Procès Sperisen : même le tribunal fédéral veut donner des leçons (tiers-mondistes) à un état d’Amérique latine
Après une tragi-comédie judiciaire qui a duré pas moins de neuf ans, le tribunal fédéral a confirmé la décision des juges genevois qui ont condamné le ressortissant Erwin Sperisen, ancien chef de la police du Guatemala de double nationalité suisse et guatémaltèque, à 15 ans de prison pour n’avoir pas empêché son subordonné Javier Figueroa de participer à la liquidation de sept bandits mafieux dans une prison. Il s’agit d’une affaire kafkaïenne, car Figueroa a été pour sa part déclaré non coupable par un tribunal autrichien. De même, tous les participants à cette liquidation des dangereux mafieux ont été entre-temps blanchis : tout d’abord l’ancien directeur de la prison, actuellement président du Guatemala, son adjoint et le ministre de l’intérieur, celui-ci par un tribunal espagnol. Mais les magistrats suisses, poussés par le procureur genevois Yves Bertossa (socialiste) en quête de réhabilitation après son « flop » de l’arrestation d’Hannibal Kadhafi, prétendent savoir mieux que tout le monde ce qui s’est passé au Guatemala, estime Alex Baur, qui s’indigne dans la Weltwoche de cette parodie de justice dans un État qui n’est plus de droit.
Traduction (Claude Haenggli) : Le plus triste dans ce procès est que Sperisen n’a jamais eu la moindre chance de pouvoir donner sérieusement sa version des faits. Pour les procureurs et les juges genevois, il était dit par avance qu’un chef de la police du Guatemala, en plus un Blanc, ne peut pas être innocent. Prisonniers de leur vision tiers-mondiste romantique, ils étaient persuadés de mieux connaître le Guatemala que les Guatémaltèques. Dans un bureau bien chauffé de Genève ou de Lausanne, il est facile de décréter ce qu’un politicien confronté à la brutale réalité du Guatemala aurait dû faire ou ne pas faire. Comme juristes, ils auraient dû pourtant se rendre compte qu’ils construisaient leurs acrobaties académiques sur base d’une enquête dont ils n’étaient pas en mesure de vérifier les conclusions, car contaminée par des querelles politiques. Lorsque l’une de leurs versions des faits s’écroulait, ils en construisaient une autre à partir de ses ruines. Ce qui ne leur convenait pas disparaissait peu à peu des dossiers, cela n'existait plus. Ce jugement a été rendu par les cinq juges fédéraux de la section pénale - deux Suisses-allemands, deux Romands et une Tessinoise - sous la présidence du Vaudois Christian Denys. Le rapport sur le dossier avait été confié à la juge Laura Jacquemoud-Rossari. C’est elle qui a élaboré la proposition de verdict, qui a été approuvée par ses quatre collègues. Madame Jacquemoud-Rossari a fait carrière à Genève comme procureur et juge et elle est éditrice, avec son ancien collègue de travail Bernard Bertossa (le père d’Yves Bertossa, NdT), du magazine Semaine judiciaire.
Claude Haenggli, 4.12.2019
Espérons que les juges de Strasbourg auront plus de diligence, de professionnalisme et moins de parti pris que les juges de Genève et leurs amis de Lausanne…