Selon le dictionnaire, une offense est « ce qui blesse un sentiment noble, quelque chose de respectable. » Or, aujourd’hui, tout le monde dégaine son offense plus vite que son ombre. C’est devenu une posture très à la mode et un moyen de pression facile que de se placer dans la position d’offensé pour la moindre des choses.
De quoi s’offense-t-on ? D’une situation où un acte offensant a été commis délibérément à l’encontre de quelqu’un ? Même pas. On s’offense du fait d’être incommodé par un phénomène qui n’est en soi pas offensant mais qui est cependant jugé offensant par celui qui se considère offensé.
Juger offensant pour soi ce que fait autrui pose la question de la simple liberté de pensée, de parole et d’action. Comment vivre si mes actions offensent, à mon corps défendant, quelqu’un sans que mon intention soit de l’offenser ? Si l’on ne cherche pas à comprendre l’intention derrière l’acte jugé offensant, si cet acte est en fait un acte accompli sans intention d’offenser, l’intolérance de l’offensé qui persiste à se sentir offensé amène à la négation du droit de l’autre.
Le politiquement correct est allé tellement loin dans les interdits de tout poil que chacun, aujourd’hui, se sent immédiatement offensé. Un domaine sur lequel le gouvernement pense à légiférer est celui de la glottophonie : le fait d’imiter un accent (et de se moquer ainsi de quelqu’un) peut passer pour offensant et pourrait devenir amendable. Ainsi, tout groupe ou minorité qui se juge offensé peut revendiquer le droit au respect d’autrui pour des choses qui ne posaient pas de problème jusqu’à récemment. Alors, fini de parler avec d’autres accents que le sien propre ?
Dans le domaine religieux également, l’offense se manifeste tous azimuts. Le problème de l’interdit alimentaire est très intéressant de ce point de vue-là : souvenons-nous de cette époque guère lointaine où les catholiques mangeaient du poisson le vendredi afin de « faire maigre ». La viande n’était pas jugée impure mais on faisait le sacrifice de la viande le vendredi.
Cela n’a jamais offensé quiconque et il n’y a jamais eu de guerre du poisson le vendredi en France. Ceux qui n’en voulaient pas se contentaient d’un autre menu, végétarien ou autre. Mais le poisson dans les cantines n’a pas créé de violence sociale ou religieuse.
Aujourd’hui, une cantine qui fournit plusieurs menus dont un menu avec du porc n’a rien d’offensant dans la mesure où quiconque peut manger selon son choix. Les cantines qui bannissent la viande de porc cèdent à l’argument de l’offense sensuelle : c’est par les sens de la vue et de l’odorat que l’offense parvient à l’offensé. Alors même que ce dernier n’est jamais obligé de manger la viande de porc.
L’offense sensuelle par le porc impur : si être exposé à voir, sentir ou toucher du porc suffit à être offensé, la personne offensée devrait quitter le sol français : en effet, il est impossible de vivre sans offense constante tant le porc fait partie du patrimoine culturel français. Pour un musulman, venir s’enfermer dans un pays comme la France relève d’une grande ignorance ou d’un grand masochisme.
Si l’on s’offense de la simple présence de quelque chose qui ne plaît pas, cela démontre un degré d’intolérance inouï et cela annonce un mode de vie qui devient invivable pour tous.
Avec la même attitude, quel non-musulman ne peut pas se sentir offensé par la viande halal ? On peut trouver très offensante sa simple existence et a posteriori la présence de la viande halal en France pour plusieurs raisons :
- la cruauté de la mise à mort et la souffrance de l’animal.
- le manque d’hygiène de l’abattage et les risques sanitaires qui en découlent.
- Le fait qu’en 2018, l’étiquetage halal ne soit toujours pas officialisé alors que dès 2013, un rapport de la sénatrice Sylvie Goy Chavent préconisait déjà cette mesure.
- Enfin, le fait qu’une partie du prix soit la taxe halal, dite taxe islamique, prélevée à l’abattage (10 à 15 centimes d’euros par kilo de viande). Cette taxe est utilisée pour financer le culte musulman à l’insu du consommateur. Que dirait-on si l’on imposait le denier du culte dans des conditions similaires ?
Transformer le non-respect d’un interdit en offense, c’est faire passer le poids de l’intolérance de celui qui s’offense à celui qui est accusé d’offenser.
Prévenir l’offense en effaçant l’élément qui pourrait la causer, telle semble être l’obsession principale du politiquement correct. Il n’y a pas de domaine qui ne soit absent de cette préoccupation. Les dernières manifestations dans le domaine alimentaire sont de bannir toute référence chrétienne dans des emballages traditionnels reproduisant des paysages ou des bâtiments : ainsi en est-il des produits grecs Eradinous. L’emballage de ces produits représente, entre autres, une église orthodoxe de l’île de Santorin. Or la coupole de la petite église est coiffée d’une croix blanche.
Cet exemple est symptomatique de l’hystérie autour de ce problème ainsi que de la stupidité – et de la cupidité – de certains PDG qui, pour satisfaire la soif inextinguible de ceux qui boivent politiquement correct, ne cessent de chercher à étancher cette soif en devançant leur désir et même leur besoin. En effet, Lidl et même Carrefour ont eux aussi commencé à effacer de l’emballage la petite croix blanche de la coupole.
Aujourd’hui, au lieu de pardonner à celui qui offense, on cherche à tout prix à culpabiliser celui que l’on désigne comme l’offenseur – même lorsqu’il ne l’est pas –. Ce dernier doit s’excuser ou demander pardon de l’offense qu’il fait à ceux qui se sentent offensés et n’ont aucun désir de pardonner mais d’exiger au contraire une attitude de contrition de l’offenseur. L’offensé se croit tout permis et en droit d’exiger.
Si l’on commence à s’offenser de tout ce qui choque un occidental dans le Coran avec son chapelet d’interdits, à commencer par le fait de bannir la musique, les animaux impurs, les représentations graphiques, l’alcool, la couleur rouge, les interdits alimentaires, vestimentaires, sexuels, etc., la vie deviendra très vite impossible. Pour arriver à respecter ce mode de vie, il faut vivre dans un pays musulman dont le rythme de vie est régi par les règles strictes et séculaires du Coran. Appliquer cela dans un pays occidental relève de la quadrature du cercle.
Si pour certains, l’offense doit être réglée par le bâton, pour d’autres elle l’est par le pardon, cette « option du coeur qui va contre l’instinct spontané de rendre le mal pour le mal » selon Jean-Paul II. Et si le pardon est une marche trop haute à franchir pour certains, il reste toujours la solution préconisée par Francis Bacon lorsqu’il écrit que « la vraie gloire de l'homme, c'est de mépriser les offenses ».
Betrand Hourcade, novembre 2018
image: www.new-unity.org
“Pour un musulman, venir s’enfermer dans un pays comme la France relève d’une grande ignorance ou d’un grand masochisme”… : ça relève plutôt d’une grande confiance en l’avenir et d’une grande patience…. ils savent que tôt ou tard, vu les dhimmis et autres vendus auxquels ils ont à faire, que l’Europe basculera dans la charia et qu’alors ils vivront comme ils le souhaitent.
D’ailleurs, à la vitesse où ça va, ils n’auront besoin que d’une petite patience….