L’affaire Merah n’aura donc pas servi de leçon. Avant que le « tireur fou de Libé » ne
soit connu, de nombreux médias ont à nouveau démarré au quart de tour avec la volonté,
à peine dissimulée, de voir le réel coller à leur fantasme. En dépit de toute déontologie.
Déjà, en 2012, lorsque Mohammed Merah abattait, à Montauban, des militaires en pleine rue et finissait par s’introduire dans une école juive de Toulouse pour y faire un carnage, les grands médias avaient fait leurs choux gras sur une pure spéculation : son origine. Alors qu’on ne connaissait rien du tireur et que les seules images disponibles montraient un homme casqué intégralement, l’extrême-droite était visée. Le Point avait dégainé le premier en évoquant « la piste néonazie ». Puis, les télévisions avaient décrit un homme « de type caucasien ou européen » (M6), aux « yeux bleus sur un visage blanc » (TF1 et France 2).
[...] Mercredi 20 novembre 2013, un homme présentant « une forte ressemblance » avec les images de vidéosurveillance est interpellé alors qu’il est « endormi » dans son véhicule après avoir pris des médicaments. Les tests ADN réalisés l’affirment : il s’agit de l’homme qui s’était rendu armé, le 15 novembre, à BFMTV, qui a tiré sur le photographe de Libération puis sur le siège de la Société générale à La Défense trois jours plus tard. Le nom du suspect ne tarde pas à filtrer : l’homme « de type européen »s’appelle Abdelhakim Dekhar, il est d’origine algérienne, connu des services de police pour avoir, dans l’affaire Rey-Maupin en 1994, fourni un fusil à pompe aux « tueurs de flics ». Mais l’homme est surtout un pur produit du militantisme marxiste libertaire antifasciste et possède un pedigree à faire pâlir les activistes : militant au « Mouvement d’action et de résistance sociale » (MARS), d’une « Section carrément anti-Le Pen » (SCALP), adhérent de la « Coordination des sans-abris », du « Collectif d’agitation pour un revenu garanti optimal » (CARGO) et des « Travailleurs, chômeurs et précaires en colère » (TCP). Dans l’une des lettres retrouvée à son appartement après son arrestation, il explique son geste en évoquant un « complot fasciste » dans les médias, qu’il accuse « de participer à la manipulation des masses, les journalistes étant payés pour faire avaler aux citoyens le mensonge à la petite cuillère ».
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