Et les chrétiens sont des fanatiques grimaçants. Chronique d’une construction idéologique.
Dans un sujet un brin bâclé sur le phénomène du Backmasking (messages subliminaux joués à l'envers) dans la musique rock, l'émission Audioguide de Couleurs 3 charge la conception qu'elle se fait du christianisme avec la légèreté subtile d'un hardeux lancé à pleine vitesse dans un pogo endiablé.
La chaîne "jeunes" de la RTS nous explique que l'existence même du Backmasking, légende urbaine par excellence selon elle, devrait tout aux penchants exorcistes de hordes de culs-bénis reaganiens obsédés par les manifestations du surnaturel (dès 04:01):
"Groupes religieux [...] Fondamentalistes et créationnistes [...] Faire la peau à Satan [...] Sans aucun second degré [...] Chasse au sorcières [...] Doigt accusateur."
Le champ lexical est planté.
S'ensuit l'un des exemples les plus marquants de ce genre de joyeusetés, le sublimissime (séduction faustienne oblige) Stairway to Heaven du groupe Led Zeppelin, lequel, joué à l'envers, produit une séquence de quatre phrases:
"Oh here's to my sweet Satan.
The one whose little path would make me sad, whose power is Satan.
He'll give those with him 666.
There was a little tool shed where he made us suffer, sad Satan." (entendre)
Couleurs 3 ne conteste pas l'existence de ce message, mais propose cette traduction (dès 02:12):
"Ah, mon doux Satan, celui dont le petit chemin me rend triste, dont le pouvoir est Satan. Il donnera aux siens le 666. Il avait un petit outil là où il nous a fait souffrir, triste Satan",
avec ce commentaire:
"C'est totalement incompréhensible, mais c'est plutôt mignon, vous ne trouvez pas ?"
Du coup, c'est reparti pour un tour:
"Pression religieuse [...] Doigt inquisiteur [...] Accusation sans précédent [...] Destruction massive de disques de Rock et de Heavy Metal par les fidèles comme on en avait pas vu depuis le Moyen-Age [...] La Croisade que menaient les chrétiens", etc.,
avec, plus loin, cette conclusion:
"Vous l'aurez compris, la plupart des accusations de Backmasking de l'histoire sont sans fondement et purement le fruit du hasard [...] Led Zeppelin n'ont jamais laissé d'ode à Satan."
Emballé, c'est pesé, les messages subliminaux n'existent pas, les chrétiens sont, au mieux, des illuminés; une semaine entière à répéter tout cela, il faut décidément avoir la foi.
Analyse
Or, l'approche analytique de Couleurs 3 est faussée dès le départ par la conviction que la séquence masquée ne peut résulter que d'un pur hasard en raison de sa signification obscure, pour ne pas dire occulte. C'est un peu maigre.
La traduction qu'en donne Couleurs 3 est effectivement incompréhensible. D'autres s'y sont essayés avec plus de succès:
"Oh, ceci est pour mon doux Satan.
Celle dont la voie est étroite me rendrait triste, celle dont le pouvoir est de Satan.
Il donnera aux siens le 666 [le signe de la bête selon l'Apocalypse de saint Jean].
Il y avait une petite cabane où il nous a fait souffrir, triste Satan."
Selon certains, la dernière phrase pourrait faire référence à des rites initiatiques de la Church of Satan, une "Eglise" sataniste américaine fondée en Californie en 1966 par Anton Szabor La Vey. On a formulé de semblables accusations pour le tube planétaire Hotel California du groupe Eagles. On reste, bien évidemment, dans le domaine de la projection.
Reste que le sens du passage joué, cette fois-ci à l'endroit, apporte un élément supplémentaire:
"If there's a bustle in your hedgerow, don't be alarmed now,
It's just a sprinkling for the May queen.
Yes, there are two paths you can go by, but in the long run
There's still time to change the road you're on."
Soit, en français:
"S'il y a du mouvement dans ta haie, ne t'inquiète pas,
C'est juste une aspersion pour la reine de mai.
Oui, il y a deux voies que tu peux prendre, mais sur le long terme
Il est encore temps de changer la route sur laquelle tu te trouves."
Le sens à l'endroit est encore plus obscur qu'à l'envers. Seul le terme de voie, de chemin, de sentier (path) se répète d'un message à l'autre:
A l'endroit:
"Yes, there are two paths you can go by, but in the long run."
A l'envers:
"The one whose little path would make me sad, whose power is Satan."
