Covid-19 : y aura-t-il une discussion ouverte des mesures du gouvernement ?

Dans la Weltwoche, Beat Gygi revient sur la controverse entre Pietro Vernazza, médecin-chef infectiologue de l’hôpital cantonal de Saint-Gall, qui s’est permis de mettre en doute dans la Sonntagszeitung la politique de confinement extrême recommandée par le groupe d’experts de la Confédération, et Markus Egger, président de cette « Task-Force ». Celui-ci n’oserait pas être critiqué par ses collègues, car il a aussi des fonctions importantes dans la direction du Fonds national suisse de la recherche scientifique, qui décide des subventions aux chercheurs. Comme Markus Egger remet sa présidence au début août à Markus Ackermann, microbiologue à l’École polytechnique fédérale, il se pourrait que la discussion devienne plus ouverte et qu’une critique de la politique officielle puisse se faire entendre parmi les scientifiques.

https://www.weltwoche.ch/ausgaben/2020-31/kommentare-analysen/endlich-offnet-sich-die-debatte-die-weltwoche-ausgabe-31-2020.html

Traduction (extrait) : Il y a quelques jours, les écrans de télévision et les journaux de tout le pays ont annoncé qu’il y aurait eu en Suisse 8000 morts du Corona si le Conseil fédéral avait décidé ses mesures une semaine plus tard. Cela résonne comme un soutien au gouvernement. Et 1600 vies auraient pu être sauvées si l'on avait réagi une semaine plus tôt. C’est plutôt comique, car alors personne ne serait mort. L’auteur de l’étude est Christian Althaus, épidémiologue à l’Université de Berne. De nombreux médecins et spécialistes de la santé s’irritèrent énormément de cette publication, considérée comme une manipulation peu sérieuse des chiffres. Le fait que l’étude ait été publiée de façon prématurée, avant d'avoir pu être examinée de façon critique par des collègues, fut aussi fustigé. Mais il n’y eut pas vraiment de forte protestation publique. Beaucoup y voient une corrélation avec le fait qu’Althaus appartient à la « Swiss National Covid-19 Science Task-Force » de la Confédération et jouit par conséquent d’une sorte de protection officielle. Le Conseil fédéral et l’administration ont établi ce groupe de plus de soixante expertes et experts avec pour mandat de soutenir et de conseiller les instances fédérales. On attend d’experts scientifiques qu’ils apportent leurs connaissances sans se laisser influencer par d’autres éléments de dépendance. La « Task Force » donne toutefois l’impression de ne pas suffire à ces exigences.

C.H.