« En se concentrant exclusivement sur l’impact de l’immigration sur la croissance, nous avons perdu de vue les personnes qui profitaient de cette croissance »
Le leader du groupe travailliste Ed Miliband a fait sensation ce matin sur le site de la BBC en déclarant, sans plus de précautions, que les anciens premiers ministres britanniques Gordon Brown et Tony Blair avaient eu tort de permettre l'immigration en provenance des Etats de l'Union européenne sans le moindre contrôle.
Eblouis par la mondialisation
Dans un discours prononcé à l'Institute for Public Policy Research, Miliband a reconnu que: « C'était une erreur de ne pas imposer de contrôles des transits en provenance des pays d'Europe de l'est. Nous avons gravement sous-estimé le nombre de personnes qui viendraient ici, nous avons été éblouis par la mondialisation et trop optimistes quant à son coût réel », a-t-il ajouté.
« En se concentrant exclusivement sur l'impact de l'immigration sur la croissance, nous avons perdu de vue les personnes qui profitaient de cette croissance, ainsi que les gens qui se sont retrouvés écrasés par la pression migratoire (squeezed in the middle) et qui ont tout perdu. Nous nous sommes déconnectés des préoccupations des travailleurs ».
252'000
En 2004, le gouvernement britannique ouvrait la libre circulation aux divers Etats européens, Pologne, Hongrie et République tchèque comprises. Les estimations fixées à 13'000 entrées par an furent démenties avec un pic à... 252'000 en 2010.
Ed Miliband a diagnostiqué les raisons de la défaite de son parti en 2010, expliquant que celui-ci, en ignorant les peurs légitimes des votants avait, on ne peut plus clairement, manqué le coche du débat sur l'immigration. Et d'accuser en outre les agences de recrutement de favoriser la main-d'oeuvre étrangère au détriment des « talents locaux ». Talents locaux qui possèdent encore l'entier du droit de vote, la politique britannique n'étant pas aussi avancée qu'ailleurs en matière de vote étranger.
Bigoterie
En 2010, le premier ministre Gordon Brown avait rejeté la question d'un électeur sur l'immigration le traitant de « bigot ». Deux ans plus tard, touché par la grâce, le leader travailliste réplique que « s'inquiéter de l'immigration, parler de l'immigration, penser à l'immigration ne fait pas d'eux des bigots, en aucun cas, ils sont juste inquiets de leur avenir ».
Solutions
Au chapitre des solutions, Ed Miliband se lance en des termes que ne renierait pas la droite la plus décriée:
- Forcer moyennes et grandes entreprises à déclarer si elles viennent à dépasser le taux d'un quart de main-d'œuvre étrangère.
- Interdiction aux agences d'emploi de recruter uniquement des travailleurs d'outre-mer.
- Mise en place d'un système d'alerte, géré par le Conseil consultatif des migrations, afin de mettre en évidence les zones où la main-d'œuvre est « dominée par les bas salaires en provenance d'autres pays ».
- Identifier les domaines où les demandeurs d'emploi britanniques ont besoin d'une meilleure formation.
- Durcissement de la législation sur le salaire minimum, avec doublement de l'amende de £ 5000 à £ 10.000 pour ceux qui enfreignent la loi.
Verbe libéré
Une liberté de ton qui fait écho à la provocation délibérée de David Cameron, qui invitait, il y a peu, les entreprises françaises à se jouer des excès du socialisme militant du trop normal Hollande pour venir payer leurs impôts en Grande-Bretagne. Un verbe libéré qu'il ferait beau voir sous nos latitudes, à droite pour commencer, puis à gauche quand certains de nos parlementaires voudront bien s'autoriser le constat de leur camarade britannique.
Et vous, qu'en pensez vous ?