Samuel Fitoussi à France Inter: fallait pas l’inviter…

 

Samuel Fitoussi publie Woke Fiction, comment l’idéologie change nos films et nos séries, Éditions du Cherche Midi. Il était invité à débattre par la bande d’amazones de Maia Mazaurette, l’après-midi sur France inter. Le wokisme de « Jusqu’ici tout va bien » va nous faire regretter le gauchisme de Charline Vanhoenacker, déprogrammé de la station.


Léa Salamé profite de toutes les occasions pour proclamer que France Inter n’est pas de gauche. Recevant Samuel Fitoussi pour la parution de son livre Woke Fiction, des journalistes de la station ont proclamé, elles, que le wokisme n’existe pas – avec des arguments tellement lourdingues, qu’à la fin il a bien fallu nous rendre à l’évidence : non seulement France Inter est bien de gauche, mais de plus elle baigne totalement dans l’idéologie woke…

On se dit qu’on a tout dit chez Causeur sur la radio publique. Qu’on ne veut pas en rajouter. Alors, on s’éloigne des rivages de la radio france-intérienne pour naviguer sur internet à la recherche d’un nouveau butin, une ânerie, une imbécillité, une crétinerie politico-médiatique de belle taille comme notre époque sait en concocter. Sur les réseaux sociaux et les sites d’actualité, on cabote gentiment entre les extravagances de Dame Rousseau et les outrances des députés de LFI sans s’arrêter, ces poissons-là sont trop prévisibles et excessifs, ils perdent chaque jour de leur valeur marchande et polémique. On s’apprête à jeter l’ancre et à se reposer un peu lorsque soudain on tombe par hasard sur LA perle rare. De la bêtise pure et nacrée de sombre idéologie et de méchanceté niaiseuse, extraite, non pas d’une huître, mais d’un trio de crustacés radiophoniques…


Nous reconnaissons immédiatement l’endroit où nous avons déniché ce trésor, cette bêtise au carré, cette sournoiserie au cube, cet éclatant manque de subtilité et d’intelligence ! Malgré nous, malgré notre remarque liminaire, notre flânerie sur la toile nous a irrémédiablement ramenés au port d’attache du wokisme, dans le berceau du progressisme et de la gauche médiatique intolérante, nous avons nommé la station de radio… France Inter.

Dévotion woke

Lors de l’émission “Jusqu’ici tout va bien”, Marie Misset, Maïa Mazaurette et Marine Baousson ont reçu, baïonnette au fusil, le journaliste Samuel Fitoussi pour son dernier livre traitant de l’idéologie woke dans les films et les séries (1). Chacune son tour, ces dames vont lâcher ce qu’elles croient être du venin mais se rapproche plutôt du crachouillis. Le livre ne leur a pas plu, c’est évident et sans surprise. Mais, pour défendre leurs points de vue, ces journalistes radiofrancisées dans l’âme et confites en dévotion woke, vont se livrer à un incroyable exercice de lancer d’enclumes verbales, d’indigentes philippiques reposant sur une argumentation souffreteuse et, disons-le carrément, complètement à l’ouest.

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Premier « argument », celui de Mme Misset : le wokisme dans le cinéma français ça n’existe pas. La preuve : le premier producteur de films et de séries, c’est Canal +, propriété de Vincent Bolloré qu’on ne peut pas accuser de wokisme. Mme Misset semble ignorer que Canal + a pour obligation contractuelle, depuis sa création, de subventionner le cinéma français. Vincent Bolloré débourse par conséquent chaque année des centaines de millions d’euros pour que soient réalisés des films sur lesquels il n’a aucun pouvoir – mais qui sont souvent, en revanche, aidés également par le CNC qui a, lui, la possibilité de financer les films qui correspondent le plus à son idéologie progressiste, immigrationniste ou woke. Ces films sont si wokes et si politiquement corrects, qu’ils font le plus souvent des bides retentissants. À ce propos, la Cour des comptes a récemment rendu un rapport concernant l’utilisation de l’argent public par le CNC. Trop d’aides et, surtout, trop d’aides à « trop de films ne rencontrant pas leur public », a élégamment conclu Pierre Moscovici. Un tiers des films français réunit moins de 20 000 spectateurs et seulement 2% des productions soutenues par l’avance sur recettes du CNC sont rentabilisées en salle – la propagande est à ce prix !

