La chronique de Vincent Pellegrini.
Qui peut trier, sélectionner et éliminer des embryons dans un laboratoire médical? C’est avec inquiétude que la Commission de bioéthique de la Conférence des évêques suisses réagit à la décision de la Commission de la science, de l'éducation et de la culture du Conseil des Etats (CSEC-E) d’entrer en matière sur l'autorisation du diagnostic préimplantatoire (DPI). Non seulement la CSEC-E approuve la direction proposée par le Conseil fédéral, mais elle voudrait même repousser les limites que celui-ci veut y mettre. Pareille approche utilitariste ouvre la certitude d’une pente glissante: si on plaide pour un assouplissement des limites, d'autres élargissements suivront inexorablement. La porte est grande ouverte pour l'entrée dans une ère de pratiques eugénistes: en effet, le DPI relève de l‘eugénisme, comme le Conseil fédéral le reconnaît explicitement dans son message, explique le professeur Thierry Collaud, président de la Commission de bioéthique de la Conférence des évêques suisses. Il ajoute:
«Nous pensons que, contrairement à ce qu'on veut faire croire, nous ne sommes pas dans le registre du progrès, mais dans celui d’une déconstruction du vivre ensemble. En effet, une société ne devient pas meilleure lorsqu’elle s’autorise à sélectionner ceux qu'elle considère comme les «bons» et à éliminer les autres. Une société est authentiquement humaine lorsque, tout en luttant contre la souffrance et la maladie, elle se montre capable d’accueillir chaque personne dans sa dignité, et de faire une place aux plus petits et aux plus vulnérables des enfants des hommes. Fort de ce principe humaniste et évangélique, l‘Eglise refusera toujours de considérer le tri, la sélection et l’élimination d’êtres humains comme un progrès. Elle plaide au contraire pour une orientation de la technique vers des solutions novatrices et respectueuses de toute vie humaine».
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