De la haine à l’amour
Qui parmi vous, membres ou sympathisants de l’UDC, n’a jamais été accusé d’être une personne « haineuse » ? Cet adjectif se retrouve régulièrement cité dans le florilège de qualificatifs attribués à toute personnalité identifiée comme étant de droite ou, même de gauche, qui oserait émettre une critique ou une réserve sur les évolutions doctrinales façonnées par les extrémistes de gauche et reprises ensuite par les médias, friands de polémiques.
« Haineux » est ainsi devenu le mot fourre-tout, à l’instar de « facho », pour qualifier quiconque oserait offenser les sentiments d’une « minorité » pourtant reconnue comme telle par les autorités étatiques et supranationales, quand bien même ces « minorités » n’en seraient factuellement et statiquement pas. Ainsi, je n’insisterai pas sur le fait qu’en Europe, il n’y a que 94,6 hommes pour 100 femmes (minorité masculine avérée) ou sur le fait qu’à l’échelle de la planète, la « majorité » blanche ne compose en réalité que 10% de l’humanité (inutile d’ajouter qu’aucune loi n’existe pour défendre les droits ou l’existence de ladite majorité en déclin). Je ne soulignerai pas davantage le fait qu’en 2015, seuls 45% des jeunes allemands de 18-24 s’identifiaient comme hétérosexuels selon un sondage YouGov ou qu’au Royaume-Uni, à peine 34% de la population se considère aujourd’hui comme chrétienne, toujours selon YouGov.
Plus généralement, et indépendamment du fait « minoritaire », il est devenu interdit d’émettre ne serait-ce qu’une seule opinion critique sur les évolutions sociétales. Qualifiées de progrès par ceux qui les promeuvent, ces changements ne seraient selon eux guidés que par l’amour et une meilleure compréhension de la nature humaine. Pourtant, leurs allégations sont fausses. En effet, ce n’est pas l’empathie ou l’amour qui guident leurs choix, mais leurs émotions brutes. Or, depuis une vingtaine d’années, l’émotion prend le pas sur la raison dans tous les domaines. Ce mouvement est devenu particulièrement flagrant dans la décennie 2010, notamment avec la déferlante législative en faveur d’une mariage entre personnes de même sexe dans les pays occidentaux, les dégâts occasionnés par les nombreuses manifestations Black Lives Matter, synonymes de permissivité dans un contexte de laxisme, de culpabilisation et d’autoflagellation irraisonnés, et par l’hystérie mondiale liée au coronavirus, à l’origine des pires lois liberticides depuis la chute de l’URSS et génératrice de psychoses collectives dignes du Troisième Reich.
« Haïr, c’est tuer virtuellement »
Dans un tel contexte, il devient aisé de comprendre pourquoi toute personne se retrouve qualifiée d’haineuse dès lorsqu’elle affiche son hostilité à une idée nouvelle. La définition commune de la haine est en effet « un sentiment personnel de détestation, d’hostilité ou d’aversion profonde pour quelque chose ou quelqu’un ». Pourtant, ce n’est pas la définition historique et philosophique de ce qu’est la haine.
Selon Le Robert, la haine est un « sentiment violent qui pousse à vouloir du mal à quelqu’un et à se réjouir du mal qui lui arrive ». Selon le philosophe espagnol José Ortega y Gasset, « Haïr, c’est tuer virtuellement, détruire en intention, supprimer le droit de vivre. Haïr quelqu'un, c'est ressentir de l'irritation du seul fait de son existence, c'est vouloir sa disparition radicale. »
Dès lors, on comprend mieux pourquoi ce mot aussi fort est utilisé par les tenants d’une gauche radicale : il sert à disqualifier radicalement tous ceux qui oseraient s’opposer à eux. En associant les opposants politiques de droite à des êtres criminels qui ne voudraient que la destruction physique de leurs adversaires, ils peuvent de facto assimiler leurs adversaires à des nazis coupables de génocide, sans prendre le risque de finir en procès pour diffamation.
