Quand les Français subventionnent des journaux qui veulent faire taire les esprits dissidents

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L’Humanité. La Croix. Libé… Face à eux: les climatosceptiques, comme Steven Koonin, les critiques des théories sur le genre farfelues de Judith Butler, ou ceux qui s’indignent du concept de « masculinité toxique », comme Sabine Prokhoris. Tous sont placés sous surveillance journalistique.


La presse mainstream est une presse largement subventionnée. Certains titres semblent s’en tirer mieux que les autres, et voient le montant de leurs aides publiques augmenter au fur et à mesure que l’idéologie progressiste, écologiste et woke imprègne un peu plus chaque jour leurs colonnes.

Il est par conséquent de plus en plus difficile de pouvoir dire, à l’aveugle, de quel journal a été extrait tel ou tel article sur l’écologie, la théorie du genre ou le féminisme. La presse subventionnée offre un panel d’articles interchangeables, tous orientés dans le même sens dès qu’il s’agit d’aborder ces sujets. J’en ai choisi trois, issus des journaux parmi les plus financièrement gâtés par l’État et, comme la majorité des journaux français, endoctrinés par l’écologisme, le néo-féminisme et le wokisme.

Dénigrement grossier

Commençons par La Croix, journal qui a perçu en 2023 presque 10 millions d’euros d’aides publiques, un record. Dans sa livraison du 18 septembre, le quotidien a montré patte blanche au GIEC et adopté la stratégie inquisitoriale de l’audiovisuel public lorsqu’il s’agit de parler d’écologie, à savoir la propagation du dogme climatique et l’excommunication des hérétiques. L’entame de l’article écrit par Diane Merveilleux et intitulé “En librairie, le juteux business du climatoscepticisme” mérite que nous nous y attardions – il est le résumé inconscient de l’esprit censorial qui anime ce papier : « Des livres aux intitulés parfois trompeurs sèment le doute sur l’origine humaine du réchauffement climatique et rencontrent un succès d’audience. Leur présence à côté d’ouvrages scientifiquement sourcés pose des questions liées à la liberté d’expression et à la responsabilité des libraires et éditeurs. »

Quels sont ces livres sur le climat qui, laisse entendre la journaliste de La Croix, ne seraient pas suffisamment sérieux et « sourcés » ? Ce sont d’abord ceux de François Gervais (1). Physicien, médaillé du CNRS en thermodynamique, lauréat du Prix Ivan Peyches de l’Académie des sciences, François Gervais a également été expert reviewer des rapports AR5 et AR6 (2022) du GIEC. Ce sont ensuite ceux de Benoît Rittaud, mathématicien et président de l’Association des climato-réalistes (2). Ce sont également ceux de Vincent Courtillot, géophysicien multirécompensé pour ses travaux, ancien président de l’European Union of Geosciences, enseignant entre autres au California Institute of Technology (3). C’est enfin celui de Steven Koonin, physicien et ancien conseiller scientifique de Barak Obama (4). Ayant, à l’inverse de la journaliste de La Croix, lu presque tous les livres de ces scientifiques (j’ai rendu compte de ceux de François Gervais et Steven Koonin dans ces colonnes), je peux attester de la quantité et de la qualité des sources de ces ouvrages. Au contraire de ce qu’affirme Diane Merveilleux, les scientifiques incriminés ne contestent pas le réchauffement climatique mais mettent en doute son origine anthropique, le rôle du CO2 dans ce réchauffement, les prédictions apocalyptiques de certains rapporteurs du GIEC et des écologistes radicaux ainsi que les moyens mis en œuvre pour lutter contre ce que ces derniers appellent abusivement le « dérèglement climatique ». Certains de ces ouvrages sont indispensables si l’on désire également comprendre le fonctionnement de la machine technocratique appelée GIEC et son influence sur les milieux politiques et scientifiques ainsi que sur les médias. La Croix aurait pu également citer les propos de John Clauser – le prix Nobel de physique 2022 ne cesse de dénoncer cette climatologie dévoyée et « métastasée en un mastodonte de pseudo-science journalistique » – et de nombreux autres encore, tous black-listés au nom du dogme climatique gravé dans les rapports de synthèse du GIEC.

