L’évolution de l’image du journaliste a quelque chose de fascinant. Nouvel archétype du héros moderne entre deux guerres avec Albert Londres et…Tintin, il n’est probablement pas l’effet du hasard qu’ Indiana Jones soit un archéologue et non un journaliste. Il s’est passé quelque chose et cela a rarement été aussi évident qu’avec l’assassinat des deux journalistes de RFI au Mali et la réaction que cela a provoqué dans les médias.
Ces deux personnes ont été déclarées « santo subito » par les médias et le gouvernement français. Depuis bien quelques années, les corps de métier exposés au risque entreprennent une solide destruction du mythe héroïque chez leur recrues. Si vous êtes pompier, on ne vous demandera pas de risquer votre vie pour vous lancer dans les flammes avec 90% de probabilité d’y rester pour sauver une vie. Si vous vous lancez dans une pente avalancheuse malgré tous les avertissements, il n’y aura pas de colonne de secours prenant tous les risques pour récupérer votre cadavre. On attendra le printemps et on a bien raison.
On assiste au phénomène inverse chez les journalistes. Une sorte de concours de celui qui a coûté le plus cher à sa communauté en termes de rançon au nom du droit des citoyens à l’information. On imagine Florence Aubenas en immersion totale à Bagdad, sous son tchador qui lui permet de rester incognita. Qu’est-ce qu’elle peut apprendre, de cette manière ? Que le petit Ali s’est foulé la cheville et que l’épicier du coin s’est fait voler une poule. Et si elle veut aller plus loin, alors tout le monde sait qu’une journaliste européenne veut en savoir plus sur les rapports de force entre sunnites et chiites dans Bagdad. Et tout le monde sait aussi qu’une otage de ce type vaut plusieurs millions de dollars. Alors on s’arrange entre copains/coquins et on la rapte pour la revendre quelques milliers de dollars à ceux qui sauront comment la négocier en millions…
Les militaires de Serval ont essayé de dissuader Ghislaine Dupont et son cameraman de se rendre à Kidal, en raison des dangers qu’ils allaient y courir. Ils ont refusé en tout cas de les y escorter. Les journalistes ont passé outre et se sont rendus à Kidal. Pour y faire quoi, si ce n’est se mettre à la recherche de qui a touché quoi des 20 à 25 millions d’euros de rançon qui venaient d’atterrir dans ce milieu à côté duquel les Corses et leur imbroglio nationalistico-mafieux sont de doux agneaux ?
Et ce seraient des héros ? Ils nous prennent vraiment pour des demeurés, les journalistes des télés françaises et leur gouvernement…
Géo
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