Au vu du succès obtenu lors de la conférence de presse où il est brillamment parvenu à mettre en difficulté l'entreprise de sécurité au sein de laquelle j'assumais certaines responsabilités, Thierry Grosjean n'entend pas en rester là mais profiter du filon jusqu'à son épuisement.
J'ouvre une parenthèse pour préciser que le comportement du chef du Département de l'économie a placé la société dans une situation très inconfortable. Dans ce domaine, la confiance est essentielle, il est donc évident que l'annonce tonitruante, bien relayée par les médias, n'était pas de nature à faciliter la croissance de l'entreprise. Il fallut d'urgence prendre diverses mesures pour rassurer et, fort heureusement, le dégât d'image ne fut pas aussi terrible qu'envisagé. Il n'en demeure pas moins que vu la résonnance de la conférence de presse qui mêlait autorités exécutive et pénale, la société vécut des heures difficiles. Le 18 février 2013, la RTS signalait que la société avait abandonné son mandat à Perreux par suite des événements dont nous parlons. Cette décision a fait grand bruit. On apprit ainsi que Thierry Grosjean souhaitait maintenir la société en fonction moyennant le remplacement des agents concernés. Compte tenu du battage médiatique et des accusations formulées par le même, il était évident que si le Conseiller d'Etat maintenait sa confiance envers nous, l'inverse n'était plus vrai.
Parenthèse fermée, j'en reviens donc à Thierry Grosjean qui réclame l'ouverture d'une enquête administrative confiée au magistrat Christian Geiser, homme d'une irréprochable droiture au service de qui j'ai eu la chance de faire mes premières armes d'inspecteur à La Chaux-de-Fonds. Dans son rapport, l'enquêteur précise le cadre des investigations dont il est chargé par les mots suivants :
« Dans le cadre de votre mandat, je souhaite que vous évaluiez les faits et comportements qui sont reprochés aux trois collaborateurs susmentionnés du SMIG visés par l'instruction pénale. Je vous remercie en particulier d'examiner et de m'indiquer de façon motivée si, de votre point de vue, ceux-ci ont ou non respecté leurs obligations professionnelles, de fidélité et de diligence notamment, envers leur employeur, compte tenu de leur contexte professionnel, des instructions de l'employeur et des obligations de l'Etat envers les requérants dont il a la charge. Je vous prie également d'évaluer le respect par le Service de ses obligations légales et morales envers ces derniers et de vérifier que les instructions données par le service à ses collaborateurs sont suffisantes dans ce contexte d'activité. Si, dans le cadre de votre enquête, vous deviez être amené à mettre en évidence des dysfonctionnements au sein du centre d'accueil de Perreux ou du SMIG, je souhaite que vous m'en fassiez part et que, dans la mesure du possible, vous me proposiez des mesures d'amélioration. » (…) « Il est important que votre enquête puisse être menée dans les meilleurs délais, afin que je puisse rapidement prendre les mesures qui pourraient s'imposer. J'attends donc votre rapport d'ici à la fin-mars.»
L'homme est manifestement pressé, il veut rétablir l'ordre à Perreux, ceci dans le respect de la loi et des requérants dont il assure l'accueil en sa qualité de Conseiller d'Etat. Il est vrai que certaines mesures présentaient un caractère d'urgence mais les esprits chagrins virent dans cette hâte peu coutumière une légère arrière-pensée moins noble mais plus politique. Cela dit, comme nous le verrons, l'officier Grosjean vise mal puisque l'obus dont il se réjouissait lui revient en pleine face. Christian Geiser se met donc au travail conformément au mandat reçu. Il avance vite et efficacement, entend de nombreux protagonistes, étudie divers documents nécessaires en vue de répondre à la requête du Chef de département.
Yvan Perrin, 19. 7. 2018
Premier article sur le sujet, ici
Asile, sexe et politique. Le Centre d’accueil de Perreux (2) . Màj avec rapport anonymisé 11.7.2018
Gros Jean comme devant semble être l’expression ancestrale qui correspond le mieux à cet ex Conseiller d’État qui s’en est retourné à sa vigne.
Être Gros-Jean comme devant. Selon Expressio.fr : “autrefois, un Gros-Jean était un rustre ou un niais et devant était compris comme avant. Un Gros-Jean qui n’arrivait pas à comprendre quelque chose même, après qu’on lui eu donner des informations susceptibles de l’aider, était donc aussi stupide après qu’avant”. Cette expression prend tout son sens avec la réaction actuelle ainsi qu’à l’époque du rapport volontairement passé à la trappe par cet ex-conseiller d’État donne raison à ce qu’écrit M. Perrin.