Message pour la fête nationale
Chers concitoyens, chères concitoyennes, cette terre que nous avons reçue en héritage, nous la transmettrons à notre tour à nos enfants. C’est tout un passé, un patrimoine unique que nous mettrons dans leurs mains et dans les mains de qui désirent faire partie de notre communauté.
Le passeport suisse est le signe tangible de ce que nous sommes, le symbole d’une volonté commune de former une collectivité caractérisée par certaines valeurs dont découlent des lois et des règles.
Notre passeport a une fonction intégrative. Celui qui désire l’obtenir doit avoir parcouru un chemin initiatique, comme celui qui gravit une montagne. Aucun Suisse n’est Suisse de naissance. Il le devient en foulant la terre de ses ancêtres, il le devient parce qu’il est entouré, choyé, parce qu’il est porté par une histoire, des traditions, un milieu familial.
L’étranger qui désire joindre cette communauté d’esprit, qui veut faire sien le mythe de notre pays souverain et indépendant, est le bienvenu. Mais il devra faire acte de volonté, il devra prouver qu’il est digne de devenir membre de la communauté de la croix blanche, prêt à reconnaitre les valeurs qui en sont le ferment, prêt à payer de sa personne pour joindre sa pierre à l’édifice.
Si nous acceptons que certains n’accomplissent pas leur devoir citoyen et ne se plient pas à notre ordre juridique, pour quelque raison que ce soit, nous créons une dissonance, une société schizophrène, nous courons le risque de fractionner l’esprit qui a forgé notre pays.
Nous ne demandons à personne de renier ses racines, sa lointaine montagne à lui, le paysage émotionnel de son enfance qui l’a façonné. Nous lui demandons juste de joindre ses rêves aux nôtres, d’enrichir notre paysage culturel du sien avec respect et sans heurts. L’autre est un enrichissement dans sa différence, dans son altérité. Il ne doit pas devoir se renier pour trouver sa place chez nous. Mais ce que nous lui concédons, il doit aussi nous l’accorder : Le droit de ne pas devoir nous renier pour lui plaire, le droit de perpétuer nos traditions, le droit d’exiger de lui qu’il accomplisse, comme les gens d’ici, son devoir envers la collectivité et qu’il ne devienne pas un agent destructeur.
Jusqu’à ce jour, les Suisses ont réussi le défi d’être patriotes sans être nationalistes, prudents sans être renfermés sur eux-mêmes, ouverts sans perdre leur âme. Ils ont compris que leur citoyenneté est unique au monde, assortie de droits politiques étendus et que ce bien conservera sa valeur aussi longtemps qu’ils auront le courage de le défendre contre toute tentative de prise en otage, de dépréciation ou d’abandon.
L’esprit qui prévaut, ici, au cœur des alpes, comme au cœur de toutes les montagnes du monde, des Andes à l’Himalaya, des grandes rocheuses à l’Oural, est celui d’une quête spirituelle, d’un dépassement de soi. Ainsi, la montagne ne représente-t-elle plus un obstacle, mais un lieu de passage obligatoire où se forge notre volonté de ne pas subir le destin, mais de tracer une voie unique et personnelle comme l’alpiniste qui affronte une falaise. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons nous extraire des ombres qui hantent le fond des vallées pour aller vers la lumière baignant les cimes.
La Suisse ne veut ni ne peut se contenter d’être une surface plate.
Ce qui la caractérise, c’est la dimension de profondeur symbolisée par la barre verticale traversant l’horizontalité dans la croix qui orne son drapeau.
À travers cette troisième dimension, à travers la profondeur de ses abîmes et la hauteur de ses cimes, notre petit pays devient un espace métaphysique, une porte privilégiée vers l’absolu.
Pour mieux comprendre cela, il faut être monté là-haut, sur ces géants enneigés, sur ces rochers qui griffent le ciel à chaque nouveau lever du soleil. Il faut s’être cogné la tête contre ce ciel tellement pur et si proche, si présent, qu’il vous laisse à jamais des bleus dans l’âme, lorsque vous redescendez dans le monde des humains.
J’aime ce pays, parce qu’il est à l’image de la vie, fait de hauts et de bas, parce qu’il s’élève en s’érodant, parce que c’est dans ses vallées sauvages que mes yeux ont appris à voir au-delà de l’horizon et que mes pieds m’ont porté, dès mes plus jeunes années, au-delà des cimes, pour franchir les limites du réel.
« Pourtant, que la montagne est belle », chantait Jean Ferrat.
Oui, elle est belle, et en même temps effrayante et paisible, douce et coupante, haute et profonde, glaciale est brûlante. Elle est tout et son contraire.
Car la montagne, c’est la vie.
Notre vie.
Et la vie est sacrée.
Voilà pourquoi nous devons préserver la terre de nos ancêtres.
À travers elle, c’est notre âme que nous sauverons.
Je souhaite à tous une belle fête nationale
#1eraoût #fêtenationale #ILoveSwitzerland
Egalement sur FB
Oskar Freysinger
Monsieur Freysinger,
Un IMMENSE Merci pour ce magnifique texte publié pour notre Fête Nationale.
Je regrette tous les jours que vous avez abandonné la politique. Mais peut-être qu’un jour ……….
Merci aussi pour tout ce que vous avez fait pour notre pays
Merci M. Freysinger pour votre billet du 1er août.
Ce fut une fête nationale sans feux à cause du risque d’incendie …
Pourtant le feu réuni les gens autour de lui pour se réchauffer (c’est bientôt l’hiver…) et surtout le feu nous a permis de communiquer d’une vallée à l’autre du temps lorsque Internet n’existait pas encore.
Les Hommes forment un Pays, un Pays dont je suis fiers !
Tout n’est pas parfait, loin s’en faut, mais il y a encore du job pour l’améliorer.
Le 1er août ne doit pas être une cérémonie pour critiquer (c’est trop facile) mais pour réunir les gens et ensemble (l’union fait la force) nous trouverons les solutions pour les mois à venir.
Nous ne sommes que des hommes mais nous pouvons aplanir les problèmes et les difficultés à venir, tout cela avec un peu de bonne volonté !