Valeurs actuelles. Qu’est-ce qui a fait basculer l’élection en faveur de Donald Trump ?
Nicolas Conquer. Donald Trump, c’est un candidat qui a des idées et un programme, mais également un bilan. Les électeurs connaissent les bons résultats qu’il a apportés aux États-Unis durant son mandat, notamment sur le pouvoir d’achat qu’il a augmenté de neuf points, alors qu’il n’a augmenté que d’un point et demi sous Harris et Biden. Peut-être que les gens n’adhèrent pas totalement à la personnalité de Donald Trump, encore qu’il y ait une véritable adhésion à son incarnation d’une nouvelle figure du rêve américain, mais ils sont surtout attachés à ses projets politiques. C’est le candidat des idées qui a fait campagne jusqu’à être visé par deux tentatives d’assassinat, tout en utilisant les moyens de son temps.Il n’est pas allé chercher les médias mainstream ni les stars du showbiz, il est allé parler dans des podcasts en accordant des entretiens sans filtre. Il a su toucher le cœur des Américains avec ces nouveaux moyens de communication. Il a labouré le terrain comme jamais : sur les trois derniers jours, il a fait 12 meetings.
La bascule se serait faite sur la manière de faire campagne ?
C’est ce qui a permis de faire basculer l’élection. Mais il y avait une vraie dynamique de longue date, alliée à un rejet de l’idéologie woke et de la bien-pensance prônées par les démocrates. Ce sont en réalité eux qui divisent la société avec le wokisme, en répétant que la menace pour la démocratie serait incarnée par Donald Trump. Le dépeindre sous les traits d’un dictateur a exaspéré les gens… ils en ont eu marre de cette rhétorique qui conduisait uniquement à la division. Ils aspirent à ce que Donald Trump soit le grand réunificateur.Que caractérise pour vous la difficulté des médias français, autant qu’américains, à avoir anticipé cette victoire ?
Au détriment de la réalité des sondages et des tendances, ils s’en sont donnés à cœur joie et souvent sans contradiction. Ils sont sortis du journalisme en tombant dans l’activisme, dans lequel ils souscrivent aux pires éléments de langage et de propagande de Harris. Et cela bien souvent sur le service public, ce qui est scandaleux… Ils ont un agenda contraire au pluralisme. S’il y a un débat, il doit être ouvert de manière non biaisée avec toutes les sensibilités.Chez les Républicains, c’est le soulagement ou vous attendiez-vous à cette victoire ?
On l’attendait de nos vœux, mais c’est surtout une victoire retentissante. La Maison-Blanche, le Sénat et bientôt le Congrès… c’est un succès total. La victoire du vote populaire est particulièrement forte alors que Donald Trump ne l’avait pas gagné en 2016. Depuis 2004 qu’un Républicain n’avait pas remporté le vote populaire. Nous sommes dans une séquence monumentale et historique, c’est une vraie adhésion et un symbole fort. Les démocrates voulaient changer les règles en disant que le collège électoral ne représente pas le pays, parce qu’il ne les avantage pas. Mais là, il y a un vrai mandat, Donald Trump aligne tous les points.Qu’auriez-vous à répondre aux différents politiques et personnalités médiatiques, en Europe et notamment en France, qui voient cette victoire comme un signal négatif, voire très grave pour l’Europe et le monde ?
La victoire de Donald Trump est une bonne nouvelle pour le monde et la France, car il est le candidat de la paix. Sous sa présidence, il y a eu quatre ans sans guerre. Donald Trump a détruit l’État islamique et mis en place les accords d’Abraham. Je ne vais pas vous faire la litanie de ce qui s’est passé sous le mandat de Biden, mais c’est un monde plus explosif, à feu et à sang, avec des menaces de conflits nucléaires auxquelles on est en train de faire face.Nous sommes les plus anciens alliés des États-Unis pour des raisons historiques, culturelles et également économiques
Donald Trump arrive avec un leadership fort, et un réalisme dans les relations diplomatiques, qui vont permettre de vivre dans un monde plus stable. Il faut savoir qui sont nos deux adversaires et qui sont nos alliés. Nous sommes les plus anciens alliés des États-Unis pour des raisons historiques, culturelles et également économiques. Nous devons réussir à faire fi de cette idéologie et des idées reçues qu’on peut avoir sur Donald Trump et faire prospérer ces relations qui sont vitales. La France a encore beaucoup à apporter au monde, il faut renforcer nos relations avec les États-Unis. On le voit à travers un certain nombre de dirigeants politiques français qui s’affichent volontiers sur cette ligne d’un avènement du Trumpisme à la française, à l’instar d’Éric Ciotti. Évidemment, on ne sera pas un vulgaire copier-coller de Trump, mais une incarnation de ce projet de droite qui répond à des problématiques communes aux États-Unis, à la France et à tant d’autres démocraties occidentales.
