« Si j’avais une politique des réfugiés comme celle de votre chancelier, les gens me chasseraient de mon poste le jour même », a déclaré le Premier ministre hongrois Viktor Orbán vendredi dans une interview pour le quotidien allemand Bild. Deux jours plus tard, l’édition du dimanche du quotidien Die Welt publiait un article à propos d’un rapport de la police fédérale auquel ses journalistes avaient eu accès. Ce rapport nous apprend qu’au 31 décembre 2017 la police allemande était à la recherche de 126 327 étrangers faisant l’objet d’un ordre d’expulsion. Où sont-ils passés ? Personne ne le sait, mais il est certain qu’une partie d’entre eux, informés de la décision concernant leur expulsion, vivent désormais dans un autre pays de l’espace Schengen comme la France, par exemple. Si la Grèce est l’homme malade de l’euro, l’Allemagne est l’homme malade de l’espace Schengen. Entre 2016 et 2017, Berlin a refusé l’asile à plus de 406 000 immigrants illégaux mais n’en a expulsé que 49 300.
L’Allemagne n’est bien sûr pas le seul pays dans cette situation. Pour toute l’UE, le pourcentage de décisions de rapatriement qui débouchent réellement sur un rapatriement de l’immigrant ayant franchi illégalement nos frontières oscille entre 24 et 34 % pour les personnes originaires d’Afrique de l’Ouest et n’est que de 15 % pour celles originaires d’Afrique centrale et orientale. Pour le Maroc, l’Algérie et la Tunisie, qui ne sont pourtant pas des pays en guerre, pour 39 219 ordres de rapatriement émis en 2017 il n’y a eu que 13 641 rapatriements réels, le principal problème étant l’obstruction opposée par les pays d’origine, mais aussi le manque de volonté réelle des pays européens. Ces chiffres pour l’UE sont donnés dans le dernier rapport d’analyse des risques de l’agence Frontex. Celle-ci met une fois de plus en garde les gouvernements de l’UE, comme elle le fait depuis plusieurs années, que la non-expulsion des personnes déboutées du droit d’asile est un facteur d’attrait essentiel pour les candidats à l’émigration du continent africain. La France fait, comme l’Allemagne, partie des hommes malades de l’espace Schengen : 84 675 ordres d’expulsion émis en 2017, mais seulement environ 14 000 étrangers en situation irrégulière réellement expulsés (en comptant ceux expulsés de Guyane), les autres étant laissés libres de leurs mouvements.
Un des éléments de la solution, ce serait bien entendu de maintenir dans des centres de détention tous les immigrants illégaux avec une demande d’asile en cours ainsi que ceux dont la demande a été refusée, en attendant leur expulsion. C’est ce que faisait l’Espagne jusqu’à récemment, ce que fait désormais la Hongrie et ce que prévoit de faire bientôt l’Italie. Mais la France et l’Allemagne s’y refusent. Pourtant, selon un sondage de mai, 77 % des Allemands y seraient favorables.
Die Welt nous apprenait également dimanche que 3 151 mandats d’arrêts non résolus concernaient des personnes recherchées pour leur « idéologie religieuse », c’est-à-dire des musulmans radicaux (« islamistes », en novlangue). Le même journal nous avait d’ailleurs appris quelques jours plus tôt que le nombre de musulmans radicaux surveillés par le contre-renseignement allemand avait en 2017 dépassé pour la première fois la barre des 10 000, dont 1 880 seraient susceptibles de commettre des actes terroristes !
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