Entre euphorie et eurolassitude, le coeur de la presse suisse balance, alors que la «bataille» des bilatérales III ne fait que commencer

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Au lendemain de l’accord entre la Suisse et l’UE, des médias sont à la fête et d’autres s’inquiètent déjà de la suite, pointant des sujets qui fâchent passés sous le tapis et un manque d’enthousiasme général

Il y a tout d’abord les médias qui se réjouissent du fait que les négociations entre Bruxelles et Berne aient abouti et que le dossier soit fractionné pour en faciliter le traitement. La Liberté souligne à quel point la Suisse a besoin de l’Europe. Le quotidien fribourgeois donne en exemple le principe de libre circulation, «taillé sur mesure pour la Suisse» et qui assure à cette dernière une main-d’œuvre «indispensable». L’accès aux programmes européens en faveur de la formation, de la recherche et de l’innovation est également «vital» pour les universités helvétiques.

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«Oui, le Conseil fédéral et ses négociateurs ont parfaitement négocié», enchaîne la Schweiz am Wochenende. Elle constate que depuis l’agression russe en Ukraine, la Suisse a choisi son camp, celui de l’UE et que «nous ne sommes pas une île de bienheureux, mais au cœur de l’Europe - hautement interconnectés». Le média alémanique juge que «sur des points essentiels, les nouveaux accords sont meilleurs que l’accord-cadre qui a échoué».

«Flamme europhile essoufflée»

Du côté de la Tribune de Genève et de 24 Heures, l’euphorie laisse place au scepticisme. «Evidemment, pérenniser et stabiliser nos relations avec Bruxelles est essentiel (…). Mais l’argument est rabâché depuis si longtemps qu’il perd de son poids», écrivent les deux titres lémaniques.

Des gens «qui s’engagent et s’affirment» seront nécessaires pour convaincre les Suisses, or ils «brillent par leur absence et leur silence». «On cherche donc l’étincelle capable de raviver la flamme europhile pour sauver ce paquet, lit-on. Ceux qui veulent le faire exploser, eux, font campagne depuis des années».

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Cassis pointé du doigt

Outre Sarine, on émet des doutes sur la suite concrète du processus. «Le Conseil fédéral n’a pas encore présenté de solutions pour les sujets vraiment brûlants», écrit le Tages-Anzeiger.

Le mystère plane sur quand et comment la clause de sauvegarde sur l’immigration sera intégrée et sur le type de majorité qui sera requis pour les quatre objets de votation. Le journal estime que les opposants dominent le débat public, face à un gouvernement et des partisans «sur la défensive».

Le ministre des affaires étrangères Ignazio Cassis est pointé du doigt. Le Tessinois, pourtant en charge du dossier, «a disparu pendant les négociations», écrit le Tages-Anzeiger. Il a réapparu, observe la Neue Zürcher Zeitung dans son titre, soulignant que «Cassis parle à nouveau mais qu’il ne dit toujours rien».

Ce mutisme s’explique en partie par le fait que le libéral-radical soit «vexé» par les traitements médiatiques de sa première année de fonction mais pas seulement, relève l’auteure de l’article: «Pour ne pas envoyer de mauvais signaux à Bruxelles et pour tenir compte du scepticisme de la politique intérieure, Cassis a fait comme René dans la légendaire émission pour enfants «Spielhaus»: il a dit de temps en temps «Ich säge nüt» («Je ne dis rien», ndlr) et s’est tu le reste du temps». Son manque d’enthousiasme vendredi «était si frappant», conclut le média zurichois, qu’il a dû s’en expliquer auprès des journalistes.

Un Röstigraben dans le Blick

Dans son édition alémanique, Blick en vient même à se demander si la majorité du gouvernement n’est pas déjà convaincue de l’échec d’un futur accord. «Dans ce cas, l’honnêteté serait de mise. Sinon, les consultations sans fin après les négociations sans fin deviendront un exercice alibi», écrit le média.

Tout autre ton dans la version francophone du titre: «le paquet d’accords bilatéraux avec l’Union européenne approuvé vendredi par le Conseil fédéral contient plusieurs dérogations», estime son journaliste Richard Werly dans un commentaire. «Plutôt que de refuser cet accès au marché européen, la Suisse doit l’utiliser au mieux», recommande-t-il.

Car c’est maintenant «que la grande bataille commence», rappelle le Tages-Anzeiger, allusion au «débat décisif à l’intérieur du pays» qui ne fait que commencer et qui promet d’être intense et sans merci. Le Conseil fédéral dispose de «munitions» car l’accord présenté vendredi présente des améliorations par rapport à celui qui fut avorté en 2021. Sauf que l’exécutif n’a pas encore présenté de solutions pour les «sujets vraiment brûlants», s’inquiète le quotidien, évoquant notamment une clause de sauvegarde encore trop floue, tout comme la question des notes de frais des travailleurs détachés.

En tout cas, souligne pour conclure la Schweiz am Wochenende, le nouvel accord mérite mieux que des slogans. Une «véritable discussion» doit maintenant être menée.

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