En raison de la pandémie mondiale de coronavirus, l’Arabie saoudite, qui intervient au Yémen en soutien aux forces gouvernementales, a annoncé un cessez-le-feu de deux semaines qui débute ce 9 avril. Si le Yémen n’a pour le moment recensé aucun cas d’infection, le pays ravagé par presque six années de guerre pourrait être durement touché.
«La coalition annonce un cessez-le-feu global au Yémen [à partir du 9 avril] pour une période de deux semaines [afin de] soutenir les efforts visant à lutter contre la propagation de la pandémie de Covid-19», a fait savoir le colonel Turki Al-Malki, un officiel saoudien, le 8 avril, repris par l’agence du royaume wahhabite Saudi Press Agency. D’après lui, le cessez-le-feu, décidé de manière unilatérale, entrera en vigueur à 9h GMT (11h heure française) ce 9 avril.
Le Yémen en proie au chaos
Les Houthis n’ont pour le moment pas fait savoir s’il respecteraient cette trêve. Toutefois, le responsable saoudien a précisé que la coalition emmenée par Riyad se réservait le droit de se défendre en cas d’attaque. Il a ajouté que ce cessez-le-feu pouvait être prolongé si les Houthis répondaient «de manière positive» à ce que le royaume des Saoud considère être un geste de bonne foi.
Dans un communiqué diffusé après l’annonce, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a loué une initiative qui «peut aider à faire avancer les efforts de paix ainsi que la réponse du pays à la pandémie de Covid-19». «Ce n'est que par le dialogue que les parties pourront se mettre d'accord sur un mécanisme permettant de maintenir un cessez-le-feu à l'échelle nationale [et sur] la reprise d'un processus politique pour parvenir à un règlement global [du conflit]», a-t-il encore souligné dans le document.
Le 23 mars dernier, le Portugais avait déjà appelé à «à un cessez-le-feu immédiat, partout dans le monde» afin de lutter contre la pandémie de Covid-19, principalement dans les pays en développement. Il a réaffirmé sa volonté de voir «le gouvernement et les Houthis s'engager, de bonne foi et sans conditions préalables, dans des négociations», sous l’égide de Martin Griffiths, émissaire spécial de l’ONU pour le Yémen.
La guerre civile yéménite dure depuis juillet 2014, opposant le gouvernement central soutenu par l'Arabie saoudite, aux chiites Houthis appuyés principalement par l’Iran. Depuis 2015, Riyad a pris la tête d’une coalition militaire régionale visant à reprendre le contrôle total du pays, quel qu’en soit le prix. Selon les Nations unies, le conflit est «la pire crise humanitaire au monde» et 24 millions de yéménites sont dans l’attente d’une aide humanitaire, sur les 28 que compte la République – soit plus de 85% de la population.
Si le Yémen, pays le plus pauvre de la péninsule arabique, n’a pour le moment relevé aucun cas de coronavirus, beaucoup d’organisations humanitaires s’inquiètent des ravages que pourraient causer la maladie. Avec un système de santé quasiment annihilé, et des pénuries en eau potable et en vivres, le Yémen a récemment connu des épidémies de choléra ou encore de dengue.
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