On a même vu les écolos reprendre leurs positions dogmatiques en cherchant à pousser toute la Suisse en ville. Les bouseux n’ont qu’à payer puisqu’ils ont l’outrecuidance de vouloir peupler les vallées.
Notre ministre des finances a proposé de taxer plus fortement les énergies fossiles et d’alourdir également la fiscalité touchant l’électricité. Elle va même jusqu’à prédire que l’essence coûtera 5 francs en 2050. Au-delà de la réaction épidermique que provoque ce genre d’annonce sans fondement sérieux, cette proposition doit se voir à l’aune de la stratégie énergétique mais aussi de l’avenir de la solidarité entre habitants, cantons ou régions de notre pays.
Du côté de la stratégie énergétique, le Conseil fédéral se voit acculé afin de trouver des solutions pour pouvoir mettre en œuvre et assumer son choix de sortir du nucléaire. Si cette décision est la bonne pour une large majorité de la population, elle semble avoir été prise dans la précipitation et les mesures qui vont permettre d’atteindre cet objectif doivent encore être développées puis acceptées par les instances politiques et le population. Dans ce contexte, une réforme de la fiscalité incitant Suissesses et Suisses à économiser un maximum d’énergie fait indéniablement sens. Toutefois une telle réforme se doit de rester raisonnable dans la charge qu’elle fera peser sur les consommateurs et ne pas prétériter une partie de la population au profit d’une autre. Ce sont là malheureusement deux conditions que ne remplissent pas les propositions d’Eveline Widmer-Schlumpf.
Inéquitable
D’une part, cet impôt est inéquitable puisque les riches pourront se payer des voitures ou des maisons avec la meilleure efficience énergétique. Ils limiteront ainsi leur consommation et donc paieront moins. Parallèlement, le grand nombre de familles et d’individus qui doivent se battre pour nouer les deux bouts n’auront qu’à assumer le surcoût de leur logement mal isolé ou de leur voiture gloutonne en carburant. Moins vous gagnez plus l’Etat vous taxe, belle solidarité!
D’autre part, ce sont une nouvelle fois les habitants des régions périphériques qui feront les frais de cette fiscalité écologique. En effet, les citadins pourront sans autres se rabattre sur des transports publics limitant la hausse de prix pendant que les campagnards et autres montagnards, n’ayant d’autre choix que de faire appel à leur véhicule individuel, paieront plein pot. Pour parler simplement, les régions périphériques verseront leur dîme à leurs concitoyens des villes.
Mépris des régions périphériques
En disant cette vérité, je vois déjà arriver les critiques quant aux Valaisans pleurnichards et revendicateurs. Je ne suis pas de ceux qui se plaignent mais plutôt de ceux qui veulent se battre et qui pensent qu’il vaut mieux compter sur soi pour assurer son futur. Force est toutefois de constater que ces derniers temps, à chaque fois que les régions périphériques tentent de sortir la tête de l’eau, on leur appuie une nouvelle fois sur la tête. Poursuivre sur cette voie, c’est porter préjudice à la solidarité confédérale et mettre en danger l’avenir de notre pays. C’est surtout faire preuve d’irrespect et de mépris face à des régions qui demandent simplement le droit de vivre et de se développer. Le respect des minorités doit redevenir un principe guidant la Suisse si celle-ci veut se maintenir sur la voie du succès.
Sans compter que cette réforme va coûter cher à tout le monde puisqu’avec un niveau exagéré de taxe sur l’énergie, tous les biens de consommation vont voir leur prix augmenter et avec eux la TVA. Et voilà les consommateurs taxés trois fois…
Les bouseux n’ont qu’à payer
Le pire, dans cette malheureuse histoire d’essence à une thune, c’est qu’on a vu ressurgir de vieux démons. Les bobos sont de retour et après avoir parqué leur 4x4 devant leur chalet luxueux au cœur des Alpes, ils vont se donner bonne conscience en taxant ceux qui n’ont pas le choix de leur mode de vie. On a même vu les écolos reprendre leurs positions dogmatiques en cherchant à pousser toute la Suisse en ville. Les bouseux n’ont qu’à payer puisqu’ils ont l’outrecuidance de vouloir peupler les vallées.
Si réforme écologique de la fiscalité il doit y avoir, celle-ci doit assurer une redistribution équitable de l’argent prélevé, en particulier en direction des régions périphériques qui seront les plus touchées. C’est à cette seule condition que seront cumulées incitation positive et justice fiscale.
Quant à cette essence hors de prix, gageons que notre diseuse de bonne – ou plutôt de mauvaise – aventure buttera sur le bon sens terrien des Confédérés
Et vous, qu'en pensez vous ?