Brett Kavanaugh, prédateur sexuel: plus c’est gros plus ça passe

Stéphane Montabert
Suisse naturalisé, Conseiller communal UDC, Renens
post_thumb_default

Pour écarter un candidat gênant, les accusations d'agression sexuelles sont terriblement efficaces - parce qu'il n'y a même pas besoin de prouver quoi que ce soit.

Roy Moore

Fin 2017, le candidat républicain Roy Moore put s'en rendre compte lors de sa campagne en Alabama: dans la dernière ligne droite, un mois avant l'élection, jusqu'à neuf femmes lancèrent des accusations sur sa conduite supposée des décennies plus tôt - de 1970 à 1991. Lisons ce qu'en dit la RTS:

La femme, alors âgée de 28 ans, était venue le voir pour une affaire de garde d'enfant. En la raccompagnant à la porte, il lui a mis une main aux fesses. "Il ne les a pas pincées. Il les a attrapées", a-t-elle raconté.

Son témoignage s'ajoute à ceux de plusieurs femmes ayant côtoyé Roy Moore à partir de la fin des années 1970 dans l'Alabama, et qui ont rapporté des faits allant de baisers à des agressions sexuelles et attouchements, pour deux d'entre elles, la plus jeune étant alors âgée de 14 ans.

Roy Moore, s'estimant victime d'une cabale, refusa de se retirer de l'élection. Mais le doute s'empara d'une partie des électeurs, un nombre suffisant pour faire pencher la balance. Le candidat fut battu, sur le fil, par son adversaire démocrate. Après cet épisode, ces affaires disparurent de la vie publique, mais ne donnèrent lieu à aucune condamnation.

Roy Moore pourrait avoir été trente ans plus tôt un prédateur sexuel. Il pourrait aussi avoir été injustement traîné dans la boue à travers une machination montée par des adversaires politiques ne reculant devant aucune ignominie. Et dans ce dernier cas, le modus operandi serait tout trouvé: des "révélations spontanées" lâchées avec un timing impeccable un mois avant l'échéance.

Christine Blasey Ford

Que Roy Moore soit républicain, que les faits qui lui soient reprochés remontent au minimum à plusieurs décennies, que les accusatrices aient des liens avec les Démocrates et n'aient amené avec elles aucune preuve n'est certainement qu'une coïncidence avec le cas qui nous préoccupe.

Toujours est-il qu'en septembre 2018, un mois avant l'élection pour sa nomination à la Cour Suprême, Brett Kavanaugh fut lui aussi la cible de "révélations" quant à son passé. Le calendrier étant serré, la dénonciation anonyme fut rapidement dévoilée comme Christine Blasey Ford, accusant le juriste de 53 ans de l'avoir pelotée lorsque les deux étaient encore lycéens et mineurs.

usa,cour suprême,démocrates,républicains
Christine Blasey Ford et Brett Kavanaugh, image illustrant les articles de nombreux médias francophones. La juxtaposition du portrait posé d'une jeune femme souriante d'une vingtaine d'années et de la photo peu flatteuse d'un homme dans la cinquantaine et les yeux dans le vague est délibérée. Elle renforce l'identification du public avec la supposée victime et sous-entend une perversion liée à l'âge - alors que les protagonistes étaient tous deux mineurs au moment des faits allégués.

Les médias se jetèrent avec appétit sur l'affaire, susceptible de faire dérailler la nomination du juge juste avant les élections de mi-mandat prévues pour début octobre. Sans doute trop empressé d'informer le grand public, ils omirent ou passèrent comme chat sur braise sur un certain nombre de faits:

