De notre correspondant permanent à Varsovie. – Du fait du retard pris par certaines commissions électorales pour les Polonais de l’étranger, il aura fallu attendre mardi matin pour connaître les résultats définitifs du premier tour de l’élection présidentielle polonaise de dimanche. Le candidat du parti Droit et Justice (PiS), le président sortant Andrzej Duda, sort vainqueur de ce premier tour avec 43,50 % des voix. Le candidat de l’opposition libérale, la Coalition civique (KO), le maire de Varsovie Rafal Trzaskowski, est arrivé deuxième avec 30,46 % des voix. Son résultat confirme que la KO a eu raison de changer de candidat après le report de cette élection initialement prévue pour le 10 mai pour cause de Covid-19. Duda et Trzaskowski s’affronteront donc lors d’un deuxième tour qui aura lieu le 12 juillet.
Les sondages pour le deuxième tour montrent que la bataille sera serrée. Il s’agira en effet d’un vote pour ou contre le PiS. Le premier tour a été l’occasion d’une mobilisation record pour la Pologne, avec 64,5 % de participation contre 49 % il y a cinq ans. Le président sortant a ainsi obtenu plus de 3,3 millions de voix en plus par rapport au premier tour de l’élection de 2015, tandis que Trzaskowski ne fait qu’à peine 900 000 voix de plus que le candidat libéral de l’époque, le président sortant Bronisław Komorowski.
Le principal réservoir de voix du candidat libéral se trouve dans l’électorat du candidat indépendant Szymon Holownia, un animateur de télévision qui se présente comme catholique progressiste. Malgré son étiquette catholique autorevendiquée, Holownia a des vues nettement plus proches de celles de Rafal Trzaskowski qui représente la gauche sociétale du parti libéral-libertaire Plate-forme civique. A la tête de la mairie de Varsovie, Trzaskowski a notamment signé une « Déclaration LGBT+ » par laquelle il s’est engagé à faire entrer le lobby LGBT et ses revendications dans les écoles de la capitale. S’il cherche aujourd’hui à éviter le sujet, le maire de Varsovie n’en promet pas moins les unions civiles ouvertes aux homosexuels en cas de victoire à la présidentielle. Une promesse qu’il ne pourra pas réaliser tant que le PiS aura la majorité absolue à la Diète, mais le nouveau président pourrait en revanche, avec son veto, bloquer toutes les lois adoptées par le Parlement. Le réservoir de voix de Holownia, c’est 13,87 % des votes exprimés dimanche. Plus encore que sur cet électorat, Trzaskowski pourra certainement compter sur les voix du candidat de la gauche, le militant LGBT Robert Biedron, qui est le grand perdant de ces élections avec ses 2,22 %.
L’autre grand perdant du premier tour, c’est Wladyslaw Kosiniak-Kamysz, le chef du parti agraire PSL, qui était donné deuxième ou troisième par les sondages avant le remplacement de la candidate de la KO. Son électorat rural, plutôt conservateur, devrait logiquement se reporter sur Andrzej Duda plutôt que sur Rafal Trzaskowski. Il en va de même pour la majeure partie de l’électorat du candidat de la Confédération, une coalition des nationalistes et des libéraux-conservateurs. Si le nationaliste Krzysztof Bosak, arrivé quatrième, dimanche, avec 6,78 % des voix, ne souhaite soutenir aucun des deux candidats du deuxième tour, on imagine mal ses électeurs conservateurs, souverainistes, chrétiens et/ou pro-vie voter pour le très gauchiste (sur le plan sociétal) et très européiste Rafal Trzaskowski. C’est donc bien Andrzej Duda qui est le mieux placé pour l’emporter le 12 juillet. •
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