Pologne : un gouvernement contre la révolution culturelle

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De notre correspondant permanent à Varsovie. – La Pologne a un nouveau gouvernement depuis le 6 octobre. La mise en place de ce gouvernement a mis fin à la plus grave crise qu’ait connue la coalition Droite unie conduite par le parti Droit et Justice (PiS) de Jaroslaw Kaczynski depuis son arrivée au pouvoir en 2015. Après les élections législatives d’il y a un an, cette coalition de droite n’a plus la majorité absolue qu’à la Diète, la chambre basse du Parlement polonais, avec 235 sièges de députés sur 460. Sur ces 235 sièges, 19 appartiennent au parti Pologne solidaire du ministre de la Justice Zbigniew Ziobro et 17 au parti Entente du ministre du Développement, du Travail et des Technologies Jaroslaw Gowin, qui a le rang de vice-Premier ministre. Mateusz Morawiecki a été reconduit à la tête de ce gouvernement qui compte désormais quatorze ministères au lieu de vingt précédemment. Outre la réduction du nombre de ministères voulue par le PiS, qui a posé quelques problèmes au moment de négocier avec les deux petits partis alliés, l’autre grande nouveauté, c’est l’entrée du chef du PiS Jarosław Kaczynski au gouvernement, également avec le rang de vice-Premier ministre. Kaczynski a pris la tête d’un comité pour la sécurité de l’État chargé de superviser et coordonner le fonctionnement des ministères de la Défense, de l’Intérieur et de la Justice. On ne pourra donc plus l’accuser de diriger le pays dans l’ombre puisqu’il se place désormais sous la lumière des projecteurs pour exercer son influence de manière tout ce qu’il y a de plus officielle.

Le visage conservateur de ce gouvernement remanié, ce sont le ministre de la Justice Zbigniew Ziobro (à l’origine des réformes de la Justice servant de prétexte aux attaques de Bruxelles) qui reste en place, le ministre des Affaires étrangères Zbigniew Rau, qui poursuivra la politique atlantiste de la Pologne, et le nouveau ministre de l’Education Przemyslaw Czarnek. Ce dernier est au centre des attaques les plus furieuses de l’opposition libérale et de gauche. Voïvode (préfet) de la région de Lublin de 2015 à 2019, Czarnek s’était en effet opposé aux marches LGBT dont il a dit qu’elles faisaient la promotion « des perversions, des déviances et des aberrations ». En août, il affirmait encore que « toute cette idéologie LGBT qui se développe à partir du néo-marxisme provient de la même racine que le national-socialisme allemand d’Hitler responsable de tout le mal de la Seconde Guerre mondiale ». Aujourd’hui à la tête d’un ministère rassemblant l’éducation, l’enseignement supérieur et les sciences, il promet de s’opposer à la présence en milieu scolaire d’« éducateurs sexuels » des associations LGBT, souvent envoyés sous couvert d’ateliers de sensibilisation à la tolérance et à la non-discrimination. La seule éducation sexuelle distillée dans les écoles polonaises, n’en déplaise aux élites bruxelloises et aux donneurs de leçons de « tolérance » occidentaux, le sera, comme le veut le programme de l’Education nationale, par des enseignants diplômés dans le cadre des cours d’éducation à la vie familiale. Dans les universités, le nouveau ministre s’est engagé à rétablir les libertés académiques et la liberté d’expression aujourd’hui mise à mal, comme en Europe occidentale (même si c’est sans doute encore à un niveau moindre), par une forme de totalitarisme idéologique de la gauche.

Cette nomination semble indiquer une prise de conscience au PiS de la véritable révolution culturelle entreprise par une gauche néo-marxiste en Pologne comme ailleurs en Occident. Et en même temps, le remaniement de la semaine dernière montre que Varsovie n’entend pas céder aux pressions idéologiques de Bruxelles. •

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