Le dirigeant nationaliste hongrois a mis son veto à une enveloppe financière conséquente pour Kiev pour 2024-2027. Il exige au préalable que les fonds européens pour Budapest gelés soient entièrement débloqués
Le répit a été de courte durée. Après avoir décidé de ne pas user de son droit de véto pour s’opposer à l’ouverture des négociations d’adhésion de l’Ukraine à l’UE, Viktor Orban a bien choisi de le dégainer pour l’aide de 50 milliards d’euros à Kiev pour 2024-2027. Jeudi soir, Volodymyr Zelensky saluait une victoire, heureux de la perspective de consolider la chance de se retrouver dans l’UE. Mais vendredi matin, le président ukrainien se réveillait avec une grosse déception.
Lire aussi: Adhésion de l’Ukraine à l’UE: après les menaces de Viktor Orban, Kiev respire
### Nouveau sommet en janvier
C’est dans la nuit de jeudi à vendredi que la décision a été prise. Cette fois, les dirigeants de l’UE n’ont pas réussi à convaincre le premier ministre hongrois. Le score est de 26 contre 1. La décision devant être prise à l’unanimité, le veto de Viktor Orban a tout fait capoter. La veille, il s’était simplement abstenu.
Un nouveau sommet pour régler la question budgétaire aura lieu début janvier, a rapidement précisé Charles Michel, le président du Conseil européen. «Nous sommes 26 pays à avoir donné notre feu vert. Il n’y a pas d’accord avec la Hongrie pour l’heure, mais je suis persuadé que nous y parviendrons l’an prochain», a essayé de se convaincre le premier ministre néerlandais Mark Rutte.
L’aide de 50 milliards jusqu’en 2027 devait être composée à 33 milliards de prêts et 17 milliards de dons. Pour Volodymyr Zelensky, elle est essentielle alors que la menace vient également du Congrès américain, où plus de 60 milliards restent actuellement bloqués en raison de l’intransigeance d’élus républicains.
Désormais, il y a deux solutions: soit Viktor Orban, après avoir fait monter la pression, rétropédale en janvier, soit l’UE va tenter de trouver un moyen d’assurer un soutien financier conséquent à Kiev dans un nouveau cadre.
### «Je retire ma confiance»
Jeudi, Viktor Orban avait choisi de ne pas être dans la salle où moment où l’ouverture des négociations d’adhésion a officiellement été validée par l’UE. Et il a très rapidement critiqué la décision même s’il a choisi de ne pas s’y opposer formellement, malgré les menaces proférées depuis des semaines. Il a qualifié le choix d'«insensé».
Viktor Orban avait obtenu la veille du début du sommet, le déblocage par Bruxelles de 10,2 milliards d’euros sur les 22 milliards gelés depuis décembre 2022. Il s’agit de fonds européens retenus en raison de manquements à l’Etat de droit. Mais depuis, Budapest a procédé à certaines réformes, notamment sur le plan judiciaire.
«Ursula von der Leyen verse le plus gros pot-de-vin de l’histoire de l’UE à l’autocrate et ami de Poutine Viktor Orban. Le signal est désastreux: le chantage […] porte ses fruits», n’a pu s’empêcher de critiquer l’eurodéputé allemand Daniel Freund (Verts). Pour Guy Verhofstadt, député européen (Open VL) et ancien premier ministre belge, la colère se situe au même niveau. «Décision scandaleuse de la @EU_Commission de libérer 10 milliards d’euros pour la Hongrie… signe que le chantage l’emporte sur la solidarité avec l’Ukraine, la bonne gouvernance et les valeurs de l’UE. Je retire ma confiance à @vonderleyen et à cette Commission!», écrit-il sur X (ex-Twitter).
Leur colère n’est pas près de retomber. Car vendredi matin, Viktor Orban a bien précisé qu’il réclamait «la totalité des fonds européens bloqués». «J’ai toujours dit que si on procédait à un amendement du budget de l’UE (…), la Hongrie saisirait l’occasion pour revendiquer clairement ce qu’elle mérite. Pas la moitié, pas un quart, mais la totalité», a-t-il commenté lors d’une interview à la radio d’Etat. Pour l’UE, le choix va être difficile. Car aller dans le sens du Hongrois pour préserver Kiev serait clairement accepter un chantage. Il y a deux jours, Bruxelles estimait que la Hongrie ne remplissait toujours pas toutes les conditions pour bénéficier de l’intégralité de ces fonds.
### «Prendre le pouvoir depuis l’intérieur»
Jusqu’où est capable d’aller Viktor Orban? [Dans un récent entretien à un podcast hongrois](https://www.youtube.com/watch?v=KdZV_X7uOP8), il donnait déjà une partie de la réponse. Son but n’est pas de se diriger vers un «Huxit», une sortie de la Hongrie de l’UE, mais au contraire de «prendre le pouvoir depuis l’intérieur», à Bruxelles. Et c’est à la lumière de ces déclarations que les deux récentes décisions et sa bataille de ces derniers mois peuvent être lues.
**Lire:** [Adhésion de l’Ukraine à l’UE: les menaces de veto de Viktor Orban rendent Bruxelles fébrile](https://www.letemps.ch/monde/adhesion-de-l-ukraine-a-l-ue-les-menaces-de-veto-de-viktor-orban-rendent-bruxelles-febrile)
Il avait, en multipliant les canaux d’information, averti de manière répétée qu’il ne validerait pas l’ouverture des négociations d’adhésion de l’Ukraine et qu’il ferait également valoir son droit de veto concernant l’enveloppe de 50 milliards pour Kiev pour 2023-2027. Il a donc en partie exécuté ses menaces. Seul dirigeant de l’UE à avoir maintenu des liens étroits avec le Kremlin après l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022, il continue de rester au centre des préoccupations.
Jusqu’en janvier, le ballet diplomatique frénétique se poursuivra, les tentatives pour Bruxelles d’éviter un dégât d’image aussi. Viktor Orban a en tout cas réussi une chose: perturber le sommet européen de Bruxelles, comme il en avait l’intention dès le départ. Via une danse à deux temps.
**Lire également:** [Viktor Orban, un poison pour l’Ukraine au sein de l’UE](https://www.letemps.ch/monde/viktor-orban-le-poison-de-l-ukraine-au-sein-de-l-ue)
Extrait de: Source et auteur
Orban a le courage que les autres n’ont pas, avec le chantage UE, si vous ne faite pas ce que Ursula dit, vos aides UE seront bloquées… Ils ont compris la leçon avec la Hongrie… Dictature UE.
Orban a le courage que les autres n’ont pas, avec le chantage UE, si vous ne faite pas ce que Ursula dit, vos aides UE seront bloquées… Ils ont compris la leçon avec la Hongrie… Dictature UE.