Le front républicain est-il hémiplégique ? C’est ce que semble confirmer aux derniers naïfs la Nouvelle Union Populaire écologiste et sociale (NUPES). Un accord signé entre les communistes, insoumis, rouges-verts et socialistes la semaine dernière dont le nom rappelle davantage une charmante culture d’Afrique de l’Ouest qu’une grande coalition des idéologies les plus arriérées que l’Occident ait produit.
Il faut dire que le terme d’union n’a jamais eu le même sens à droite qu’à gauche. À droite, elle a toujours été soit celle des partis de la droite et du centre soit celle, électorale cette-fois, de la bourgeoisie chiraquienne et du salariat lepéniste comme en 2007. À gauche, du programme commun à la gauche plurielle, les socialistes n’ont jamais hésité à s’unir à leur flanc extrême quand cela leur permettait de gagner une élection. Le cordon sanitaire est donc davantage une laisse bonne à être utilisée lorsque la droite ose regarder vers le RN qu’un principe à s’appliquer soi-même, comme en témoigne ce fameux accord.
Cet accord opportuniste risque de faire de LFI la première force d’opposition à l’Assemblée et dont les conséquences s’annoncent désastreuses pour le PS mais paradoxalement aussi, et surtout, pour la liberté.
Le PS, une force d’appoint
Si LR est en pleine lutte pour ne pas devenir la force d’appoint du macronisme, à gauche, la question semble tranchée puisque le PS n’a pas hésité à désinvestir des candidats implantés localement au profit de leurs nouveaux alliés.
Un mépris du travail de terrain que le NUPES masque bien mal tant le PS est devenu une force d’appoint.
La preuve en est qu’une des principales voix dissidentes au sein du PS, la présidente de la région Occitanie Carole Delga, est régulièrement citée pour le poste le plus en vue de ce début de quinquennat.
Ces divisions fleurent donc bon l’opportunisme.
Un accord opportuniste
De son côté, Jean-Luc Mélenchon tente de faire des élections législatives un référendum anti-Macron avec le risque d’aboutir au même résultat que la candidate RN il y a deux semaines. En effet, beaucoup oublient que l’antimacronisme ne suffit pas à faire élire n’importe qui. Les quelques républicains qui restent encore au PS l’ont bien compris, de la reddition déplorée par l’atone ancien premier secrétaire du parti Jean-Christophe Cambadelis à l’opportunisme dénoncé par l’éditorialiste et membre du bureau national du parti François Kalfon chez nos confrères d’Europe 1.
Car cet accord semble effectivement être le fruit d’un opportunisme bien compris mettant totalement de côté la question idéologique.
Le témoignage d’un vide idéologique
Il y a 5 ans, après l’élection d’Emmanuel Macron, j’écrivais dans ces mêmes colonnes qu’il était temps de penser à nouveau, alors que je produisais une analyse historique de la gauche française.
Tout comme la droite, le PS n’a malheureusement pas profité de 2017 pour faire son aggiornamento idéologique. L’accord conclu cette semaine n’est qu’une réplique du séisme de 2017.
Le macronisme a émergé d’une autonomisation de la social-démocratie vis-à-vis d’un socialisme marxiste incarné en interne par Gérard Filoche et à l’extérieur par Jean-Luc Mélenchon. Or, rien n’a été fait à gauche pour comprendre les raisons de cette rupture dont le PS n’a conservé que les miettes, divisant son score par 16 en 10 ans, passant de 28 à 1,7 % entre 2012 et 2022.
De fait, cette alliance est donc également la réponse à un vide idéologique.
À droite, certains ont pris conscience de cette situation. C’est le cas en particulier de David Lisnard. Au PS, la question semble avoir été tranchée d’une autre manière. Après avoir refusé de tirer les conséquences de la fuite de l’électorat ouvrier vers l’extrême droite, le parti s’assied désormais sur le peu de valeurs restant et en particulier sur la laïcité.
Nous en connaissons la conséquence logique : le PS va soutenir des candidats aussi notoirement antirépublicains qu’un Taha Bouhafs adepte des propos à forts relents antisémites et récemment condamné pour injures raciales, un Aymeric Caron favorable à un permis pour empêcher « les cons » de voter – on se demande bien qui il vise – ou encore une Sandrine Rousseau au pedigree malheureusement déjà trop connu.
En somme, le PS se raccroche à ce qu’est désormais l’ADN de la gauche : l’islamo-gauchisme, dans la plus pure logique marxiste opposant opprimés et oppresseurs : prolétaires contre patrons, femmes contre hommes, LGBT contre « cishet », immigrés contre « souchiens » et même Nature contre Humanité dans une logique de conflit permanent visant à monter les Français les uns contre les autres pour justifier un agenda collectiviste.
Une droite en pleine figuration
De l’autre côté du spectre, le RN, pourtant officiellement première force d’opposition nationale après l’élection présidentielle, a refusé catégoriquement de s’allier à Reconquête!. Une posture autant louable que suicidaire quand on connaît les difficultés du parti mariniste aux scrutins locaux.
Souvenons-nous en effet qu’avec 13 % des voix au niveau national, ce qui était encore le FN avait obtenu seulement 8 députés lorsque LFI, seule, en avait obtenu plus du double avec 2 points en moins au niveau national en raison de l’incapacité des marinistes à produire des alliances et à s’implanter localement.
L’an dernier, les élections régionales nous ont montré que le RN était souvent en difficulté dans les scrutins locaux où son électorat se démobilise facilement. Il devrait en être de même avec l’absence de dynamique nationale pour le parti mariniste, qui semble étrangement refuser de nationaliser le scrutin.
De la même manière, si la droite reste la première force politique au niveau local, les projections les plus optimistes font état d’une perte de 30 % du nombre de sièges par rapport à la mandature précédente.
LFI, première force d’opposition nationale
Si ces projections ne tiennent pas compte d’un certain nombre de paramètres bien spécifiques ayant provoqué l’accident industriel de la candidature de Valérie Pécresse, de la très forte implantation locale d’un parti qui remporte la plupart des élections locales depuis 10 ans, le risque de voir la gauche la plus nauséabonde devenir la première force d’opposition à la majorité présidentielle reste une possibilité à ne pas négliger.
Comme en témoignent les données récoltées par Datan, qui recense les statistiques sur l’activité parlementaire, les députés mélenchonistes ont été à la fois les plus jeunes, les plus unis, les plus présents et les plus en opposition à la majorité durant la législature qui s’achève.
Une autre raison donc de ne pas être optimiste de voir une Assemblée nationale dominée par la technocratie sociale-démocrate avec pour principale opposition la gauche la plus mortifère qui soit.
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