Dans un deuxième roman iconoclaste, l’auteur québécois Alexandre Tremblay, 35 ans, livre une fine critique des dérives dystopiques du wokisme. Un remède à la censure.
Au Québec comme un peu partout en Occident les esprits libres semblent de plus en plus rares, du moins plus discrets, heureusement il en reste encore quelques-uns pour oser remettre en question les idées reçues et questionner le récit dominant qui les porte. Les découvrir est toujours stimulant et encourageant. À 35 ans, l’auteur et éditeur Alexandre Tremblay appartient à cette espèce en voie d’extinction dont la disparition définitive signerait le retour du totalitarisme dans nos sociétés profondément désorientées.
L’université malmenée
Dans Le Censeur publié aux éditions Les Justes, une petite maison indépendante, Alexandre Tremblay nous plonge à nouveau dans le milieu universitaire, un monde de plus en plus conformiste et aliénant où des fonctionnaires du savoir ayant remplacé les profs et les penseurs exercent un pouvoir tyrannique dans les départements. L’université aujourd’hui, surtout en Amérique du Nord, c’est ce milieu sectaire où les postes comme les subventions de recherche sont octroyés selon des critères idéologiques, sinon ethniques et «de genre», au plus grand mépris d’une méritocratie perçue comme un système de domination raciste et patriarcal.
Au nom d’une Diversité brandie comme la déesse Raison à la Révolution française, ces fanatiques imposent une pensée manichéenne opposant les hommes blancs à toutes les déclinaisons de groupes-victimes, dans un racisme inversé que seule une personne endoctrinée par ce quasi-mouvement religieux peut nier.
«Atmosphère de lapidation»
C’est bien dans cette «atmosphère de lapidation», comme il l’écrit, qu’Alexandre Tremblay fait évoluer un protagoniste sans grande confiance en lui. Un homme moyen, terne et déçu par sa propre résignation, «un malheureux consentant inoffensif» qui comme des milliers d’autres préfère la sécurité à la liberté, et qui choisit de rentrer dans le rang pour avoir simplement le droit de fréquenter ses pairs et gagner un salaire. Peu après avoir complété un doctorat en littérature, thèse dans laquelle il a dû rabrouer son auteur préféré, Michel Houellebecq, le dénommé François-Xavier se fait offrir un emploi de «réviseurice-correcteurice» au ministère de l’Éducation. Nouvellement créée, la fonction consiste à remplacer les expressions «offensantes» dans les œuvres littéraires par des formulations plus «inclusives», et à rejeter les livres hérétiques quand ils ne sont pas conformes au nouveau canon woke.
Dorénavant, aucun livre ne pourra être soumis à l’étude dans un établissement scolaire québécois sans être préalablement approuvé par l’État-Église, raconte le narrateur. Ces dernières années, rappelons que de véritables autodafés de livres ont été rapportés au Canada, signe incontestable de la chute de ce pays hors du libéralisme. «Les autodafeurs, s’ils ne peuvent pratiquer la politique de la terre brûlée, se réjouissent néanmoins d’assister à la reconstruction d’un imaginaire collectif, d’un monde nouveau, aussi aseptisé qu’inoffensant», écrit-il.
Dilemme existentiel
Partagé entre ses convictions et son mépris de lui-même, entre d’anciens amours et cette société superficielle, puritaine et inquisitrice, François-Xavier sera placé devant un dilemme de nature quasi existentielle.
Rappelant parfois par son thème et la novlangue woke le roman 1984 d’Orwell, mais aussi certains films comme L’âge des Ténèbres de son compatriote Denys Arcand, Le Censeur nous permet d’anticiper les prochaines dérives du wokisme, sinon d’en rire pour mieux les neutraliser.
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