Nos lecteurs. Aquarius : “Le verso du Verseau, ou les zones d’ombre de l’«Aquarius»”

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Merci à Th. Z.

Source et lien vers l'article : http://lecercle.bleublog.lematin.ch/archive/2018/10/21/le-verso-du-verseau-ou-les-zones-d-ombre-de-l-aquarius-1256164.html

Le verso du Verseau, ou les zones d’ombre de l’«Aquarius»

S’il est un pays qui doit offrir son pavillon au bateau, c’est bien l’Allemagne, son pays d’origine, voire la France.

Depuis qu’il s’est vu retirer son pavillon panaméen, le repêcheur de migrants Aquarius (Verseau) est techniquement un vaisseau pirate. Des élus suisses militent pour qu’il soit frappé de la croix blanche. Les arguments émotionnels accaparent le débat. Or on a assez vu, ces dernières années, où les émotions médiatisées ont mené les démocraties pour y réfléchir à deux fois.

Juridiquement, le Panama est dans son droit. Même le secours en mer obéit à des règles, et l’Aquarius les a enfreintes.

Politiquement, il n’est de loin pas sûr que l’émotivité de nos belles âmes soit partagée par une majorité de la population. Pourquoi le Conseil fédéral devrait-il ignorer à la fois la loi et le sentiment populaire pour venir au secours de cette entreprise franco-allemande?

Car l’Aquarius n’est pas une voile solitaire. Il y a derrière lui une flotte de dix navires, des sponsors puissants, dont les organisations Soros, et des infrastructures complexes chapeautées par l’organisation SOS Méditerranée, créée pour l’occasion. Depuis 2016, selon le site de l’ONG, des centaines de milliers de personnes ont emprunté cette passerelle. De tels chiffres relèvent de la démographie et non des fortunes de mer. Justifier l’activité de cette flottille en invoquant les lois régissant l’aide aux naufragés depuis le Moyen Âge est une mignardise romantique assez étrange. On peut aller à la pêche avec une canne ou un filet dérivant derrière un chalutier, mais est-il honnête de confondre ces deux outils?

Il convient donc d’ouvrir les yeux. À tous les échelons de cette initiative, on parle allemand. Allemand, Klaus Vogel, le fondateur de SOS Méditerranée et capitaine de l’Aquarius. Allemand l’armateur, une S.à.r.l. de Brême… dont les gérants seraient deux retraités tenant une pension de famille! Qui croira que ce sont les vrais patrons de ce navire dont l’entretien coûte 11 000 € par jour, sans les salaires (selon le site de l’ONG)? Auparavant, l’Aquarius appartenait aux gardes-côtes allemands, l’un des outils de Frontex (l’agence garde-frontière de Schengen). Tiens donc… et SOS Méditerranée est présidée par l’armateur Francis Vallat, ex-vice-président de l’Agence européenne pour la sécurité maritime, qui travaille en étroite collaboration avec Frontex. Purs profils d’humanitaires!

De là à voir dans l’Aquarius le cheval de Troie d’une opération de RP visant à remplacer la filière terrestre politiquement grillée par une voie plus acceptable (et surtout moins visible) d’importation de migrants, il y a un pas que nous ne franchirons pas. Nous noterons simplement que Mme Merkel a voulu et déclenché cette migration sans consulter personne, que cette décision lui a coûté très cher et que s’il est un pays qui doit offrir son pavillon à l’Aquarius, c’est bien son pays d’origine! Voire la France, qui en déstabilisant la Libye a ouvert la bonde au sud de la Méditerranée. Mais la fixation sur l’Aquarius étouffe la réflexion sur les responsabilités réelles de ce mouvement de populations qui est en train de faire éclater l’Union européenne.

Ces arguments, je sais, ne décourageront en rien nos belles âmes. J’ai publié jadis une belle enquête de Maria Pace Ottieri sur les premiers boat people débarquant en Italie. La journaliste les abordait avec sympathie, mais à partir de leurs destinées individuelles, non du point de vue de la statistique ou de la morale. Le livre n’a intéressé personne chez nous. Le visage réel de ces gens demeure toujours aussi flou. Ce qui «nous» intéresse, c’est uniquement l’usage qu’on peut faire d’eux dans nos affaires internes.

L’urgence humanitaire justifie tout! C’est ainsi qu’à la tête de nos avocats de l’Aquarius on trouve un tartuffe qui peut à la fois donner aux Suisses des leçons de morale humanitaire et se faire payer des voyages à Abu Dhabi par un «ami» faisant partie, selon la presse espagnole, d’une famille liée au trafic d’armes… Il serait intéressant d’avoir son opinion sur la moralité de la chose.

Slobodan Despot, éditeur

 

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