Nouveau camouflet pour la Serbie vis-à-vis de la France ? Le président serbe Aleksandar Vucic a annoncé le 3 décembre en conférence de presse que son homologue français avait choisi de reporter sa venue. «Nous nous préparions pour la visite du président Macron. Malheureusement en raison de la situation et des problèmes auxquels il fait face, le président Macron m'a demandé de reporter de quelques semaines sa visite dans notre pays», a fait savoir Aleksandar Vucic.
Emmanuel Macron devait en effet s'envoler le 5 décembre pour Belgrade, où il devait rendre hommage aux défenseurs de Belgrade à l'occasion du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale. Mais la mobilisation des Gilets jaunes aura finalement eu raison de l'agenda présidentiel.
#GiletsJaunes : les moments forts de la journée de mobilisation du #1erdécembre à #Paris en images
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Cette visite s'annonçait pourtant importante. Aleksandar Vucic avait d'ailleurs promis un accueil «grandiose» à son homologue, expliquant : «Je vais inviter des milliers de nos concitoyens pour le saluer, lui montrer ce que c'est l'hospitalité serbe et comment nous voyons l'amitié.»
L'«humiliation» serbe, pas encore digérée ?
Et pour cause, la rencontre entre les deux hommes visait à désamorcer les tensions apparues après un couac lors des célébrations du centenaire de l'Armistice de 1918 à Paris. Le président de la Serbie, pays qui a payé un très lourd tribut lors de la Première Guerre mondiale, s'était en effet plaint de son placement par rapport à celui de son homologue kosovar, Hashim Thaçi.
On a merdé
Ce dernier avait été installé derrière le Russe Vladimir Poutine, l'Américain Donald Trump, le Français Emmanuel Macron et l'Allemande Angela Merkel, alors qu'Aleksandar Vucic avait été placé en face, dans une autre tribune. «Vous pouvez imaginer comment je me sentais», avait déclaré Aleksandar Vucic, expliquant avoir eu «la gorge serrée», selon des propos rapportés par les médias locaux. «Il me semble que je regardais tout le temps le sol et l'écran, ne croyant pas ce que j'étais en train de voir devant moi et sachant le sacrifice fait par le peuple serbe dans la Première Guerre mondiale», avait-il encore déploré.
Selon les historiens, la population de la Serbie est celle qui a, en proportion, enregistré le plus grand nombre de morts dans ce conflit : les trois quarts de ses soldats ont été tués ou blessés.
Côté français, on avait tenté de désamorcer la crise diplomatique, tant bien que mal, une source diplomatique française citée par l'AFP évoquant l'«amitié historique» entre les deux pays et saluant l'engagement de la Serbie dans la Première Guerre mondiale. De manière plus triviale, une autre source, un membre haut placé du service du protocole de l'Elysée cité par Le Figaro, avait avoué plus directement : «On a merdé.»
Gilets jaunes : un «geste» pour désamorcer la crise ?
Si le président de la République reporte sa visite en Serbie, c'est qu'il y est contraint par une grave crise politique en interne. Depuis plusieurs semaines, le mouvement des Gilets jaunes, né d'une révolte contre la hausse des prix du carburant, multiplie les actions et les manifestations dans toute la France afin de dénoncer la baisse du pouvoir d'achat.
Le 1er décembre, dernière mobilisation massive en date, les manifestants ont fait entendre leur ras-le-bol dans la capitale française, où de nombreuses violences entre casseurs et forces de l'ordre ont éclaté. Une quatrième manifestation est d'ores et déjà prévue le 8 décembre à Paris.
Face à la contestation qui se renforce, l'exécutif a promis un «un geste d'ouverture fort dans les prochains jours». Suffisant pour désamorcer la crise ? Les images de Paris en feu ont en tout cas fait le tour du monde, et Téhéran ou encore Caracas ne s'y sont pas trompés, appelant le gouvernement français à la retenue face aux manifestants.
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Il a raison de “remettre a plus tard” car il risque de se faire recevoir par les Gilets Jaunes Serbes.