Incapable d’étayer son article à charge autrement qu’avec les critiques habituelles et ressassées de l’écologie politique, la journaliste de La Croix semble plus à l’aise quand il s’agit de dénigrer grossièrement les dissidents et d’envisager leur élimination, sinon physique, du moins médiatique. La remise en cause des rapports du GIEC étant comparable, selon elle, aux « “vérités alternatives”, terme utilisé pour décrire le rapport aux faits de Donald Trump et de la droite radicale américaine », elle se désole de ce que « la réfutation du changement climatique [devienne] une opinion comme une autre, défendable au nom de la liberté d’expression » ; en conséquence de quoi, elle regrette qu’une maison d’édition comme l’Artilleur publie les contrevenants à la doxa. D’ailleurs, écrit-elle, il y a un « problème » concernant Damien Serieyx, éditeur à l’Artilleur : celui-ci avoue ne rien connaître aux sciences du climat. Il a visiblement échappé à la journaliste de La Croix que L’Artilleur n’est pas une revue scientifique mais une maison d’édition qui publie de nombreux essais concernant différents domaines dont l’éditeur n’a pas à être un spécialiste. C’est ainsi que nous devons à cette maison la parution des livres de Christopher Caldwell, Roger Scruton, Douglas Muray, Michèle Tribalat, Ingrid Riocreux, Charles Onana, Driss Ghali et quelques autres auteurs dont nous supposons qu’ils ne sont pas en odeur de sainteté auprès des journalistes de La Croix. [À ce sujet, je renvoie à l’excellent article de Bérénice Levet paru dans ces colonnes le 27 décembre 2022 , “Damien Serieyx, un éditeur à l’offensive”].

Chaque libraire pouvant choisir ou non de « glisser dans ses rayons des livres allant à l’encontre du consensus scientifique sur le réchauffement climatique », Diane Merveilleux constate avec bonheur qu’il en existe qui « veillent à ne pas exposer ces thèses sur leurs rayons ». « À côté de tout ce qu’on a en rayon écologie, cela pourrait dégrader l’image de la librairie », déclare ainsi Gwendoline Rousseau, libraire à Montpellier. En revanche, déplore la journaliste, en plus des librairies décidées à rester neutres, les sites de vente comme la Fnac ou Amazon voient les ouvrages honnis se vendre comme des petits pains. Il serait temps que cela cesse, suggèret-elle, car « même à considérer que le climat ne serait qu’une affaire d’opinion, l’argument de la neutralité ne tient pas : la Fondation Jean Jaurès rappelle en effet que seule 0,1% de la communauté scientifique défend des thèses climatosceptiques ». Ce chiffre farfelu et invérifiable est ce qu’on appelle un chiffre magique : sorti d’on ne sait où, il éblouit les profanes et envoûte les journalistes depuis des années. En parlant de neutralité… je note que la Fondation Jean Jaurès réalise ses enquêtes sur le climat soit en collaboration avec des rapporteurs du GIEC, soit en partenariat avec la Banque européenne d’investissement, banque dont l’activité principale consiste à emprunter sur les marchés financiers les fonds nécessaires pour soutenir les projets de l’UE. Parmi ces projets, l’économie « écologique » – implantation de centaines de parcs éoliens et de champs de panneaux solaires, fabrication de véhicules électriques, création d’entreprises de « décarbonation », création d’entreprises « rénovant » les bâtiments existants en prenant en compte les nouvelles normes environnementales créées chaque année, etc. – a pris une place prépondérante. Pour rappel, la COP27 a confirmé l’engagement financier mondial attendu pour atteindre la « neutralité carbone » d’ici à 2050 : 150 000 milliards de dollars ! De quoi ouvrir les appétits de quelques ogres prêts à tout pour se gaver. 