Il s'agit d'un jeu d'incises, les deux textes s'imbriquant pour faire une phrase complète:
"Oui, il y a deux voies que tu peux prendre, mais sur le long terme
Celle dont la voie est étroite me rendrait triste
Il est encore temps de changer la route sur laquelle tu te trouves,
[pour] Celle dont le pouvoir est de Satan."
La notion de "voie étroite" étant une référence directe aux paroles du Christ dans l'Evangile de saint Mathieu:
"Entrez par la porte étroite car la porte large et la voie spacieuse est celle qui mène à la perdition, et il y en a beaucoup qui y passent.
Que la porte qui mène à la vie est petite et que la voie qui y mène est étroite, et qu'il y en a peu qui la trouvent." (Mt VII 13-14)
On retrouve cette dichotomie entre voie de salut et voie de perdition. Le sens paraît s'éclaircir un peu.
Quant à l'aspersion de la reine de mai, elle constituerait une allusion aux rites de la Nuit de Walpurgis, sorte de bastringue néo-païenne de la nuit du 30 avril au 1er mai et date de la fondation de la Church of Satan. A bien y regarder, c'est le texte entier de la chanson, à l'endroit, qui semble revêtir un sens initiatique, mais ne nous étendons pas.
Tout ceci ne serait bien sûr que coïncidence troublante si l'on ne pouvait juger de l'intention des auteurs. L'éventualité d'un hasard s'amincit au fur et à mesure que l'on considère la personnalité de Robert Plant, le chanteur leader du groupe Led Zeppelin. Selon Wikipedia, celui-ci aurait juré ses grands dieux ne pas être un suppôt de Satan et aurait manifesté son affliction profonde face aux accusations dont il était l'objet.
A la suite de la mort de l'un de ses membres étouffé dans son vomi, le groupe se disloque le 4 décembre 1980. Plant entame alors une carrière solo avant de fonder, en 2010, le groupe Band of Joy, pour une tournée et un album éponyme. L'avant-dernier titre de l'album est intitulé "Satan Your Kingdom Must Come Down", soit, "Satan, que ton règne vienne".
Pas de Backmasking en l'occurrence, mais un message en clair:
"Satan, your kingdom must come down
Satan, your kingdom must come down
I heard the voice of Jesus say
Satan, your kingdom must come down." (entendre)
En français:
"Satan, que ton règne vienne.
Satan, que ton règne vienne.
J'ai entendu la voix de Jésus dire
Satan, que ton règne vienne."
Sûrement encore un coup des chrétiens fondamentalistes !
@ christian Favre. Vous avez raison, mais il me manque la fameuse émission “satirique” L’agence avec ses ex du KGB et de la Stasi, le camarade employé communal lausannois du dicastère des ruines romaines et vigoussien dans l’âme, grison comme sa compatriote EWS distillant leur haine de la Suisse alèmanique et de tout se qui n’est pas ni rouge, ni vert et bien sûr sieur Bernheim. Les information mantinales sans Neyrinck, Roth-Bernasconi, Leuenberger, Sommaruga et leurs pensées éclairées manquent. Il faudrait informé Monsieur de Weck de se manque. Par exemple un peu de Schawinski, d’Andreas Gross au petit déjeuner feraient l’affaire juste pour la poussée d’adrélanine.
@Christian Favre alors on est deux
en effet sur ces ondes on entend très souvent les marches militaires dont la plus cèlèbre a été servie comme cerise sur le gâteau au final du Tatoo d’Avenches avec en plus des cornemuses .Sur la secousse Satan a dû en perdre toutes ses cornes
Oui et bien moi figurez-vous que j’ai complètement abandonné la radio suisse romande…en effet je n’écoute plus que la radio…suisse-allemande. Hé oui, programme musical merveilleux. Et même si je ne comprends que le…disons 30 à 50 %, le ton est toujours agréable, jamais hautain. Cette radio en plus est toujours proche des gens qui ont souvent la parole. Elle s’intéresse vraiment aux gens du pays et même des Romands.
Cette radio est diffusée en Suisse romande
Quoi de plus normal que de détruire encore un peu plus le christianisme ? Après plus de 100 ans de destruction du sacré, la conséquence est que l’Occident n’a plus la “force morale” nécessaire face à un islam conquérant… Quant nous n’avons plus la volonté et la fierté d’être nous finirons, d’ici 50 ans sous la pression démographique et nataliste, en dhimmitude !