Isolés parmi leurs camarades de promotion et soumis au matraquage idéologique de leurs professeurs, les étudiants de droite n’arrivent plus à trouver leur place au sein de la fabrique des élites.
Depuis mon entrée à Sciences Po, je suis en dépression. J’ai déjà envisagé le suicide à plusieurs reprises, souffle Paul, la voix tremblante. Son cauchemar a commencé il y a plus de deux ans. Pourtant, tout lui promettait un avenir radieux à Sciences Po Paris. Élève brillant, il obtient la mention “très bien” à l’issue de son bac littéraire dans un lycée classé zone d’éducation prioritaire. Le concours d’entrée en poche, le jeune homme, originaire d’un petit village entre Metz et Thionville, choisit de poursuivre sa scolarité sur le campus franco-allemand de Nancy, proche de sa Moselle natale.
Un choix qu’il confesse regretter aujourd’hui. « Sur les petits campus comme celui de Nancy, on est très vite pris à partie pour nos opinions politiques. Dès qu’on ne se soumet plus à leur doxa, on le paie cash », lâche-t-il, effusif. En effet, si des milliers d’élèves se coudoient chaque jour dans les couloirs étroits de la rue Saint-Guillaume, il n’en est pas de même dans les antennes provinciales de Sciences Po. Là-bas, les promotions n’excèdent pas les deux cents élèves. Tout au plus sont-ils trois cent cinquante ou quatre cents à se rendre quotidiennement sur le campus. Impossible, dans ces promotions à taille réduite, de se fondre dans la masse. Impossible, pour les étudiants qui refusent de se soumettre à la tyrannie des soi-disant minorités opprimées, de passer inaperçus.
Beaucoup préfèrent se taire de peur des représailles. « C’est une loi du silence que l’on s’impose à nous-mêmes parce que l’on comprend tout de suite qu’au moindre faux pas, c’est l’ostracisation qui nous guette », confie Quentin, étudiant sur le campus de Poitiers. Une autre élève abonde : « Le parti pris ostensible des professeurs et le consensus des élèves autour des valeurs de gauche font qu’on ne se sent pas libres de vivre nos opinions sereinement ou du moins, nous mettons souvent en place un certain nombre de stratagèmes pour nous cacher. » D’autres étudiants brisent l’omerta. Paul est l’un de ceux-là.
L’Unef, Nova et Solidaires, les inquisiteurs modernes
Indifférent au qu’en-dira-t-on, le jeune homme, révolté par l’utilisation institutionnalisée de l’écriture inclusive, publie, à l’issue de sa première semaine de cours, le message suivant sur le groupe Facebook de sa promotion : « Bonjour à tous, face à la montée des dérives progressistes, du manque de neutralité, du débat à sens unique et de l’écriture inclusive qui est même utilisée par nos professeurs et l’administration, je souhaiterais créer une petite association nommée “Critique de la pensée progressiste”. Celle-ci serait transpartisane et surtout ne vous engage en rien ; sont les bienvenus tous ceux qui rejoignent les positions évoquées plus haut. »
Sans doute Paul était-il bien conscient que son message ne serait que peu goûté par la majorité de ses camarades, mais il n’imaginait pas l’ampleur de la tempête qui allait se déchaîner contre lui. Insulté, menacé, harcelé… Paul apprend à ses dépens qu’à Sciences Po, on ne brave pas impunément la parole sacrée de la religion progressiste. Ces nouveaux inquisiteurs, membres des syndicats étudiants Unef, Solidaires ou Nova, n’épargnent aucune humiliation à ceux qu’ils ont boutés hors des nouvelles frontières de la respectabilité. À peine son message était-il posté que cette meute, d’ordinaire si prompte à prendre la défense des “opprimés”, déverse sur lui un flot continu de haine.
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