Le mouvement LGBT à Londres en 2023

 

La ville de Londres est réputée pour être, selon les mots du maire de la cité, « un phare de l’inclusion et de la diversité ». Elle est reconnue comme la capitale mondiale des minorités sexuelles. Par ailleurs cette année, le mouvement Woke aura fait largement parler de lui, en Angleterre comme en France et ailleurs dans le monde. En cette fin décembre, faisons le point sur la situation du mouvement LGBT — et les dérives du mouvement woke qui lui sont associées — dans la célèbre City en 2023. Soulignons d’emblée que Sadiq Khan, maire de Londres, se veut le chantre du wokisme dans sa ville.

Un peu d’histoire

L’homosexualité n’a pas toujours été acceptée, que ce soit à Londres où dans l’ensemble de la Grande-Bretagne. C’est peu de l’écrire. L’époque n’est pas si lointaine où les homosexuels étaient mis au ban de la société et persécutés. De 1533 à 1861, la loi dite « de bougrerie » était en vigueur et la sodomie était punie de mort. Ensuite, jusque dans les années 1950, les homosexuels étaient passibles de peine de prison, de rejet social ou de castration chimique. L’exemple d’Alan Turing, le grand scientifique qui a percé le secret de la machine Enigma des nazis et fortement contribué à la victoire des Alliés, est largement connu. En 1952, il a été forcé de choisir entre la prison ou la castration par médicaments. Il a choisi la deuxième option. Nommé membre de l’éminente Royal Society l’année précédente, il est mis à l’écart de tout événement important.

Ce n’est qu’en 1967 que l’homosexualité est dépénalisée. En 1972 a lieu la première Gay Pride de Londres. Et en 2014, le mouvement woke apparaît, surtout auprès des jeunes et au sein des universités, pour gagner ensuite toutes les sphères de la population.

Pourquoi évoquer le mouvement woke ?

Aujourd’hui, en 2023, on ne peut plus parler du mouvement LGBT (QIA+) sans parler de celui, concomitant, du wokisme. De manière large, le wokisme est un phénomène global de dénonciation des injustices envers les minorités. On y retrouve des idées comme la promotion de la justice sociale, la lutte contre le racisme, la dénonciation du colonialisme, des campagnes sur la condition féminine et les droits LGBT.

Ce courant est né aux États-Unis après 2013 et le meurtre de George Floyd par un policier. L’Angleterre a très vite suivi. Il est communément admis que ces deux pays ont une large avance au sein de l’Occident et on dit souvent qu’ils ont dix ans d’avance sur nous en matière de wokisme.

Toute une part de cette pensée, c’est l’idée que le genre (homme ou femme) n’est pas défini par la nature, mais par ce que l’on pense. Ainsi, si un homme pense qu’il est une femme, il en est une. L’inverse est vrai aussi. C’est pourquoi les wokistes parlent de « sexe assigné à la naissance ». Il y a dès lors une légitimation absolue du transgenrisme. Par ailleurs, toute personne qui tient des propos qui remettent en question les affirmations du mouvement woke est aussitôt traitée, entre autres, d’homophobie, de transphobie… Nous y reviendrons.

Événements LGBT à Londres en 2023

On ne peut parler de tels événements sans évoquer la célèbre Gay Pride de Londres, qui a connu cette année sa 51e édition. Elle s’est déroulée le premier juillet et aura attiré plus d’un million de visiteurs. Cette année, le défilé a été bloqué quelques instants par des activistes écologiques. Ils dénoncent le soutien financier d’industries particulièrement polluantes. En ces temps de réchauffement climatique et de préoccupations écologiques, il peut en effet sembler anormal, voire immoral, d’être sponsorisé par exemple par United Airlines.

En mars, le traditionnel BFI Flare : London LGBTQIA+ Film Festival (le festival du film gay et lesbien de Londres) a présenté un grand nombre de films autour de la thématique LGBT. Plus de 20 000 spectateurs ont participé à l’événement qui a connu, comme chaque année, un grand succès.

Au printemps, Londres a accueilli le spectacle « Freedom Unleashed Tour » de l’artiste gay Johannes Radebe. Ce danseur et chorégraphe d’origine sud-africaine met en scène une troupe de chanteurs et de danseurs sur des musiques variées, aussi bien des tubes internationaux que des rythmes africains. Son objectif affiché est de célébrer la culture, la passion, la liberté.

En novembre a eu lieu le Gaywise Festival, grand festival d’événements artistiques LGBTQI+, avec de la danse, de la musique, du drag, des projections de films, des expositions d’art, des débats, des lectures, de la comédie et des conférences.

Enfin, le London Gay Men’s Chorus s’est produit deux fois à Londres, comme chaque année. Il s’agit du plus grand chœur gay d’Europe, avec plus de deux cents hommes de 21 à 75 ans qui reprennent des chansons d’artistes célèbres.

On ne peut que le constater, Londres a accueilli de fameux événements LGBT et il est clair que la ville démontre sa tolérance et son ouverture.

