En plus des liens avec l’État islamique, il faut aussi établir l’origine du fusil d’assaut Kalachnikov AK-47 utilisé par l’assassin, si l’on veut éradiquer complètement la cellule terroriste à Vienne. La version de base de la Kalachnikov a été utilisée en grande quantité par l’État islamique, mais aussi dans la guerre de Yougoslavie.
Jeudi 5 novembre 2020 - Szemán László János
Les autorités autrichiennes recherchent une aiguille dans une botte de foin quand elles veulent savoir où Kujtim Fejzulai, sympathisant radical de l’État islamique, âgé de vingt ans, s’est procuré le fusil d’assaut AK-47 utilisé lors du massacre du centre-ville de Vienne.
Né à Vienne de parents albanais originaires de Macédoine du Nord, c’est très probablement le tueur lui-même qui pose sur sa page Instagram avec l’AK-47.
La version de base de la Kalachnikov a été produite à des centaines de millions d’exemplaires dans une partie des pays socialistes : l’Union soviétique, mais aussi la Yougoslavie, la Bulgarie, la Roumanie et la Tchécoslovaquie. Les versions perfectionnées ont également été produites par millions en Pologne et en Hongrie, entre autres, tandis que la Chine en produisait et en produit aujourd’hui encore.
L’AK-47 était l’arme de poing la plus courante de l’organisation terroriste État islamique (EI). La plupart de ces armes avaient été pillées aux forces gouvernementales syriennes ou reçues d’autres insurgés anti-gouvernementaux. Ces AK avaient été livrées d’abord à Bagdad ou aux forces d’opposition syriennes en tant que soutien par la Chine, la Russie ou les États-Unis, par l’entremise de la Bulgarie, de la Pologne et de la Roumanie.
Lors de la chute de l’État islamique, un grand nombre d’armes de poing ont été abandonnées sur les champs de bataille par des terroristes en fuite ou faits prisonniers. En examinant les armes, en 2017, l’organisation internationale Conflict Armament Research a déterminé leur origine.
Selon l’analyse, il y avait 112 AK-63 F de fabrication hongroise parmi elles, ce qui a provoqué un tollé de l’opposition hongroise, mais les experts ont vite refroidi les représentants de l’opposition sans préparation professionnelle.
L’AK-47 (avec les versions nationales améliorées) était une arme de poing systématique dans l’armée populaire yougoslave, ce qui en a faitune des principales armes de la guerre de Yougoslavie des années 90, utilisée par toutes les parties.
Elle est toujours présente en grande quantité dans les États successeurs, en particulier la Bosnie-Herzégovine. En Bosnie musulmane, on estime que des milliers de terroristes de l’État islamique se sont réfugiés, y compris des moudjahidines qui avaient combattu les Soviétiques en Afghanistan avant de passer à Al-Qaïda puis à l’État islamique.
Il n’est pas possible de savoir exactement combien d’armes légères ils possèdent, car personne n’ose s’aventurer dans les montagnes qu’ils contrôlent. Les forces armées des pays post-socialistes utilisent encore aujourd’hui la kalachnikov. (Le réarmement hongrois vient de commencer concernant les armes légères modernes de fabrication nationale.)
Auparavant, certaines des AK hongroises redondantes ont été envoyées en Irak et en Syrie dans des conditions contrôlées à titre d’aide militaire. D’autres ont été neutralisées pour être vendues à des collectionneurs.
En Slovaquie, un scandale a éclaté il y a quelques années quand il est apparu que des dizaines de milliers d’armes de poing désactivées, dont un grand nombre de kalachnikovs, avaient été illégalement reconverties en armes fonctionnelles et acquises par des criminels.
À la lumière de ce qui précède, Kujtim Fejzulai a pu acquérir son AK-47 aussi bien auprès de l’État islamique que de cercles criminels organisés, peut-être justement albanais, en Europe occidentale.
Les autorités slovaques nient que l’arme du crime soit d’origine slovaque. Cependant, dès le mois de juillet, les autorités autrichiennes avaient été informées que Fejzulai et un complice avaient tenté d’acheter une telle arme, mais qu’elle ne leur avait pas été vendue, faute de permis de port d’arme.
Et si l’arme du terroriste provient de l’État islamique, elle a pu parvenir à Vienne par la route des Balkans, route utilisée naguère par les trafiquants de drogue et aujourd’hui encore par les passeurs de migrants. L’enquête autrichienne explore certainement aussi cette piste.
Source: https://magyarnemzet.hu/belfold/hol-szerezte-a-becsi-terrorista-az-ak-47-est-8908373/
Traduction: Cenator
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