Éric Zemmour : «L’art enchaîné par le politiquement correct»

[A propos du dernier livre d’Isabelle Barbéris, L’art du politiquement correct, PUF 2019]

Le Figaro, 10.01.2019

La spécialiste du théâtre contemporain Isabelle Barberis publie une dénonciation du politiquement correct dans l'art. Avec la fièvre d'une convertie et le jargon de l'universitaire.

Nous vivons un moment exceptionnel dans la vie intellectuelle et éditoriale. Tous les sujets naguère interdits ou tabous ne le sont plus. Tout ce qui était ostracisé, sulfureux, «réactionnaire», «fasciste» est mis sur la table, ou plutôt sur papier. Immigration, islam, racisme anti-Blanc, féminisme, lobbys ethniques et sexuels, tout est déconstruit et mis en accusation. Des journalistes de «gôche», des maisons d'édition les mieux-pensantes s'y mettent avec l'enthousiasme des convertis.

Les uns sont sincèrement convaincus, les autres veulent seulement vendre des livres […] ; ils continuent de faire la leçon, même si leur leçon est à l'inverse de leurs anciens discours ; et osent poursuivre de leurs sarcasmes, les traitant de caricatures, idéologues, pamphlétaires, polémistes, ceux qui avaient pourtant vu ce qu'ils voient, mais des années avant eux. […]

Notre universitaire dénonce l'art contemporain dans un jargon épouvantable, abscons et prétentieux […].

Ceux qui ont eu la chance de voir le film The Square (qui a reçu la palme d'or au Festival de Cannes 2017) ont déjà saisi l'essentiel de l'ouvrage de notre universitaire, à savoir l'art contemporain saisi par le démon du politiquement correct : obsession de «l'inclusion» des prétendus «invisibles» ; antiracisme qui tourne au racisme anti-Blanc ; procès permanent des œuvres du passé au nom de l'idéologie d'aujourd'hui (sexisme, racisme, homophobie) ; utilisation des méthodes publicitaires au service du progressisme. Notre universitaire y ajoute dans la version française une dénonciation du colbertisme culturel […]: «Tout projet ne fournissant pas la démonstration (en langage administratif) de son haut dosage subversif s'expose au risque de ne pas exister. […] Les fachos arrivent, c'est le ministère de la Culture qui vous le dit. Fort heureusement, l'ambroisie de la subvention absout tout fascisme, c'est bien connu.» (*)

Isabelle Barberis donne des exemples connus (la fin de Carmen inversée pour que la femme tue l'homme) et d'autres qui le sont moins (une pièce ambiguë à la gloire de Mohamed Merah) ; elle pointe du doigt le Festival d'Avignon de l'an dernier […]. Elle dénonce la puissance des lobbys féministes, LGBT et antiraciste ; leur mégalomanie (le président du Cran qui se fait appeler «son excellence le premier ministre de la diaspora africaine mondiale»), leur mauvaise foi, leur racisme, leurs parrains étrangers (Rokhaya Diallo invitée par la Fondation Obama), et plus généralement cette contre-culture américaine qui nous impose son imaginaire et ses obsessions […].

Isabelle Barberis a bien compris la mécanique de nos nouveaux maîtres, le mélange des idéologies marxiste et identitaire, qui sont comme le nitrate et la glycérine, permettant le dynamitage des «Blancs» au nom de la lutte contre le capitalisme et de la France au nom de l'antiracisme. Une colonisation culturelle qui se fait au nom de l'anticolonialisme.

Notre universitaire n'ose pas encore le mot de décadence, sans doute pour éviter de passer pour une décliniste caricaturale, mais elle y vient: «La déglutition par les classes populaires d'images ultra-violentes dans les salles suréquipées qui bombardent le spectateur de stimuli de plus en plus agressifs est symétrique à la consommation par l'élite d'une culture de la pure négativité. L'un entretient l'autre. Jamais l'imaginaire n'aura produit autant de laideur de toute l'histoire de l'humanité.» […]

Article complet: http://premium.lefigaro.fr/vox/culture/2019/01/09/31006-20190109ARTFIG00285-eric-zemmour-l-art-enchaine-par-le-politiquement-correct.php (abonnés)

(*) Cenator : Les subventions sont une garantie de qualité, comme nous le rappelle ce débat du 9.01.2019 à la RTS : https://www.rts.ch/play/radio/forum/audio/une-lettre-ouverte-appelle-a-fixer-des-criteres-de-remuneration-pour-les-artistes?id=10108467 (8:50-9:10) !

*****

L’art « contemporain » est au mondialisme ce qu’était le réalisme socialiste au communisme. Lié au système, il ne disparaîtra qu’avec son écroulement.

Alain Paucard, extrait du 'Manuel de résistance à l’art contemporain'

5 commentaires

  1. Posté par Franibar le

    Que dire de plus ? l’Art dit Contemporain qui n’a rien d’artistique est une destruction de l’Art lequel était sacré . Il est l’équivalent de l’adoration du Veau d’Or à l’inverse de la vraie Spiritualité . C’est le règne de l’Artgent clinquant et vulgaire porté par les nouveaux riches de la mondialisation . Monde spéculatif imaginaire, grande bulle colorée sans âme qui a comme seul mérite d’être le reflet de notre époque materialiste.

  2. Posté par G. Guichard le

    De toute façon, ils peuvent s’y mettre. Ils sont démodés! Il faut ajouter écologique à tous ces sujets: féminisme écologique, immigration écologique, islam écologique, lobbys ethniques et sexuels écologiques

  3. Posté par Michel Vasionchi le

    Après tout, le politiquement correcte ….n’est qu’un bouclier de plus, pour les dirigeants de la démocratie verticale ,imposée par les mêmes élus du politiquement correct….est-ce l’ expression usée de la pensée circulaire …?

  4. Posté par Giotto le

    L’art contemporain démontre en tout cas à quel point le peuple est mouton, à quel point on peut lui faire gober n’importe quoi. Et ça fait peur ! Je ne me lasserai jamais de voir cette vidéo dans laquelle un poster Ikea à 10 Euros est évalué jusqu’à 2,5 millions Euros par des gugus (bobos !?) amateurs d’art :
    https://www.youtube.com/watch?v=4BlLX03OJRU

  5. Posté par Bussy le

    C’était inévitable que même les élites les plus éclairées allaient se rendre compte qu’on n’a pas le même sentiment devant un Rembrandt que devant un tas de sable avec une bouteille cassée dessus…..

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