Nucléaire en France : la force tranquille en marche

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Le 21 août 2023, la durée de vie du réacteur nucléaire n°1 de la centrale du Tricastin dans la Drôme a été officiellement prolongée de dix ans par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

Il s’agit du premier réacteur nucléaire qui pourra continuer à fonctionner après 40 années d’activité, d’abord jusqu’à 50 ans, et peut-être jusqu’à 60 ans comme aux États-Unis, voire plus.

 

Un évènement majeur

L’événement est majeur pour la France qui mise plus que jamais sur la prolongation de la durée de vie de ses réacteurs nucléaires pour assurer une production massive d’électricité sur le long terme, et aussi pour atteindre ses objectifs climatiques dans le cadre de la transition énergétique.

Toutefois, contrairement à de fausses affirmations diffusées par certains médias, ce n’est pas une autorisation pour poursuivre l’exploitation de ce réacteur « au-delà de sa durée théorique de fonctionnement maximal », car les 40 ans n’ont jamais été une durée théorique de fonctionnement maximal.

Cette prolongation est l’aboutissement du programme « Grand carénage », mené par EDF depuis 2014 et estimé à 66 milliards d’euros, pour rénover le parc des réacteurs nucléaires français et améliorer leur sûreté afin de poursuivre leur exploitation au-delà de 40 ans.

Il y a quelques mois, le gouvernement a lancé des études « permettant de préparer la prolongation de la durée de vie des centrales existantes « à 60 ans et au-delà ».

Un réacteur nucléaire n’a pas d’âge limite !

Cette autorisation constitue certes une première en France, mais pas en Europe. Le réacteur n°1 de la centrale de Beznau en Suisse fêtera ses 54 ans en décembre 2023… et d’autres ont déjà dépassé 40 ans (Beznau 2 fonctionne depuis 50 ans, et la centrale de Gösgen depuis 42 ans).

 

Un examen tous les 10 ans

La législation française prévoit des réexamens périodiques tous les dix ans. Au terme de ceux-ci, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) autorise le réacteur à fonctionner pour dix années supplémentaires, ou non.

Réduire la puissance des centrales nucléaires qui constituent le moyen de production d’électricité le plus « décarboné » (avec l’hydroélectricité) conduit automatiquement à augmenter les émissions de CO2. Il est en effet nécessaire de compenser l’intermittence des sources d’électricité renouvelables du vent et du soleil par des moyens de production « carbonés » (gaz, charbon, fuel, bois).

Le gouvernement semble enfin prendre conscience que la poursuite des orientations énergétiques fondées sur les énergies aléatoires et fatales du vent et du soleil des vingt précédentes années conduit la France droit dans le mur.

Un grand chantier industriel 

Le grand chantier du second quinquennat du président de la République est la relance du nucléaire (une « technologie d’avenir ») qui faisait partie de ses arguments de campagne, avant sa réélection en mai 2022. En février 2022 à Belfort, il avait même annoncé un programme nucléaire pour répondre à la fois à la hausse massive de la consommation d’électricité (liée à l’électrification des usages), à la neutralité carbone à horizon 2050, et au maintien d’une électricité à des prix compétitifs afin de ne pas pénaliser les entreprises françaises.

Outre la construction de 14 nouveaux réacteurs (six EPR2 « dès à présent » et potentiellement huit nouveaux exemplaires « dans les années à venir », il avait annoncé la prolongation de « la durée de vie de tous les réacteurs nucléaires qui peuvent l’être ».

Les États-Unis, qui ont quasiment les mêmes réacteurs, les ont déjà prorogés jusqu’à 60 ans, et étudient dès à présent des prolongations jusqu’à 80 ans.

 

La loi d’accélération du nouveau nucléaire

Pour mener à bien son ambitieux programme, le gouvernement a présenté un projet de loi dit d’« accélération des procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires » afin de commencer les travaux du premier réacteur de nouvelle génération EPR2 à Penly, en Normandie, dès juin 2024 pour une mise en service à l’horizon 2035.

L’Élysée suit au plus près cette relance du nucléaire.

Emmanuel Macron convoque dorénavant régulièrement un « conseil de politique nucléaire », chargé de veiller à tenir le cap et la cadence de la relance accélérée de la filière, ainsi que la prolongation de la durée de vie des centrales existantes à 60 ans.

Début mai 2023, députés et sénateurs sont parvenus à un accord en commission mixte paritaire sur le projet de loi d’accélération du nucléaire et les sénateurs ont levé l’objectif de réduction du nucléaire à 50 % dans le mix électrique à 2035.

 

En Europe aussi, l’atome fait son grand retour

La guerre en Ukraine et ses conséquences, notamment sur l’approvisionnement en gaz, ont relancé, partout en Europe, l’intérêt pour l’énergie nucléaire.

À l’initiative de la France, quatorze pays européens ont même créé une « alliance du nucléaire » afin de faire entendre la voix de ceux favorables à cette énergie au sein des 27, et de peser sur les décisions européennes parfois délirantes en matière de politique énergétique.

Les Pays-Bas et la Suède ont annoncé de nouveaux projets de construction de centrales nucléaires, marquant ainsi un profond revirement de leur politique énergétique. La Hongrie a également ouvert la porte aux industriels français du nucléaire, tandis que le Royaume-Uni a confirmé son intention d’investir aux côtés d’EDF dans un projet de centrale à Sizewell (Suffolk).

La force tranquille du nucléaire est en marche après 20 années de procrastination et de politique énergétique aberrante.

La phase suivante sera de décider le lancement du nucléaire durable fondé sur les surgénérateurs utilisant 100 fois mieux l’uranium naturel (presque 100 % au lieu de 0,7 % actuellement). Le nucléaire deviendrait ainsi une source d’énergie propre pendant plusieurs milliers d’années.

C’est une nécessité vitale et morale pour les futures générations.

 

 

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