Milice : le grand dérapage

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Comme on pouvait s’y attendre, la campagne des antimilitaristes dérape et nous abreuve de faux-semblants, d’hypocrisie, de superficialité et de vilenie.

Ainsi, avec un ensemble qui ne doit évidemment rien au hasard, les adversaires de notre milice ont trouvé ce qu’ils croient être leur œuf de Colomb. À les en croire, l’acceptation de l’initiative pour la suppression du service militaire obligatoire et son remplacement par une armée de volontaires ne changerait rien à la situation actuelle. Comme l’armée rapetissée n’engage plus qu’une minorité de jeunes et qu’on n’a, selon ses censeurs, guère de peine à se faire dispenser si on répugne au service armé, ceux qui en acceptent l’obligation plutôt que de se faire fournir un certificat médical de complaisance seraient des volontaires. CQFD ? Même le rédacteur en chef del’Hebdo, pourtant opposé à l’initiative, paraît prendre plaisir à jouer ainsi sur les mots.
Mais ne voit-il pas qu’il n’y a aucune analogie entre un jeune qui accepte une obligation et un autre qui la refuse ? D’un côté, la soumission à des exigences précises, de l’autre une échappatoire vers l’utopie. La supercherie n’échappera pas à la logique et au bon sens qui, heureusement, paraissent encore majoritaires chez nous.
Quant à l’hypocrisie, la palme en revient à la jeune femme du GSsA qui, l’autre jour, à Infrarouge, dans une seule et même phrase, proclama l’évidence, à savoir que ce groupe veut supprimer l’armée et bombarde les citoyens d’initiatives tendant à cette fin, mais précisa que pour le moment, la seule destruction demandée est celle de la milice. Et de marteler: «Il ne faut pas lire entre les lignes !» On croirait entendre un tueur patenté protester de ce que, provisoirement, il n’envisage pas d’assassiner autrui, mais d’infliger seulement des coups et blessures à effet mortel.
La superficialité, c’est celle des médias qui ne s’intéressent qu’aux recrues. Toujours à Infrarouge, on se demandait quelle était leur motivation et l’on interrogeait sur ce point quelques-uns d’entre eux, notamment un garçon souriant, pas méchant pour un sou, mais d’une ironique perplexité devant les rigueurs du paquetage, jadis cauchemar des apprentis soldats, devenu un réglage plus modéré de la façon dont les recrues doivent ranger leurs vêtements derrière et à côté de leur lit. Personne, que l’on sache, ne s’est jamais dit «motivé» par cette menue servitude. Mais l’émission nous montrait aussi un garçon dont j’ai retenu le nom – Moratel – satisfait de rendre à son pays un service armé, et encouragé dans cette attitude par les récits de ses parents ou de leurs proches. Belle démonstration du fait que les militaires expérimentés, qui ont fait dans une bonne unité des cours de répétition bien organisés, gardent en général de ce temps un souvenir de travail sérieux, de belle camaraderie, de bon brassage social, voire de respect pour un capitaine, des chefs de section et un sergent-major capables.
La vilenie, c’est celle des «antimilice» qui vilipendent l’armée en exploitant des récits de militaires aigris. Dans ce sport indigne, un homme est en tête du peloton : M. Jacques Neirynck, conseiller national, qui ose accuser l’armée suisse d’être «une école d’ivrognerie, de tabagisme et de paresse». Cette basse insulte vaut à l’accusateur une volée de bois vert mais, pour ma part, je hausse les épaules devant une affirmation aussi sotte que perfide. Son auteur, électron libre du parti chrétien-social, séduit sporadiquement 24 Heures grâce à sa facilité de plume et son goût du paradoxe mais, plus les années passent, plus il dit n’importe quoi, sans préciser s’il a fait lui-même une école de recrues et, si oui, dans quelle armée.

Source : Frank  Bridel, 12 septembre 2013, Commentaires.com, ici

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