Petite remarque en passant. Tous les auteurs susnommés sont décrits avec les mêmes éléments de langage dans les fiches que l’encyclopédie gaucho-wokiste Wikipédia leur consacre respectivement : le terme « climatosceptique » y est maintenant souvent remplacé par celui de « climatodénialiste » – mot issu de la novlangue écolo et inspiré du mot anglais denialist qui signifie… négationniste ; le point Godwin n’est pas loin ! – et les thèses de ces scientifiques y sont régulièrement accusées d’être des thèses complotistes. Le plus drôle que j’ai lu, à propos du physicien John Clauser : « Il s’est depuis illustré pour ses propos dénialistes concernant le changement climatique, sujet hors de son domaine de compétence ». Cette affirmation imbécile repose sur un seul article notifié en bas de page et écrit par une journaliste de… l’AFP reprenant mot pour mot l’argumentation de représentants du… GIEC. Si je voulais de mon côté citer le nom des personnes, journalistes pseudo-scientifiques, militants écolos ou rapporteurs du GIEC, qui n’ont réellement aucune compétence scientifique et se pavanent pourtant sur les plateaux des radios et des télévisions pour réciter les Saintes Écritures du GIEC, je n’aurais pas assez des quelques pages que la rédaction de Causeur m’accorde pour cet article !

Prière de ne plus contester la théorie du genre 

Beaucoup plus court, un article sur le dernier livre de Judith Butler (5) est un petit bijou de prosternation devant une des idéologies les plus néfastes de ce début de siècle, l’idéologie du genre. Paru dans le Libération du 19 septembre, il est signé d’un dénommé Patrice Maniglier, philosophe et maître de conférences à l’université de Paris-Nanterre. Le chapô annonce la couleur en coloriant de brun les contradicteurs de celle qu’on a coutume d’appeler la papesse du genre : « La philosophe non binaire analyse les réactions effrayées à sa “théorie du genre” et démontre les ressorts – fascistes– qui les sous-tendent. » La soumission de Patrice Maniglier aux thèses de Judith Butler est totale : cette dernière ayant récemment déclaré que son genre était, en attendant mieux, « non binaire », le philosophe décide d’employer l’écriture inclusive et le pronom « iel » pour la désigner. La thèse du dernier livre de Judith Butler ? Les contempteurs de la théorie du genre n’ont pas lu, ou n’ont pas compris, ou ont mal compris son livre phare, Trouble dans le genre – ils ignorent par conséquent de quoi il retourne lorsqu’on parle de « genre ». Et pourtant, assène J. Butler, bizarrement ils en ont peur. Certains, écrit Philippe Maniglier, instrumentalisent cette « peur du genre » et servent ainsi « un projet politique que Butler n’hésite pas à nommer : le fascisme ». Nous y voilà ! Fascisme, droite populiste, extrême droite – aucun de ces termes nauséabonds ne manque dans la description butlérienne des méchants osant critiquer l’idéologie du genre.    

Il faut quand même dire que lire Butler n’est pas une mince affaire. Quand on s’appelle Éric Fassin et qu’on préface la traduction française de Trouble dans le genre, on avoue que « l’ouvrage est sans doute difficile : la discussion est dense, l’expression touffue », comme ça, en passant, et en laissant accroire que ce charabia jargonnant est le gage d’un véritable travail philosophique. De son côté, la psychanalyste Sabine Prokhoris, qui a lu tous les écrits de Judith Butler, assure que la sévérité dont elle fait montre à l’égard de cette dernière « est à la mesure de l’enflure mystifiante du discours butlérien » (6). Sabine Prokhoris rappelle d’ailleurs que, plus tordue que jamais, Judith Butler justifie dans l’introduction de son Trouble dans le genre l’utilisation d’une langue difficile d’accès en affirmant que « ni la grammaire ni le style ne sont neutres du point de vue politique » et que « ce serait une erreur de penser que la grammaire que l’on a apprise est le meilleur moyen d’exprimer des vues radicales, étant donné les contraintes qu’impose cette grammaire à notre pensée, et même à ce qui est simplement pensable ».

Résultat : la « philosophie » déconstructiviste de Judith Butler, rédigée dans une langue elle-même démantibulée, se prête à toutes les contorsions intellectuelles et à toutes les manipulations politiques. Cette théoricienne woke voit ainsi sa « pensée » récupérée par toutes les idéologies du moment, de l’intersectionnalité au racialisme, de l’indigénisme au néo-féminisme, du féminisme décolonial à l’antisionisme, de l’écologisme au transgenrisme. Pour Libération et Patrice Maniglier, Judith Butler est un monument. Pour Sabine Prokhoris, elle est une escroquerie. Disons tout bonnement qu’elle est une monumentale escroquerie.

