savoir si nous voulons subir le phénomène, bricoler au jour le jour des solutions boiteuses ou maîtriser dignement notre destin, en étroite collaboration avec nos amis et voisins."
Jacques Pilet, Nouveau Quotidien , 7 décembre 1992, p. 1.
-"Non seulement, ce vote compliquera nos relations avec l’Europe mais créée une situation d’insécurité pour tous les investisseurs de ce pays, ses chercheurs, ses étudiants, bref pour tous ceux qui vivent d’échanges avec leurs voisins. Les éléments objectifs de la croissance sont ce soir en danger et pour plusieurs années."
Pierre Veya, Le Temps, 10 février 2014.
5. Le vote anti-européen est passionnel, irréfléchi
-"Jeter un non rageur et nostalgique dans l'urne est une chose. Faire vivre ce pays au centre du continent sans des règles claires de partenariat est une tout autre affaire: totalement irréaliste, impraticable. suicidaire."
Jacques Pilet, Nouveau Quotidien , 7 décembre 1992, p. 1.
-"Cette stratégie est aujourd’hui saccagée par la volonté d’un parti, l’UDC, qui participe aux institutions mais se comporte en un opposant résolu.
[...] Bien sûr, tous ceux qui ont suivi l’UDC ne l’ont pas fait dans le but de saboter nos relations avec l’Union européenne. Ils ont exprimé, à des degrés divers, un mécontentement profond contre le rythme d’expansion de ce pays. C’est un message qui devra être entendu et respecté."
Pierre Veya, Le Temps, 10 février 2014.
6. Malgré le résultat, c'est le gouvernement qui voit juste
-"Dès lors, le choix devient clair. La Suisse doit poursuivre la voie que son gouvernement a tracée avec lucidité et courage dès ce printemps."
Jacques Pilet, Nouveau Quotidien , 7 décembre 1992, p. 1.
-"C’est une lourde défaite du gouvernement, de la majorité du Parlement et de tous les milieux économiques qui imaginaient une rénovation institutionnelle de la voie bilatérale."
Pierre Veya, Le Temps, 10 février 2014.
7. Le gouvernement, les institutions, doivent "dépasser" le vote populaire
-"Les sept Sages ont la responsabilité du pays. Ils doivent avoir le courage de voir loin, plus loin que le peuple."
Jacques Pilet, Nouveau Quotidien , 7 décembre 1992, p. 1.
-"Au plan institutionnel, de graves questions doivent être posées: les institutions suisses sont-elles encore adaptées lorsqu’elles sont ainsi contestées par les urnes? Les milieux économiques, qui prônent la libre entreprise et le libre-échange, peuvent-ils tolérer encore longtemps une alliance gouvernementale avec un parti anti-libéral? Qui, au sein du gouvernement, assumera les négociations avec l’Europe?"
Pierre Veya, Le Temps, 10 février 2014.
8. Le temps donnera raison aux pro-européens, la situation va changer en défaveur de la Suisse
-"Dans deux, dans trois ans ou plus, le peuple devra se prononcer une nouvelle fois. D'ici là, une majorité favorable à ce grand pas peut se former. Parce que la crise économique en vue sera si cruelle que les rodomontades patriotiques feront place peu à peu à une plus Juste vision de la réalité."
Jacques Pilet, Nouveau Quotidien , 7 décembre 1992, p. 1.
-"Christoph Blocher a, ce soir, obtenu sa revanche: l’Europe redevient une ennemie alors même que le Conseil fédéral et les milieux économiques tentaient depuis plusieurs mois de négocier un nouveau contrat qui ne fasse ni vainqueur, ni vaincu.
Pas sûr qu’il en sera ainsi dans quelques mois."
Pierre Veya, Le Temps, 10 février 2014.
En vingt ans, les médias n'ont pas changé de discours, et si on changeait de médias ?
Illustration: Citation de Shakespeare en première page du Nouveau Quotidien du 7 décembre 1992.
D’accord mais les temps ont changé, il va falloir réinventer le « business model » de la Suisse et vite !!! Tous les partis politiques doivent se mettre atour d’une table pour prendre les bonnes décisions pour l’avenir.
