De notre correspondant permanent aux Etats-Unis. – Deux sièges de député étant devenus vacants en Caroline du Nord – l’un à la suite d’un décès, l’autre à cause d’une démission –, il a fallu les pourvoir en organisant des élections partielles. On vota mardi dernier pour désigner simultanément les deux remplaçants. Et on vota, dans les deux cas, républicain. Double victoire qui se situe entre le renouvellement de la Chambre des représentants qui eut lieu en novembre 2018 et l’élection présidentielle qui aura lieu en novembre 2020. Sa situation remarquable dans la trajectoire politique confère à cette consultation valeur de test. Elle confirme les législatives de l’an dernier ; elle annonce peut-être l’issue de la grande bagarre de l’an prochain. Autrement dit, les républicains auront du mal à récupérer la Chambre basse et les démocrates auront encore plus de mal à entrer à la Maison-Blanche.
Il en va de ces deux élections comme de beaucoup d’événements de ce type : leur intérêt réside bien davantage dans leur existence même que dans le relief des personnages qui les animent. Le vainqueur de l’épreuve la plus médiatisée parce que la plus incertaine est un parlementaire local qui s’est senti pousser des ailes de dimension nationale : Dan Bishop, 55 ans, avocat par vocation et trumpiste par nécessité, a obtenu 50,8 % des voix et son rival 48,6 %. La différence s’avère presque insignifiante, mais on a vu parfois l’histoire des pays bouleversée pour beaucoup moins que cela. L’autre épreuve ne réservait aucun suspense, voilà pourquoi on n’en parle presque pas. Greg Murphy, médecin, l’emporta comme dans un rêve, sans mouiller sa chemise comme aurait dit Bernanos. Il est vrai que la circonscription de Murphy est un peu particulière. Elle se trouve face à l’Atlantique sur le passage des ouragans. Les habitants vivent dans l’espoir de substantiels secours. Leur tendance est donc de voter pour le pouvoir en place, surtout en septembre, le mois des vents de 180 km/h…
Trump, impayable comme toujours
Au-delà du test que recèlent ces deux escarmouches, la Caroline du Nord restera dans les annales des facéties du président Donald Trump. Fidèle à sa vocation d’homme-orchestre, celui-ci se devait d’assister dans son combat Bishop, le candidat irréprochable qui, du mur à construire jusqu’à la Chine à abattre, voit les affaires de l’Amérique et du monde avec les yeux de son icône. Voilà donc Trump sur le sentier de la guerre, qui plante, la veille de l’élection, son chapiteau à Fayetteville, au cœur du défi. S’enchaînent de grandes envolées sur ce qui a été fait pour les Américains et sur ce qui sera fait d’ici novembre 2020. Puis surgit l’ego Trump, déconcertant, impayable comme toujours. « Bishop a gagné, dit-il. Fantastique victoire. Dire qu’il y a trois semaines, il avait 17 points de retard sur le démocrate. Il m’a demandé de l’aide. Nous avons restructuré sa campagne. » Le drôle est qu’aucun des sondeurs patentés ne se souvient d’avoir noté 17 points d’écart entre les deux concurrents. Tous, au contraire, soulignent l’âpreté d’une lutte indécise jusqu’au bout. Un détail… •
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