  • Trente-cinq ans plus tard, Christine Blasey Ford ne se rappelle pas le lieu de la "fête" où les attouchements eurent lieu. Elle ne se rappelle pas la date des événements. L'individu qu'elle cita comme témoin de la scène démentit catégoriquement ses propos, ainsi que la présence de M. Kavanaugh. Elle affirma qu'elle était alcoolisée au moment des faits. La seule chose dont elle semble se rappeler absolument est l'identité de son agresseur.
  • Christine Blasey Ford est une donatrice du Parti Démocrate et engagée à gauche.
  • Christine Blasey Ford enseigne la psychologie des Affaires sociales à l'université de Palo Alto. Mal notée par ses élèves, elle dispose néanmoins de toutes les compétences professionnelles pour s'adonner à une stratégie de manipulation.
  • Et elle s’est entourée de trois avocats travaillant depuis des mois à empêcher la nomination de Kavanaugh par tous les moyens, et selon toute apparence payés par George Soros.
  • Christine Blasey Ford prétend avoir entamé une "thérapie de couple" en 2012 pour se remettre de cette agression. Malheureusement, aucune preuve remontant à cette période ne permet d'étayer cette affirmation.
  • Christine Blasey Ford écrivit une lettre en juillet parlant d'une agression subie par elle trente-six ans plus tôt. Cette lettre fut envoyée à deux élues démocrates, dont la sénatrice de Californie Dianne Feinstein. Pendant un mois, Dianne Feinstein ne dit rien de cette accusation pendant l'examen de la candidature de Brett Kavanaugh. Elle n'en dit pas davantage lors d'un entretien d'une heure seule à seul avec Brett Kavanaugh. L'idée qu'elle ait gardé cette accusation dans la manche pour des questions de timing est évidemment pure spéculation.
  • Christine Blasey Ford prétend que depuis que son nom a été révélé elle "vit un enfer" et que des menaces de mort ont été proférées contre elles. Cependant, il n'existe aucune trace de ces menaces, et personne ne semble avoir été inquiété pour les avoir proférées.
  • Christine Blasey Ford ne porta pas plainte, ne se fit pas examiner par un médecin, ne relata pas cet événement dans un journal intime, ne le raconta ni à ses parents ni à aucun proche ou ami capable de corroborer cet épisode aujourd'hui.

On pourrait encore continuer longtemps sur l'histoire de Mme Blasey Ford et son exploitation par les Démocrates dans la nomination de M. Kavanaugh. Pour "témoigner" devant une commission du Sénat, la femme fit état d'une liste de demandes relatées par Guy Millière:

Christine Blasey Ford a demandé à ne pas aller à Washington : les gens du Sénat ont proposé de venir chez elle en Californie, ou dans un bâtiment officiel californien proche. Elle a dit ensuite que, finalement, elle viendrait à Washington. Mais trois fois de suite, la date ne lui a pas convenu. Puis après avoir accepté une date, elle a dit qu’elle ne pouvait venir en avion ou en train car elle ne supportait plus les espaces fermés depuis “l’agression” il y a trente-six ans. Elle s’est rendue à Hawaii récemment, et ne semble s’y être rendue ni en bateau ni en planche à voile. Elle a décidé de venir en voiture, mais a demandé à disposer d’une voiture plus confortable que la sienne, et a dû prendre le temps de la choisir. Elle a dû ensuite choisir la robe adéquate pour aller à Washington, et cela a pris du temps supplémentaire.

Elle formula également l'exigence de ne jamais se retrouver dans la même pièce que son prétendu agresseur, de parler en dernier, de connaître à l'avance les questions qui lui seraient posées, de ne témoigner qu'à l'issue d'une "enquête approfondie du FBI" - requête qui lui fut refusée...

Depuis, les "révélations" se succèdent - avec notamment deux nouvelles accusatrices et même une troisième pour l'instant, chacune venant avec des descriptions plus glauques les unes que les autres, laissant planer le doute sur l'absence de témoins, de plaintes, de preuves matérielles, évoquant à chaque fois des fêtes très alcoolisées mais pointant le candidat avec une certitude absolue. Les dénégations de M. Kavanaugh affirmant qu'il ne perdit sa virginité que vers vingt-cinq ans ne semblent guère entrer en ligne de compte, pas plus que le témoignage de 35 femmes avec qui il avait travaillé ou eu une relation, qui affirmèrent qu'il s'était toujours comporté en parfait gentleman.

Brett Kavanaugh, 53 ans, a été au service d'une carrière juridique impeccable. Il a été conseiller juridique de l'ancien président républicain George W. Bush. À chacune de ses six promotions, sa carrière d'adulte a été passée au peigne fin par le FBI, sans que rien ne soit découvert. Quant à Roy Moore, il avait lui aussi gravi les échelons jusqu'à être juge constitutionnel dans la Cour Suprême de l'Alabama, et soumis à pareilles vérifications.