Nos politiques ont du céder sur beaucoup d’avantage de ce pays, en particulier dans le domaine bancaire. Il faut dire que les acteurs économiques dans ce secteur ont donné à l’UE et les US matière à obliger la Suisse à se mettre à la table des négociations. Le plus « drôle » est que les frontaliers ont largement contribué à affaiblir le secret bancaire. L’affaire Falciani est le parfait exemple !
Il ne faut pas s’y méprendre, ce ne sont pas nos très chères institutions financières qui vont faire le plus les frais de leurs erreurs, mais bien le peuple Suisse.
Les plus grands établissements ont déjà largement pris leurs dispositions pour intensifier leurs activités à l’étranger.
Comme le soulève Pictet France, la Suisse n’est de loin plus attractive pour les frontaliers qui voudraient venir travailler, comprenez la Suisse ne possède que peu d’attrait pour les institutions financières et leurs clients.
http://www.bfmtv.com/video/bfmbusiness/integrale-placements/tendance-a-lexpatriation-sandrine-quilici-integrale-placements-11-02-176272/
Et devinez où se trouve «the place too be », selon notre banquier privé genevois : LONDRE. La City, au cœur du Royaume-Uni membre de l’UE, mais pas de Schengen attirent les capitaux du monde entiers.
Je vous laisse tirer les conclusions que vous voudrez, mais la Suisse va devoir trouver une nouvelle voie pour combler le vide économique que va laisser l’activité bancaire. Après cette votation, les négociations cet été pour obtenir l’accès au marché européen vont s’annoncer houleuses. Il va falloir une main de fer pour mener la barque car ça tanguer.
Avec LE TEMPS, avec LE TEMPS va tout s’en va …
(Léo Ferré)
Eh oui, le torchon marxiste de référence romand est à vendre. On n’a pas tous la chance de pouvoir s’appuyer sur Billag pour parasiter le peuple. Elle est pas belle, la vie?
Le Pilet a reçu la claque qu’il cherchait en 1992… dimanche c’était au tour de Veya, pas sûr qu’il s’en remette !
« Les sept Sages ont la responsabilité du pays. Ils doivent avoir le courage de voir loin, plus loin que le peuple ». Dixit en son temps l’inénarrable Jacques Pilet, l’analyste politique peut-être le moins lucide et le moins pertinent (mais pas le plus impertinent, certes!) de toute l’histoire médiatique suisse!
A noter que ce qu’il préconisait alors est une resucée du dogme marxiste de la dictature du prolétariat: pour accélérer la victoire de la classe ouvrière, la fin de la bourgeoisie et donc l’aboutissement programmé de l’Histoire, il fallait que ceux qui connaissaient “scientifiquement” le “sens de cette Histoire” majuscule prennent le pouvoir (de force) et imposent leur clairvoyance et leur “justice”aux “réactionnaires” et aux inconscients (de classe donc de leurs intérêts véritables). Ils en ont cyniquement appelé le système “centralisme démocratique” et l’application “démocratie populaire”. Comment Pilet nommerait-il sa “démocratie” élitiste et tutélaire?
Rappelons que Le Temps est à vendre, comme quoi nul n’est prophète en son pays.
-“Les sept Sages ont la responsabilité du pays. Ils doivent avoir le courage de voir loin, plus loin que le peuple.”
Jacques Pilet, Nouveau Quotidien , 7 décembre 1992, p. 1.
Citation la plus terrifiante. Cet homme est dangereux. Je me retiens d’aller plus loin.
“Les sept Sages ont la responsabilité du pays. Ils doivent avoir le courage de voir loin, plus loin que le peuple”.
Nous avons de véritables visionnaires au CF qui sont passés maîtres dans le baissé de culotte à tout vent et auprès de toute administration qui en fait la demande; sur simple réquisition.
Est-ce que Jacques Pilet nous annonce une rébellion du CF ou inciterait-il le CF à se rebeller ? Dans cette éventualité, il faut lancer sans délai une procédure de destitution.
A propos quels étaient les pronostiques en 1992 de l’intéressé ?
Remarquable, instructif et aussi risible, ce petit comparatif. Merci de l’avoir élaboré pour nous! Je l’ai envoyé à tous mes proches pour leur édification.
Les médias sont en train de changer, par la force des choses.
Nous sommes ici en train d’en alimenter un.
Il s’agit maintenant d’avoir “le courage de ce nouveau départ”…