Les hauts lieux londoniens du mouvement LGBT

L’année 2023 aura vu le musée Queer Britain ouvrir ses portes au public pour la 2e année consécutive. Ouvert en 2022, 50 ans après la première Gay Pride, le musée se dit être une débauche de voix, d’objets et d’images issus du monde de l’activisme, de l’art, de la culture et de l’histoire sociale couvrant plus de 100 ans de vie queer.

S’il y a un centre vivant et vibrant LGBT à Londres, c’est bien le quartier Soho. Mondialement connu pour être un quartier gay, on y retrouve nombre de pubs, bars et clubs LGBT comme le pub « Admiral Duncan » avec ses soirées cabaret. Ce pub est réputé pour ses spectacles de drag queens et sa convivialité. Le bar lesbien le plus connu est le « She Soho » proposant des soirées cabaret, karaoké et un concours de talents drag king une fois par mois.

D’autres quartiers abritent des lieux fameux pour la communauté LGBT. On peut citer « The Heaven », situé à Charing Cross. Il s’agit d’une boîte de nuit incontournable qui a accueilli depuis les années 1980 de nombreux artistes comme Madonna, Lady Gaga ou récemment Adèle.

Dans le quartier de Clapham, on peut se rendre au « Two Brewers ». Bar très fréquenté qui organise des cabarets drags, des bingos, des nuits salsa ou encore des tests de culture générale. Enfin, citons la « Royal Vauxhall Tavern » dans le quartier de Vauxhall avec ses locaux classés monuments historiques. Freddy Mercury, grand habitué des lieux, serait venu un jour accompagné de la princesse Diana déguisée en homme.

Quand la tolérance flirte avec l’intolérance

On peut certes se réjouir de ce que la tolérance envers les minorités soit de plus en plus répandue et de ce qu’une personne LGBT est libre d’aimer et de vivre selon son orientation. Mais les choses vont peut-être trop loin. Car à vouloir défendre les minorités, on finit par adopter des comportements de rejet vis-à-vis des autres. Aujourd’hui, être blanc et hétérosexuel devient presque une tare. Pour preuve, en août 2023, une publication officielle de la mairie de Londres déclarait : « Une famille blanche ne représente pas les vrais Londoniens. » Qui seraient les vrais Londoniens ? Sur une affiche de la ville, on peut voir le maire entouré d’habitants dont les couleurs de peau sont toutes présentes sauf… le blanc.

Un exemple plus célèbre des dérives du wokisme en Grande-Bretagne est celui de J. K. Rowlings, la célèbre auteure des histoires d’Harry Potter. Il serait possible pour un homme, en Angleterre, d’échapper à une condamnation pour viol en déclarant se sentir femme (oui, vous avez bien lu)… Mme Rowlings a relayé sur les réseaux un article du Times qui questionnait cet étrange état de choses. Elle a aussi déclaré qu’une femme n’est pas un homme et qu’en niant l’existence des sexes biologiques, on nierait la réalité de ce que vivent les femmes. Mal lui en a pris, accusée d’être transphobe, le rejet social a été sans appel, aussi bien à la télévision que dans la vie culturelle.

Bouleversements universitaires et cancel culture

Dans les milieux universitaires, à Londres comme ailleurs, parler de transidentité devient risqué. En 2021, deux cents universitaires accusés de transphobie ont dénoncé les intimidations dont ils étaient la cible. Cette année, en 2023, un professeur londonien de science politique, Eric Kaufmann, a décidé d’ouvrir une université libre — un centre pour les sciences sociales hétérodoxes — afin de lutter contre ce que l’on appelle désormais la « cancel culture ». Alors qu’il est lui-même métis, il a été accusé d’être un suprémaciste blanc à cause de son dernier ouvrage.

La « cancel culture », ou culture de l’effacement en français, est une pratique liée au wokisme. Elle consiste à dénoncer publiquement, en vue de leur ostracisation, des individus, groupes ou institutions responsables d’actes, de comportements ou de propos perçus comme inadmissibles. Cela amène à éjecter des personnes, des idées ou des œuvres de l’espace public. C’est exactement ce qui arrive à J.K. Rowlings, des professeurs, des statues qui se font déboulonner, ou même aux livres de Tintin qui sont proscrits dans certaines écoles.

En guise de conclusion

Le mouvement LGBT à Londres en 2023 se porte plutôt bien. Avoir une orientation sexuelle différente de la norme est aujourd’hui admis et toléré. Cependant on constate une dérive inverse menant à l’ostracisation des personnes dans la norme. Il est important ici de souligner que les activistes du mouvement woke ne sont pas forcément des membres de la communauté LGBT. Par ailleurs cette dernière ne soutient pas toujours le wokisme. Ce sont deux univers différents. Il est clair que le wokisme semble être un mouvement extrémiste qui a le potentiel de faire du tort aussi bien à la communauté LGBT, en la faisant passer pour intolérante (ce qui est un comble), qu’à toute personne tenant un discours ou des propos qui ne lui conviennent pas. Et, malheureusement, la pensée woke semble devenir toujours plus majoritaire au sein de la population et de la classe dirigeante.

Bernard Bayle




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