L'avocat du diable?

Ne soyons pas aveuglés par les manœuvres dilatoires des Démocrates américains pour retarder l'élection d'un juge à la Cour Suprême. Il existe une possibilité non nulle que M. Kavanaugh soit effectivement un prédateur sexuel, ou l'ait été à la fin de son adolescence trente-cinq ans plus tôt, déclenchant une vague de dénonciations tardives.

Nous savons que cette possibilité existe parce que de nombreux exemples montrent les liens entre les positions d'influence et la perversité sexuelle - de Yannick Buttet à Harvey Weinstein ou Tarik Ramadan en passant par le plus ambitieux d'entre tous, Dominique Strauss-Kahn. Le destin tient à peu de choses: il s'en fallut de quelques minutes pour que l'avion de ce dernier ne décolle de New-York et le préserve du scandale de sa relation sexuelle imposée à une femme de chambre d'un hôtel de la Grande Pomme. Selon toute vraisemblance, il serait devenu Président de la République Française à la place de M. Hollande.

Dans ces conditions, pourquoi ne pas prendre pour argent comptant les femmes accusant Roy Moore ou Brett Kavanaugh? Il n'y a pas de fumée sans feu, n'est-ce pas? Mais le feu de qui, en l'occurrence?

Il y a des différences fondamentales entre les uns et les autres. Dans un cas, les accusatrices ont systématiquement des liens avec les adversaires politiques, dans l'autre elles viennent de tous horizons - y compris du propre camp idéologique du suspect. Mais la différence la plus nette vient de la chronologie des faits reprochés. Tant Roy Moore que Brett Kavanaugh furent mis sur la sellette pour des histoires remontant à trente ans ou plus. C'est comme si les deux pervers sexuels en puissance s'étaient soudainement calmés et assagis dans leur prime jeunesse, avant même que leurs carrières respectives ne décollent.

Il n'est pas invraisemblable que de jeunes hommes trop entreprenants se "rangent" et adoptent après des années d'excès étudiants une vie plus tranquille, mais ce schéma diverge fortement de celui du pervers sexuel qui associe le pouvoir à l'érotisme et profite de sa position pour exercer une pression de plus en plus forte sur ses collègues féminins. Dans ce cas de figure, les excès avancent avec le narcissisme et le degré atteint dans la pyramide sociale. Les exemples cités plus haut - Yannick Buttet, Harvey Weinstein, Tarik Ramadan ou Dominique Strauss-Kahn - continuèrent à imposer leurs pratiques sexuelles à des femmes non consentantes parfois quelques heures avant que le scandale n'éclate.

Corollaire de cette différence, lorsque l'affaire perce enfin les "langues se délient" et les témoignages se multiplient - de toutes époques et de tous horizons idéologiques, comme nous l'avons souligné. Aucun pervers sexuel ne se rajoute des difficultés en choisissant de ne s'en prendre qu'à des adversaires politiques. Et c'est à ce moment-là que le grand public découvre alors qu'en réalité "tout le monde savait". La perversité de certains était un secret de Polichinelle dans les milieux concernés, en particulier celui des journalistes. Rien de tel ici.

Un inquiétant virage

Nommé en 1991, le juge Clarence Thomas fut le premier à être accusé d'agression sexuelle juste au moment de sa nomination. Encore un Républicain, encore une accusatrice démocrate, encore un timing parfait. Sa réponse reste dans les mémoires. Les Démocrates comprirent alors l'intérêt d'amener plusieurs accusatrices.

Nous ne savons pas encore si Brett Kavanaugh sera élu juge de la Cour Suprême ou non, mais cette affaire laissera des traces. Dans la famille du candidat à la Cour Suprême, pour commencer. Dire que Brett Kavanaugh a été traîné dans la boue serait bien en-deçà de la réalité. L'affaire remet aussi en question la présomption d'innocence et l'exercice du droit: il n'y a plus de procès, plus de confrontation contradictoire, plus d'éléments à charge ou à décharge. Il suffit d'une volée d'accusations portant sur des faits invérifiables remontant à plus de trente ans et un individu parfaitement qualifié peut être jeté au rebut sans autre forme de procès.

