Anglo-saxonisation de Sciences Po, source de sa radicalisation gauchiste

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[…] Le livre Une jeunesse engagée : enquête sur les étudiants de Sciences Po, est venu confirmer la tendance : Sciences Po penche de plus en plus à bâbord. « En 2002, invités à se positionner entre la gauche, la droite ou ni la gauche ni la droite, 57 % des étudiants se situaient à gauche. En 2022, ils sont 71 % (soit +14 points) », écrivent la sociologue Anne Muxel et le politologue Martial Foucault dans cet ouvrage. Au fil du temps, les modérés se sont fait cannibaliser par les Insoumis. En 2002, leur engagement « se portait sur la gauche socialiste et jospiniste. Aujourd’hui, c’est la gauche mélenchoniste qui domine dans la mesure où celle-ci peut apparaître comme garante d’unité et d’efficacité électorale », ajoute Anne Muxel dans une tribune publiée dans Le Monde. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. 55 % au premier tour, c’est le score de dictateur africain ou russe obtenu par Jean-Luc Mélenchon chez les étudiants de Sciences Po Paris, à l’élection présidentielle 2022, selon un sondage interne. Et puis, « 28 % considèrent “comme normal que certaines personnes usent de la violence pour défendre leurs intérêts” » (Muxiel et Foucault) 19 % jugent acceptables de dégrader des banques, 22 % d’affronter la police, 13 % d’affronter d’autres manifestants.

Il n’en reste pas moins que les sociaux-démocrates rencontrent toujours un vif succès. En témoigne l’accueil triomphal reçu par Raphaël Glucksmann lors de son retour, le 15 avril, au sein de l’institution où il a été scolarisé à l’aube des années 2000. Après tout, la grande auberge espagnole qu’est devenu Sciences Po (les étrangers représentent 50 % des étudiants) ne pouvait qu’être séduite par le porte-étendard du fédéralisme européen.

L’anglo-saxonisation assumée de l’école semble déterminante pour expliquer ce virage

L’anglo-saxonisation assumée de l’école, lancée par feu Richard Descoings, semble déterminante pour expliquer ce virage, de l’aveu des fins connaisseurs de l’institution. Elle a contribué à former des « produits » mondialisés et à « gauchiser » l’école sur les questions sociétales. « Longtemps, Sciences Po a brillé par son “extrême centrisme”. Mais l’ouverture aux quatre vents, et les influences américaines ont changé la nature de l’école et des enseignements », constate un diplômé, devenu professeur de philosophie. Un professeur titulaire raconte que nombre d’étudiants, assez modérés, partent en troisième année en échange dans des universités anglo-saxonnes et, « à leur retour, tiennent des discours délirants sur l’existence d’un “racisme d’état” en France et expliquent que les “racisés” souffrent d’“invisibilisation” », souffle-t-il. « Ce terme est galvaudé, mais on peut difficilement nier la présence du wokisme à Sciences Po — une grosse partie des étudiants pense le monde à travers le prisme des minorités », constate Christophe de Voogd, professeur affilié à Sciences Po où il enseigne les usages de l’histoire, les idées et la rhétorique politiques au collège universitaire et en maîtrise, pour qui le phénomène s’est accentué depuis l’attaque menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre. Tous woke à Sciences Po ? « Il y a un décalage net entre des étudiants asiatiques, notamment chinois, particulièrement conservateurs en matière de mœurs ou sur les évolutions sociétales, et les étudiants britanniques et américains dont les positions sont plus “progressistes” sur la question des droits LGBT ou la place des minorités dans la société », nuance Christophe de Voogd.

Quasi-disparition de la droite à Sciences Po alors que la société se droitise

Quant à la droite, paix à son âme. Pascal Perrineau a vu de ses yeux sa quasi-disparition. « Cette année, la section des Républicains de Sciences Po m’a invité à dîner. Ils étaient six », sourit le professeur. En 2002, les étudiants étaient 22 % à se revendiquer de cette couleur politique, contre 14 % en 2022 et à la dernière élection présidentielle, Marine Le Pen, Valérie Pécresse, Éric Zemmour et Nicolas Dupont-Aignan, à eux quatre, ont recueilli 7 % des suffrages. « La droite n’a jamais été aussi faible à Sciences Po », résument Muxel et Foucault. Dans un contexte de droitisation de la société, difficile de ne pas y voir un fossé entre la fabrique de l’élite et le reste de la société, d’autant que désormais, même les enfants de conservateurs se mettent à renier la tradition politique familiale. L’enquête d’Anne Muxel et de Martial Foucault montre que 87 % des étudiants déclarant leur père à gauche se positionnent eux-mêmes à gauche, et seuls 24 % déclarant leur père à droite se revendiquent de droite. Le Rassemblement national, lui, reste marginal à Sciences Po. En 2015, la constitution en association du parti de Marine Le Pen dans l’établissement de la rue Saint-Guillaume avait fait couler beaucoup d’encre. Aujourd’hui, les rares voix à oser prendre position pour la droite radicale sont plus « zemmouristes » que « marinistes », l’ancienne candidate à la présidentielle étant jugée trop « populo », « Éric Zemmour, c’est socialement acceptable dans les milieux de la bourgeoisie de droite. Alors que Marine Le Pen est perçue comme la candidate des ploucs », analyse une sommité de l’école.

[…] 

Source : Le Figaro

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