Invité le 28 novembre de l'émission de RT International WorldsApaRT, le ministre hongrois des Affaires étrangères Peter Szijjarto a dénoncé l'attitude de l'Union européenne et des Etats-Unis à l'encontre de son pays.
Répondant aux critiques européennes et américaines portant sur la soi-disant érosion de l'Etat de droit en Hongrie, Peter Szijjarto a estimé que son pays «n'avait pas besoin d'un juge». «Nous sommes parfaitement conscients de notre situation, nous sommes fiers de notre démocratie, fiers de nos combats pour la liberté au cours de notre histoire [...] et nous n'avons besoin de personne pour [...] le certifier», a-t-il ajouté.
Et de poursuivre : «Notre pays a 1 000 ans d’histoire en tant qu’Etat. C’est un Etat chrétien depuis un millénaire. Notre histoire est pleine de combats pour la liberté et la souveraineté. Et nous n’avons pas besoin qu’un acteur ou facteur extérieur vienne juger l'état de notre démocratie.»
Le ministre des Affaires étrangères hongrois est d'avis que la plupart des critiques adressées à son pays sont infondées. «Il y a beaucoup de mensonges, de fake news et d'insultes à propos de la Hongrie et du Premier ministre lui-même, qui a personnellement combattu pour la liberté», a-t-il précisé.
Peter Szijjarto a également réagi à la crise migratoire qui se déroule actuellement aux frontières de l'Union européenne. C'est ainsi que le chef de la diplomatie hongroise a tenu à rappeler qu'il ressort «du droit souverain» de la Hongrie de pouvoir définir sa propre politique migratoire et de choisir qui rentre dans le pays.
La Hongrie est la grande absente du prochain «sommet pour la démocratie»
Interrogé sur l'état des relations américano-hongroises, Peter Szijjarto estime qu'elles se sont récemment dégradées parce qu'«il n'y a plus de respect mutuel». «Nous respectons la décision des citoyens américains, nous respectons la façon dont ils veulent évoluer à l'avenir, nous respectons leur choix [en matière] de président, mais ce type de respect ne se manifeste pas à l’égard de la Hongrie», a-t-il lancé.
Les relations entre les Etats-Unis et la Hongrie se sont détériorées à la suite de l'élection de Joe Biden. Signe des nouvelles tensions entre Washington et Budapest, la Hongrie n'a pas été invitée au prochain sommet virtuel «pour la démocratie» organisé par les Etats-Unis qui réunira les représentants de 110 pays dont certains, tels le Pakistan et le Brésil, possèdent des bilans contrastés en matière de droits de l'homme.
Relation tendue entre Budapest et Bruxelles
Budapest et Bruxelles s'affrontent régulièrement sur les questions de respect de l'Etat de droit en Hongrie ainsi que celles liées aux droits des minorités sexuelles et des migrants. La Commission européenne a envoyé le 19 novembre une lettre à la Hongrie, brandissant la menace d'un éventuel déclenchement du mécanisme qui permet de suspendre le versement de fonds européens en cas de violations de l'Etat de droit. Dans ce courrier, Bruxelles demande des explications à Budapest concernant des problèmes relatifs à la passation de marchés publics, à des conflits d'intérêts et à la corruption. Le pays a deux mois pour répondre.
Dans le même registre, la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) a rendu un arrêt le 16 novembre condamnant la Hongrie pour sa législation qui fait du soutien aux demandeurs d'asile une infraction pénale. Malgré le jugement de la CJUE, le gouvernement hongrois a déclaré se réserver le droit de lutter contre des ONG favorisant l'immigration.
Autre source de tension, le Parlement hongrois a adopté en juin des amendements législatifs interdisant la promotion et la représentation de l'homosexualité et du changement de sexe auprès des moins de 18 ans. Le Premier ministre avait annoncé le 21 juillet la tenue prochaine d’un référendum sur le sujet dans le pays et demandé le soutien des électeurs sur la loi. Cette loi a été dénoncée par plusieurs pays membres de l'UE dont la France qui réclame des sanctions contre la Hongrie.
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