Les Démocrates se sont lancés dans un pari extrêmement risqué. Quoi qu'affirment les sondages, il n'est pas certain que le citoyen américain se reconnaisse beaucoup dans les élucubrations de Mme Blasey Ford. La manœuvre pourrait ne pas réussir non plus: le vote se déroule au Congrès, entre des politiciens expérimentés, qui ne sont normalement pas aussi influençables que le quidam moyen. La volonté des Démocrates de jouer la montre est par trop évidente.

Que les Démocrates réussissent ou non, la carrière de Brett Kavanaugh sera définitivement entachée, et à travers lui la réputation de la Cour Suprême et la confiance du peuple américain dans ses institutions. Gageons que toutes les prochaines nominations républicaines verront surgir leur lot de "scandales de la onzième heure".

Et si Brett Kavanaugh l'emporte et rejoint finalement la Cour Suprême, espérons pour les Démocrates qu'il soit aussi bon juge qu'il doive l'être, parce qu'il est peu probable qu'il oublie la façon dont il aura été traité lors de sa nomination.

Stéphane Montabert - Sur le Web et sur LesObservateurs.ch, le 27 septembre 2018

2 commentaires

  1. Posté par Diablotin le

    Des ossements datant du paléolithique démontreraient qu’un de ses ancêtres a violé une autruche selon CNN 😉

  2. Posté par aldo le

    Agression 36 ans après…. Si vous lisez bien les déclarations de cette téléguidée par les Clinton-Obama, on sent bien qu’elle sait qu’elle risque gros à inventer des conneries, mais la pression de sa secte se fait sentir. Donc elle dit indirectement n’avoir pas subit un acte sexuel. C’était des copains beurrés dont un s’est mis sur elle juste pour mimer une situation. Et comme elle devait penser à l’époque que c’était suffisant pour faire des enfants, elle s’est enferrée dans l’idée d’avoir été violée. Depuis elle a tout de même réussi à en pondre deux… par une opération du Saint-Esprit. Peut être croit-elle qu’elle est toujours vierge? J’ai connu le même genre de connasse américaine dans situation absolument pas tactile. Ce n’était que du verbiage pour se moquer d’une fille tellement moche et lui faire croire qu’on s’y intéressait, sans même que ce soit cru ou vulgaire. Elle a réagit comme une folle hystérique. C’était pitoyable de voir cette cruche croire à je ne sais quoi de possible. On sentait que pour elle que l’idée même de sexualité devait être un tabou total, une honte inexprimable.

Et vous, qu'en pensez vous ?

Poster un commentaire

Votre commentaire est susceptible d'être modéré, nous vous prions d'être patients.

* Ces champs sont obligatoires

Avertissement! Seuls les commentaires signés par leurs auteurs sont admis, sauf exceptions demandées auprès des Observateurs.ch pour des raisons personnelles ou professionnelles. Les commentaires sont en principe modérés. Toutefois, étant donné le nombre très considérable et en progression fulgurante des commentaires (259'163 commentaires retenus et 79'280 articles publiés, chiffres au 1 décembre 2020), un travail de modération complet et exhaustif est totalement impensable. Notre site invite, par conséquent, les commentateurs à ne pas transgresser les règles élémentaires en vigueur et à se conformer à la loi afin d’éviter tout recours en justice. Le site n’est pas responsable de propos condamnables par la loi et fournira, en cas de demande et dans la mesure du possible, les éléments nécessaires à l’identification des auteurs faisant l’objet d’une procédure judiciaire. Les commentaires n’engagent que leurs auteurs. Le site se réserve, par ailleurs, le droit de supprimer tout commentaire qu’il repérerait comme anonyme et invite plus généralement les commentateurs à s’en tenir à des propos acceptables et non condamnables.

Entrez les deux mots ci-dessous (séparés par un espace). Si vous n'arrivez pas à lire les mots vous pouvez afficher une nouvelle image.