Les services secrets allemands classifient l'organisation de jeunesse de l'AfD comme d'"extrême droite", autorisant ainsi la surveillance de masse de tous ses membres par "tous les moyens disponibles".
John Cody, 27 avril 2023
L'Office fédéral allemand pour la protection de la Constitution (BfV), c’est-à-direle service de renseignement intérieur, a classé la section jeunesse du parti AfD, Junge Alternative (JA), comme "certainement d'extrême droite". Cette nouvelle classification ouvre la possibilité d'une surveillance accrue et de mesures coercitives à l'encontre de JA, mais constitue aussi un signal politique à l’égard de l'AfD elle-même, à un moment où elle connaît un regain de popularité.
Le BfV avait déjà inscrit le groupe de jeunes de l'AfD sur la liste des "suspects" en 2019, mais maintenant que la chose est "certaine" l'agence est autorisée à utiliser tous les outils de renseignement pour surveiller la JA. En plus de ce que l'on appelle les informateurs confidentiels, cela comprend les écoutes téléphoniques et l'observation secrète, selon le journal allemand Die Welt.
Le BfV justifie sa démarche en invoquant notamment l'idée que Junge Alternative se fait du peuple allemand, idée qui serait contraire à la Constitution du pays, car elle risquerait "d'exclure les membres de supposés autres groupes ethniques et de dévaloriser les citoyens allemands issus de l'immigration".
L'agitation contre les migrants est un thème constant de Junge Alternative, affirme le BfV.
"En particulier, les immigrés d'origine (supposée) musulmane se voient attribuer des caractéristiques négatives d'une manière générale, telles que le retard culturel et une tendance disproportionnée à la criminalité et à la violence, simplement en raison de leur origine et de leur religion", écrit le BfV dans sa déclaration.
Pourtant, il a été rapporté depuis longtemps, y compris dans les principaux médias, que les étrangers, en particulier ceux originaires du Moyen-Orient et d'Afrique, présentent des taux de criminalité extrêmement élevés, notamment pour les crimes graves tels que les meurtres, les agressions, les vols et les viols. De plus, les autorités allemandes elles-mêmes ont désigné les étrangers originaires de ces pays comme responsables de l'augmentation spectaculaire du nombre de mariages d'enfants et de mutilations génitales féminines. Dans d'autres domaines encore, comme l'antisémitisme, les principaux groupes impliqués sont tous originaires du Moyen-Orient.
Le BfV affirme également que l'AfD s'est exprimée à plusieurs reprises de manière antidémocratique: les membres de la JA dénigreraient "leurs opposants politiques, mais aussi l'État et ses représentants en tant que tels".
Selon les données du gouvernement, l'AfD est le parti qui est le plus souvent la cible d’agressions en Allemagne. Une grande partie de l'establishment politique, tant de gauche que de centre-droit, a appelé à son interdiction totale. L'AfD a également été bannie des talk-shows politiques sur les chaînes ARD et ZDF, qui sont tenues de diffuser une pluralité de points de vue reflétant le public allemand, en raison de leur statut de financement public.
Le comité fédéral de Junge Alternative a minimisé l'annonce du BfV. Cette classification "ne nous surprend pas", déclare-t-il, soulignant que les services secrets du pays ne font que remplir leur mission de répression de l'opposition:
"Qu'il s'agisse de critiquer l'immigration, de contester les mesures de lutte contre le coronavirus ou de défendre la paix, toute forme d'opposition authentique dans ce pays est systématiquement stigmatisée par cette autorité". JA étudie les options juridiques qui s'offrent à elle à la suite de cette désignation.
Les dirigeants de l'AfD, Tino Chrupalla et Alice Weidel, ont également publié une déclaration commune: "Nous ne disposons actuellement ni d'une justification ni de documents pertinents qui rendent cette décisioncompréhensible."
L'AfD est confrontée à divers litiges juridiques qui pourraient lui valoir d’être sanctionné lui aussi par une désignation d'"extrémiste de droite". Elle soupçonne le BfV d'avoir pris cette mesure à l'encontre de JA pour renforcer son argumentation contre le parti-mère. Si l'AfD reçoit à son tour cette désignation, cela pourrait ouvrir la voie à une interdiction totale du parti en Allemagne.
On soupçonne également le BfV d'utiliser la nouvelle classification des JA pour influencer les litiges juridiques avec l'AfD.
En janvier, l'AfD a fait appel au tribunal administratif supérieur de Münster pour annuler la décision du BfV de classifier le parti, sa section jeunesse et sa branche dissoute "Der Flügel" en tant que "suspects d'extrémisme de droite".
La ministre fédérale de l'intérieur, Nancy Faeser (SPD), connue pour avoir écrit dans le magazine Antifa et pour avoir affirmé que la droite représentait la plus grande menace pour l'Allemagne, a félicité le BfV d'avoir classé JA comme groupe d'extrême droite.
"Nous sommes une démocratie forte et résistante. Nous sommes très déterminés à nous défendre contre le racisme et les autres formes d'inhumanité", a-t-elle déclaré mercredi. "Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour assécher le terreau de la violence d'extrême droite.
Source et liens: German domestic spy agency labels AfD youth organization as 'extreme right,' mass surveillance of all members now permitted – REMIX
Traduction libre: Albert Coroz
Le BfV va probablement obtenir l’inverse du résultat escompté. Une fois dans l’illégalité l’AFD va se radicaliser et entrer dans la clandestinité et c’est la porte ouverte à la révolution. En Allemagne comme en France l’extrême gauche violente est légale et l’extrême droite qui ne se bat qu’avec des idées est dangereuse.