À une vérité ténue et plate, je préfère un mensonge exaltant.
Le Conseiller aux Etats socialiste neuchâtelois Didier Berberat a manifestement de bonnes lectures puisqu'il a fait siens les mots de Pouchkine cités en titre. Dans le quotidien neuchâtelois de ce jour, l'homme évoque la directive européenne sur les armes et fait savoir que l'UDC a instrumentalisé les tireurs pour en faire les défenseurs de sa stratégie anti-européenne. Ce faisant, le personnage pratique avec brio cette malhonnêteté crasse qu'il dénonce dans son propos. Conscient qu'il n'y a rien de positif dans le texte en cause, M. le Conseiller aux Etats botte en touche en accusant l'UDC d'avoir associé le monde du tir à sa cause anti-européenne. Ce serait habile s'il y avait une once de vérité dans ce que le blagueur évoque. Il n'en est rien. Le référendum contre la directive sur les armes a été lancé par le milieu des tireurs, Fédération Suisse de Tir en tête, accompagnée de nombreuses organisations militant en faveur du maintien de notre droit libéral sur les armes. Evidemment, quand on n'a aucun argument à plaider en faveur d'un texte, on cherche à toucher l'électeur par un autre biais, fût-il fallacieux. C'est ainsi que notre charlatan fait du référendum non pas l'action politique d'une communauté consciente des répercussions que la directive ne manquerait pas d'avoir en cas d'acceptation mais une instrumentalisation d'hommes et de femmes manipulables à souhait. C'est un peu réducteur voire insultant de voir dans le milieu du tir un réservoir de suppôts UDC prêts à en découdre sur ordre. En fait, le texte porte un coup très dur non seulement au tir mais aussi et surtout à notre philosophie politique. La Suisse est née de la volonté de ses habitants, elle s'est construite petit-à-petit en associant des hommes et des femmes ayant choisi d'unir leurs destins. La Suisse n'est pas comme nombre de pays une étendue géographique sur laquelle vit un peuple mais une association de personnes liées par un pacte fondateur faisant d'elles des femmes et des hommes libres. Chez nous, le citoyen est un rouage du pays, un élément du système dont le rôle est essentiel au fonctionnement de l'ensemble. Elément constitutif de l'Etat, le citoyen n'est pas un individu dont il faut se méfier mais une personne en qui on a confiance puisque précisément rouage d'une machine qui fonctionne plutôt bien si on en juge par l'état des pays qui nous entourent, notamment la France.
Avec sa directive, la Commission européenne entend lutter contre le terrorisme, chose que bientôt plus personne ne prétend dans la mesure où tous les attentats commis au moyen d'armes à feu l'ont été avec des armes déjà interdites. Ce n'est pas en durcissant une loi mal appliquée qu'on la renforce mais en l'appliquant avec rigueur, terme guère en vigueur dans le monde politique. Marseille est à cet égard un bel exemple avec ses fréquents assassinats quand bien même la France est en état d'alerte. En fait, le texte ferait de nous non plus des hommes et des femmes libres et responsables, unis par choix dans une communauté de destin mais de potentiels criminels volontiers enclins aux pires comportements. Il est vrai que la criminalité sévit dans notre pays mais elle est le plus souvent importée. En acceptant la directive de M. Juncker, nous choisirions en toute indépendance de renoncer à notre indépendance et de nous déclasser, passant de citoyens à administrés. La différence est de taille, le citoyen décide, l'administré subit.
Bien évidemment, voir les choses telles qu'elles sont ne les rend pas très attractives, il faut donc trouver d'autres arguments. M. Berberat joue donc comme nous l'avons vu sur le réflexe anti-UDC pour amener le bon peuple à sa cause. C'est de bonne guerre mais comme le disait Kipling, la première victime d'une guerre, c'est la vérité.
Paix à son âme !
Yvan Perrin, 20.4.2019
À une vérité ténue et plate, je préfère un mensonge exaltant.
La démocratie, c’est vous … nous tous sans aucune préférence
OLIGARCHIE: Une oligarchie est une structure de pouvoir qui permet à quelques entreprises, familles, individus ou partis politiques de gouverner. Ils ont assez de pouvoir pour se tourner vers le comté pour bénéficier de l’exclusion d’autres membres.
Ce que tu as m’appartient et tout ce que j’ai ne t’appartient pas.
Vous dites “En acceptant la directive de M. Juncker, nous choisirions en toute indépendance de renoncer à notre indépendance et de nous déclasser, passant de citoyens à administrés. La différence est de taille, le citoyen décide, l’administré subit”.
EXCELLENT bien que je ne sois pas citoyenne Suisse. Mais cette phrase concerne tous les européens.
L’UE n’est qu’une vaste machinerie administrative, qui nous déresponsabilise dans notre rôle de citoyen au jour le jour. Oui, nous avançons vers un “bel avenir” d’administrés.
A moins que les peuples ne se réveillent et que L’UE ne devienne plus qu’un mauvais souvenir.
Sortir les “administrés” européens de leur léthargie actuelle, c’est un peu comme si nous endossions le rôle de Sisyphe.
M. Perrin : votre article dit tout avec lucidité. Les propos minables motivés par l’ignorance de l’histoire, de la réalité, et par opportunisme politique – que leurs auteurs soient Conseillers aux Etats, ou autres – marqueront malheureusement grand nombre de citoyens votants. La souveraineté nationale est un acquit précieux que le trop grand confort de notre situation présente a fait oublier à nos concitoyens. Quand on vit parmis les loups, il faut aussi être un loup…
bravo tres belle article bien vu bien ecrit !!!