Libéralisme et cancel culture unis dans la haine du vrai
Pourtant, accuser la droite d’être « haineuse » est bel et bien une diffamation. Il s’agit même d’une odieuse inversion accusatoire. Cette technique de manipulation psychologique est vieille comme le monde, puisque les Anciens grecs et latins en faisaient déjà usage, mais ce sont les socialistes révolutionnaires qui passèrent maîtres du procédé lors de la Révolution française, puis de la révolution russe. Le pouvoir soviétique et les États communistes qui ont essaimé à sa suite ont toujours aimé se faire plaindre et passer pour victimes des États capitalistes, avec l’appui ignominieux des intellectuels occidentaux. La sédition socialiste a infiltré les bulles du pouvoir des États occidentaux dès les années 1960 ; depuis la chute du mur, ils sont au pouvoir, adeptes d’un libéralisme économique et d’une société progressiste. Cet hybridisme séduit même jusque dans notre camp. La droite libérale se confond de plus en plus avec cette gauche libérale dans ses opinions : en effet, le libéralisme contemporain corrompt les valeurs, puisqu’il promeut précisément l’antithèse des valeurs qui forment une société : seuls priment l’individu et sa subjectivité. C’est ainsi que le règne de l’émotion au nom du libéralisme est arrivé, en totale contradiction avec les principes fondateurs du libéralisme originel du XVIIe siècle.
Ce changement de paradigme a permis aux socialistes d’affiner leur procédé accusatoire en s’appuyant sur la légitimité du système libéral, mais dont la permissivité a permis un renversement sémantique : c’est au nom de ma liberté que j’ai le droit de vouloir faire accuser quiconque s’oppose à ma liberté. C’est le même principe que nous vivons aujourd’hui en ère corona, où les peureux de faible constitution brandissent leur liberté politique face aux résistants opposés à la vaccination qui eux font appel au concept même de liberté philosophique. Liberté politique contre liberté philosophique, c’est hélas la politique qui l’emporte dans un monde façonné par les constructions sociales au mépris du vrai.
C’est ainsi que nous comprenons qu’en réalité, les vrais haineux ne sont pas ceux habituellement désignés par cette appellation, mais bien ceux qui osent user de cette insulte dans un processus d’inversion accusatoire. Ces gens éprouvent une telle aversion envers nos idées et valeurs qu’ils en veulent la destruction la plus absolue. Pour reprendre les paroles de José Ortega y Gasset, « la haine est annulation et assassinat virtuel - non pas un assassinat qui se fait d'un coup ; haïr, c'est assassiner sans relâche, effacer l'être haï de l'existence. » La cancel culture née du mouvement « woke » révèle jusque dans sa propre dénomination combien elle incarne l’essence même de la haine. La haine, c’est cette propension à éradiquer le passé et à attaquer sans relâche tous ceux qui oseraient s’opposer aux nouveaux dogmes. Et qualifier de « haineux » tout opposant à cette dictature idéologique offre le parfait paravent moral d’un régime adepte de novlangue et de totalitarisme.
Aimer pour détruire leur haine
Pour conclure cet article, je voudrais vous inciter, chères lectrices, chers lecteurs, à ne plus vous laisser faire par ces menaces et mensonges. Lorsque nous nous opposons aux changements hérétiques de la société, parfois certes avec virulence et violence verbale, nous ne sommes pas pour autant haineux. La psychanalyste Marie-Claude Defores explique en effet qu’il est « important de distinguer l’agressivité, qui est une pulsion de vie, de la haine, qui est une force de dépersonnalisation. »
Oui, nous sommes agressifs, car nous sommes vivants. Nous sommes vivants, car parties intégrantes de la société dans laquelle nous avons grandis et que nous chérissons. Nous ne voulons pas la voir mourir, alors qu’elle agonise déjà sous les coups criminels de ceux qui la détruisent. Nous défendons notre mode de vie, notre patrie, et notre identité. Contrairement à ce que ne cessent de répéter les médias, nous ne le faisons par haine de l’étranger ; nous le faisons par amour de notre mode de vie, de notre patrie et de notre identité. Nous aimons notre peuple et donc notre prochain. Et c’est justement parce que nous aimons les autres hommes et les autres femmes avec lesquels nous vivons que nous réagissons aussi fort. Nous ne voulons pas voir nos enfants, nos amis, notre famille devenir les victimes d’idéologies destructrices. L’ardente passion de vivre dans une société prospère, sûre, fière de son identité, brûle en nos cœurs battants, et c’est ce désir qui nous donne la force de lutter contre cette société moderne qui ne songe aujourd’hui qu’à la mort : suicide, avortement, euthanasie, exclusion sociale, discrimination, destruction… Tous ces faits (qui rappellent les mesures-phares des fameuses « heures les plus sombres »…) sont aujourd’hui une menace réelle, promue et financée par les milieux de gauche et leurs alliés internationaux.
Luttons donc contre la haine et la mort par l’amour et la vie. Le Bien finira forcément par triompher, si nous leur montrons que la haine n’a pas sa place dans nos vies : l’Amour vaincra !
Kevin Bonvin, février 2022
Et vous, qu'en pensez vous ?