Après que Samuel Fitoussi a rappelé la décision de la direction des Oscars de ne sélectionner que des films respectant des critères « inclusifs » de représentation identitaire (ethnique, raciale, LGBtiste, de genre, etc.), Mme Mazaurette va remporter haut la main la Palme d’or de l’argumentation la plus sotte. Remercions la technique moderne permettant d’entendre et de voir ce genre de phénomènes. Car Mme Mazaurette, visible donc sur YouTube, est synchrone : ses mimiques et ses grimaces de petite fille contrariée par tant de méchanceté réac sont à la hauteur des âneries stratosphériques qu’elle crachote : « Mais en fait y’ a plein de lois qui régissent le cinéma en général, pourquoi est-ce que celles-là elles vous dérangent en particulier… parce qu’il y a aussi des horaires qu’il faut respecter, il y a aussi un classement, ça a toujours existé depuis très longtemps, qu’est-ce qui vous dérange dans l’inclusivité ? [Samuel Fitoussi tente de répondre et est immédiatement interrompu] Et vous trouvez ça pas génial, de se dire “ça va être super, je vais voir un film et il va y avoir des gens de toutes les couleurs qui ressemblent à plein de gens, de nouvelles histoires qui vont me donner de l’empathie pour des gens dans les bottes desquelles j’ai parfois du mal à me mettre” ? » Et le SIC d’or est attribué à Maïa Mazaurette – laquelle ferait mieux de continuer de s’occuper de son sujet de prédilection, à savoir les fluctuations de la fesse, sujet qui dispense de posséder des capacités intellectuelles supérieures, ou même moyennes, et qui permet à n’importe quel journaliste avec le QI d’une moule de faire son trou dans les médias.

Cassez les codes avec France inter

Samuel Fitoussi ayant osé glisser, dans la longue liste de mots composant la novlangue qui structure les discours militants woke, celui d’intersectionnalité, l’humoriste (souvent involontaire) de l’émission, Mme Baousson, en appelle à la science : « C’est une notion, l’intersectionnalité, c’est pas du militantisme, c’est un outil scientifique. » Mme Misset, tenant vraisemblablement à ce que sa comparse ne soit pas la seule à dire des inepties, ajoute que oui, peut-être que le wokisme existe dans les films, mais que c’est « en réaction à un monde hétéronormatif, en réaction à une production cinématographique qui pendant des décennies a été principalement blanche. » On comprend mieux pourquoi ces dames n’ont guère apprécié le livre de Samuel Fitoussi : elles ont gobé entièrement l’idéologie woke, leur façon de penser le monde est woke, leur vocabulaire est woke, l’idée qu’elles se font des relations entre les hommes et les femmes, les Blancs et les « racisés », les maigres et les gros, les hétéros et les homos, est woke – elles respirent le wokisme, elles transpirent le wokisme, elles sont ce qu’elles dénoncent en parlant du travail de Fitoussi, une caricature du wokisme.

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Pour finir de s’en persuader, il suffit de prendre connaissance de quelques sujets de l’émission quotidienne qu’elles co-animent et des personnalités invitées pour débattre de ces sujets : Immigration, avec Constance Rivière, co-auteur (avec Pap Ndiaye) du très racialiste Rapport sur la diversité à l’Opéra et successeur (de Pap Ndiaye) à la direction du Musée national de l’histoire de l’immigration – Écologie, avec Cédric Villani, membre du mouvement Écologie Démocratie Solidarité qui, pour protester contre un projet d’autoroute, n’a pas hésité à faire « la grimpette sur un arbre en face du ministère de la Transition écologique » – Écologie, encore, avec le philosophe Dominique Bourg, président de la fondation Nicolas-Hulot jusqu’en 2018, adepte de la « décroissance économique » et auteur d’un « journal éco-philosophique pour mieux cerner les contours d’une société écologique impensable en dehors d’une bascule de civilisation » – Écologie, toujours, avec le cinéaste Just Philippot pour son dernier film, “Acide”, décrivant « des précipitations corrosives générées par l’émission de polluants et s’abattant sur Terre comme l’apocalypse », et ayant reçu le prix Ecoprod récompensant les films « produits de manière écoresponsable » – Sexisme, avec Rose Lamy qui est « connue pour son analyse du discours sexiste dans les médias » et qui « casse le mythe du bon père de famille » dans son dernier livre en affirmant que « tous les hommes bénéficient d’un système ou d’une ambiance ou d’un climat qui tolèrent ou excusent les violences sexistes ». – Écologie (on n’en sort pas), avec le philosophe Gaspard Koenig et deux étudiants en agronomie « éco-anxieux » – Grossophobie, avec Aline Thomas qui « nous initie au terme de “grossophobie intériorisée ” » – Etc. Rappelons que cette propagande permanente de la bonne gauche écolo-woke est financée avec notre argent.

Il faut féliciter Samuel Fitoussi d’avoir su développer les arguments de son livre en conservant un calme olympien face à ces furies wokes. L’auteur de ces lignes appréciait déjà l’intelligence et l’ironie des chroniques de ce jeune journaliste dans Le Figaro. Après avoir vu et écouté cette émission dans laquelle ce dernier fut bien le seul à briller, il s’est naturellement précipité pour commander son essai sur le wokisme dans le cinéma. Car il affectionne tout particulièrement les ouvrages participant activement à une des plus grandes causes de notre époque, celle de… l’anti-wokisme. 

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(1) Samuel Fitoussi, Woke Fiction, comment l’idéologie change nos films et nos séries, Éditions du Cherche Midi.

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