Une semaine. Ressenti : plusieurs mois. Bruno Retailleau a à peine posé ses bagages place Beauvau qu’il a plongé dans le tourbillon de l’actualité, rythmée par d’épouvantables drame, meurtres, règlements de comptes, viols, violences et agressions, comme la France en connaît chaque jour. « La réalité, la triste réalité », soupire-t-il. Le nouveau « premier flic de France », expression étrennée pour son prédécesseur vendéen Clemenceau, lit chaque matin le compte rendu des événements de la nuit, cette « chronique devenue trop banale de faits abominables », dit-il, dont « les médias ne connaissent qu’une toute petite partie ».
Lundi 23 septembre. Bruno Retailleau vient de quitter la passation de pouvoirs avec Gérald Darmanin quand il lit sur son téléphone l’alerte, via un système de veille « extrêmement puissant et précis », à propos du meurtre de Philippine. Stupéfaction. (…)
Il martèle : « Je me suis juré de dire la vérité aux Français, de façon brutale, non diplomatique, car c’est la condition : quand on fait le bon diagnostic, on peut apporter les bons remèdes. Ces faits-là ne sont pas des ‘‘faits divers’’. Ce terme me hérisse, parce que j’y vois une volonté de banaliser. On y accorde une dimension du hasard, de la fatalité. Un politique doit refuser cette fatalité. » (…)
Le chagrin, et maintenant la colère. Le ministre de l’Intérieur cite pêle-mêle « des libérations qui choquent et un maquis de contraintes juridiques beaucoup trop fortes ». (…)
La gauche et la presse, toujours elles, ont déjà commencé à instruire le procès de ceux qui veulent changer les choses en les caricaturant en ennemis de la démocratie et en populistes. Il leur répond : « L’État de droit, ça n’est pas intangible ni sacré. C’est un ensemble de règles, une hiérarchie des normes, un contrôle juridictionnel, une séparation des pouvoirs. Mais la source de l’État de droit, c’est la démocratie, c’est le peuple souverain. » (…)
On sent Bruno Retailleau marqué par la douleur, « habité par un sentiment de gravité et une très grande détermination », dit-il. Il a hésité à se rendre aux obsèques, vendredi à Versailles (…) Il a déjà adressé un message aux parents, et échangé avec l’abbé Grosjean, qui célébrait la messe d’enterrement. Il n’a pas regardé les images du début de la cérémonie, et quand on lui rapporte les mots du père et du fiancé de Philippine, il lâche un : « Mon Dieu… »
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