Quelles devraient être les premières décisions de Donald Trump, dont les premiers jours devraient être clés à partir du 20 janvier ?
Vous avez raison de le rappeler, là, c’est le president-elect, mais il ne sera investi qu’en janvier. De fait, ses engagements, il les passera sans doute par des décrets présidentiels. En premier lieu, la sécurisation de la frontière, car c’est la plus grosse crise et il le doit à ces électeurs qui l’ont poussé sur ce sujet. Il faut s’assurer de mettre fin à la crise migratoire qui a été déclenchée par Harris et Biden, avec 11 millions de migrants arrivés sur le territoire en 3 ans et demi. Enfin, sur le temps long, sortir de l’idéologie, et relancer l’extraction massive de gaz de schiste qui aura un impact direct sur le pouvoir d’achat. Ce sera également une manière de faire reculer d’autres pays qui comptent sur un baril à 100 dollars pour mener leur guerre, alors que s’il était à 45 dollars comme il l’était sous Trump, ils ne pourraient plus financer leur économie de guerre aussi facilement.Kamala Harris, mauvaise candidate ou symbole d’un parti démocrate en crise ?
Kamala Harris était surtout la candidate d’un système. On l’a vu, les démocrates ont noué une alliance contre-nature avec d’anciens républicains, des néo-conservateurs, qui ont rallié la candidature de Kamala Harris. C’est tout un symbole. C’étaient les partisans de la guerre à outrance. Donald Trump, c’est le candidat de l’isolationnisme. Parmi les démocrates, Joe Biden lui-même était pour la guerre en Irak, alors que Donald Trump s’y est fortement opposé. Il y a eu une alliance entre les partisans de la guerre et une coalition qui rejette Donald Trump pour son populisme, alors même qu’il jouit d’une véritable adhésion populaire.Je reconnais les mérites de Kamala d’être entrée dans la mêlée, et je salue sa campagne. Mais elle n’était vraiment pas la meilleure candidate qu’on ait vue, ce n’était pas un véritable choix d’adhésion. Même des Obama et autres le disent. Sans quoi, ils l’auraient poussé beaucoup plus tôt. Joe Biden s’est agrippé à son siège du bureau ovale, parce qu’il savait qu’elle allait perdre. C’est lui qui, aujourd’hui, est le plus revanchard, car il croit encore qu’il aurait gagné contre Donald Trump.
Peut-on voir dans cette forme d’alliance, un rappel de la France lors du barrage républicain et du nouveau front populaire unis contre le RN lors des législatives de 2024 ?
Ce sont les gagnants de la mondialisation contre les classes moyennes qui sont déclassées en phase de paupérisation, qui elles ont besoin d’un président qui défendra leurs intérêts. Kamala Harris incarne une gauche à bout de souffle. Comme en France, elle n’a pas de projet à proposer. Elle souhaite juste s’opposer et être contre plutôt que d’avoir une vision. Il n’y a pas deux tours aux États-Unis, mais de fait, il y avait cette mobilisation de « barrage » et son cortège d’opposition contre le « fascisme ». En France non plus, cette rhétorique ne prendra plus. Ils auront vu que cela conduisait à une forme d’immobilisme de nos institutions. La France voit bien qu’une alliance qui va des communistes aux LR est contre-nature et absurde. La volonté des peuples doit être respectée.L’article Élection de Donald Trump : « Kamala Harris incarne une gauche à bout de souffle », déclare Nicolas Conquer est apparu en premier sur Valeurs actuelles.
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