M. Berset est un homme aux multiples talents. Nous apprenons il y a quelques jours qu'il est aussi pilote amateur. Conseiller fédéral, mari fidèle, amant fougueux, fervent promoteur du droit à l'avortement, commandant honorifique des forces Tigris, épidémiologiste, l'ensemble de ses qualifications fait tourner la tête. Il est même promis à la présidence de la Confédération l'année prochaine, si tout se passe comme prévu.
Le cinq juillet, la découverte du dernier de sa longue liste de talents a néanmoins fait se lever quelques sourcils. Ses qualités de pilotes ont été célébrées par les forces aériennes françaises lors d'une interception en bonne et due forme. Notre homme - notre surhomme - vaquait paisiblement à ses loisirs dans l'espace aérien français.
L'expert de service est là pour nous expliquer que ce n'est pas bien grave. On s'en doutait un peu: dès qu'un socialiste est concerné, rien n'est jamais bien grave. Notre homme survolait à une altitude inadaptée la base aérienne militaire d’Avord, la deuxième plus grande du pays. "C’est comme si on roulait à 53 km/h au lieu des 50 km/h autorisés", illustre l'expert. "Il s’agit de minimiser les dangers et d’éviter, par exemple, qu’un avion de sport et un avion de ligne ne se croisent". Pas de quoi fouetter un chat. Ueli Maurer ou Guy Parmelin surpris dans des circonstances identiques auraient droit à la même mansuétude. C'est une évidence.
À droite, on se gausse de cette nouvelle gaffe. À gauche, on est dans ses petits souliers. "À l’heure où l’on est en crise énergétique et où il est important d’atteindre les objectifs climatiques, il est incompréhensible qu’il voyage avec un avion privé", s'étrangle un élu socialiste.
Quand les camarades invitent tout un chacun à se priver de ces "inutiles" trajets en voiture (qui prend sa voiture pour quoi que ce soit d'utile, franchement?) et que la population n'aura bientôt même plus les moyens de se chauffer, un élu du calibre d'Alain Berset pris en flagrant délit de pilotage de loisir, ça fait un peu gauche caviar.
Alain Berset est lui-même discret sur cette affaire. Il ne voulait pas qu'on sache qu'il était pilote. Pareille humilité force le respect. Honorable. Admirable.
Quelques jours après la péripétie, l'affaire semble close. Personne ne s'interroge sur les déplacements secrets d'un Conseiller fédéral à l'étranger, seul aux commandes d'un avion de tourisme. Des vols lui permettant de rencontrer en personne qui il veut, comme il veut, pour discuter de ce qu'il veut, sans témoin et sans laisser la moindre trace. Il peut même emporter une valise avec lui, c'est pratique! Heureusement, Alain Berset est un type honnête. Il n'a rien à se reprocher, tout son comportement jusqu'ici le prouve.
Nous sommes en Suisse, les gens sont paisibles, satisfaits, et pas soupçonneux pour un sou. Seuls les journalistes sont encore moins curieux.
“”À l’heure où l’on est en crise énergétique…”
A ce sujet, l’hyperclasse qui veut nous faire manger des insectes et abandonner nos voitures individuelles au nom de Saint-Climat ne laissera probablement pas ses jets privés au hangar :
https://twitter.com/LaurentOzon/status/1549148534238232576
J’adore le style de votre article.
Les suisses ne sont pas curieux c’est un fait, on dirait même qu’ils sont nés endormis. Néanmoins, étant né dans le caniveau sociétal, ma survie de solitaire s’est organisée autour du questionnement. Corollaire, 50 ans de lucidité; je vois des idoles de soumission de plus en plus prégnantes. De fait ceux qui les ont refusé sont partis laissant champ libre à la dégradation de l’amour et de la charité.
L’excellent Slobodan Despot, Antipresse, suscite l’admiration du sauveur. Et?
Les moyens conditionnent la fin mais le réveil-malin ne sonne plus.
”Seuls les journalistes sont encore moins curieux.”
Je traduirais part :
Seuls les journaleux ”aux ordres” sont encore moins curieux !
La liste des casseroles de M. Berset s’allonge ….
Excellent, Monsieur Montabert, merci. Il vaut mieux en rire qu’en pleurer…