C’est désormais un marronnier de la presse française. Chaque année, le ramadan est l’occasion pour les médias de draguer une cible croissante, les musulmans de France. Des papiers annonçant la date du début du jeûne aux conseils pour permettre aux lecteurs de vivre correctement un bon ramadan, les kiosques se voient revêtus du croissant au fil des unes des quotidiens. Le mois sacré des musulmans débutant cette année le lundi 6 mai, les articles se multiplient.
France-Soirprésente ainsi « la longue tradition » du ramadan, LCI endosse le rôle de conseiller juridique et guide les employés musulmans sur leurs droits, même La Croixmet en avant l’initiative beauvaisienne de vivre un ramadan « sous le signe de la charité ». CNews décroche la palme avec pas moins de huit articles consacrés au ramadan en l’espace d’un week-end. Des idées de recettes pour rompre le jeûne, à l’économie tournant autour du mois sacré, en passant par les règles religieuses entourant cette période, le média détenu par le groupe Canal de Vincent Bolloré a de quoi faire rougir Al Jazeera.
Dans les écoles aussi, il faut désormais s’adapter à cette nouvelle tradition. Certains établissements distribuent des feuilles d’information aux parents pour qu’ils indiquent si leurs enfants doivent respecter le « jeûne ». Laïcité oblige, on ne parle pas de ramadan, juste de « jeûne ». Dans les centres commerciaux, on soigne sa clientèle. C’est ainsi que les enseignes de grandes surfaces sautent sur l’occasion pour mettre en place des promotions sur les produits d’Orient comme les traditionnelles dattes, le lait fermenté ou les viandes halal. De grands encarts publicitaires annoncent ces offres spéciales en encourageant les clients à « enchanter son ramadan », comme l’affiche le magasin Carrefour de Cusset, dans l’Allier.
La barbe contre la jupe
A Paris, mesdames, il n’est plus garanti de pouvoir prendre le bus si vous êtes vêtues d’une jupe. C’est la mésaventure vécue par deux jeunes femmes, le 30 avril dernier au soir, rue de Crimée (XIXe arrondissement). L’histoire aurait pu rester dans l’anonymat si l’écrivain algérien et militant anti-islamiste Kamel Bencheikh, père de la victime, ne l’avait pas rapportée. Il témoigne : « Le bus s’arrête et elles se présentent à la portière. Le machiniste regarde ma fille et refuse d’ouvrir la portière. Le bus démarre et s’arrête vingt mètres plus loin. » La jeune femme rattrape alors le chauffeur pour lui demander des explications : « T’as qu’à bien t’habiller », lui aurait répondu le machiniste. L’islamisation de la RATP n’est pas une nouveauté, comme l’avait montré dès 2016 le témoignage Mahomet au volant(éditions Riposte laïque, 2016) dû à la courageuse machiniste Ghislaine Dumesnil – interviewée à plusieurs reprises parPrésent.
Devant le scandale causé par cette histoire de jupe, une enquête a été ouverte par la RATP qui lance un timide appel demandant à d’éventuels témoins « d’une scène particulière » de se manifester. Entendu samedi soir, le chauffeur reconnaît une « faute de service » mais refuse d’admettre la version telle qu’elle a été présentée dans les médias. Une procédure disciplinaire a été ouverte et peut aller jusqu’à la révocation. La RATP l’osera-t-elle ?
Etienne Lafage
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