Religiosité malsaine

L’Humanité a reçu 6,5 millions d’euros d’aides publiques en 2023. Le nombre de ses lecteurs étant de plus en plus faible, c’est le quotidien qui reçoit le plus d’aides par exemplaire diffusé. Sa survie ne tient qu’à un fil – pas question, par conséquent, de s’écarter du chemin de la bien-pensance. Dans son numéro du dernier week-end de septembre, le quotidien communiste s’est penché sur le procès Pélicot – l’occasion, bien sûr, de dénoncer… la domination masculine et le patriarcat ! La journaliste de L’Huma croise la route de Tania, 28 ans. Celle-ci ne supporte plus « la masculinité toxique si facilement entretenue et autorisée dans notre société patriarcale » et porte un tee-shirt arborant un slogan définitif qui devrait ravir Alice Coffin : « Les hommes morts ne violent pas. » Si, pour le quotidien communiste, le viol et le meurtre de Philippine ne sont qu’un « fait divers » instrumentalisé par l’extrême droite, l’affaire de Mazan est en revanche un « fait de société » qui démontre la « toxicité » des hommes, de tous les hommes, élevés dans une « société patriarcale » qui entretiendrait, lorsqu’elle ne les encourage pas, leurs comportements malsains avec les femmes : « Les femmes ne sont pas en danger à cause d’une “horde de sans-papiers”. Elles le sont car la culture du viol imprègne notre société ».L’Humanité coche toutes les cases sémantiques des discours néo-féministes et feint d’ignorer les agressions sexuelles subies de plus en plus souvent dans l’espace public par des femmes victimes d’étrangers qui n’ont rien à faire sur le territoire français. Le journal évoque naturellement les manifestations organisées par le collectif féministe NousToutes en soutien à Gisèle Pélicot et contre « la culture du viol ». Il ne dit pas un mot, en revanche, sur les quelques rassemblements ayant rendu hommage à cette jeune femme victime d’un migrant marocain sous OQTF – entre autres à Paris à l’appel du collectif féministe Némésis – et dont certains ont été perturbés par d’ignobles petites crapules, sans doute les mêmes qui, à la Sorbonne, à Sciences-Po Paris ou Lyon, à l’université de Grenoble, ont rageusement arraché les affiches arborant le portrait de la malheureuse Philippine. Ces comportements odieux n’ont été rapportés ni par L’Huma, nipar La Croix, ni par Libé.

Chacun de ces articles aurait pu paraître indifféremment dans l’un ou l’autre des journaux cités. Voire dans quelques autres. L’écologisme, le néo-féminisme et le wokisme ont supplanté les anciens dogmes et rassemblé sous leurs girons les adversaires d’hier – communistes, gauchistes libertaires, socialistes, centristes de toute obédience et catholiques de gauche parlent aujourd’hui la même novlangue issue du même totalitarisme progressiste et woke empreint, comme tous les totalitarismes, d’une religiosité malsaine. La Croix, Libé, L’Humanité, la majorité des journaux régionaux et de la presse dite féminine, Le Nouvel Obs, Télérama, Le Monde, etc. suivent la même pente idéologique. Le sujet est loin d’être épuisé. Nous y reviendrons sans doute.   


(1) François Gervais : Merci au CO2 ; L’urgence climatique est un leurre, 2020. Impasses climatiques. Les contradictions du discours alarmiste sur le climat, 2022. Le déraisonnement climatique. Climat, énergie, ressources : revenir à la science pour éviter la ruine, 2023. Tous ces livres sont parus aux Éditions de L’Artilleur.

(2) Benoît Rittaud : Le mythe climatique, 2010, Le Seuil. Mythes et légendes écologistes, 2023, L’Artilleur.

(3) Vincent Courtillot : Nouveau voyage au centre de la Terre, 2009, Odile Jacob.

(4) Steven E. Koonin : Climat, la part d’incertitude, 2022, L’Artilleur.

(5) Judith Butler : Qui a peur du genre ?, 2024, Flammarion.

(6) Sabine Prokhoris : Au bon plaisir des « docteurs graves ». À propos de Judith Butler, 2016, PUF. 

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