Les Observateurs avaient relevé les déclarations de M. Hodgers au mois de mars dernier, celui-ci s'employant à convaincre ses homologues parlementaires de la nécessité de "réfléchir à la manière de convaincre les autres 98% de demander la nationalité helvétique", regrettant un taux de seulement 2% d'étrangers disposés à en faire la demande. "Le corps politique, à l’image du corps économique, a besoin de ce sang frais", ajoutait-il.

Aujourd'hui, ce même revient à la charge, sur les ondes de Forum, déclarant en guise de justification que "les étrangers représentent 27% du PIB", sans plus de considération pour le poids qu'ils pourraient aussi bien exercer sur les assurances sociales; sans parler, bien sûr, de la criminalité. Une incohérence relevée d'ailleurs au Parlement: "Le flux migratoire ne va pas sauver l'AVS et l'AI", s'exclamait il y a peu le PLR Alain Ribaux.

L'UDC valaisan Oskar Freysinger lui répond:

"35'000, ce n'est quand même pas rien, attention, c'est quand même une ville comme Saint-Gall qui se naturalise toutes les années.

[...] Nous avons effectivement des exigences. Pourquoi avons-nous des exigences lorsque nous transmettons le passeport ? J'en ai transmis d'ailleurs 600 à deux reprises [...] Et bien, j'ai envie, quand je transmets ce passeport, j'ai envie de donner à ces gens quelque chose en main qui a de la valeur [...] En Suisse le passeport a une valeur."

Hodgers de répliquer que le passeport n'est en rien attractif et de prendre l'exemple des... Etats-Unis en matière d'immigration.

Pas de vrai besoin

On bascule de l'autre côté du miroir, quand le Vert genevois en vient à justifier de la situation par le fait que les étrangers seraient "si bien intégrés qu'ils n'ont pas besoin du passeport suisse". Il valait donc bien la peine de s'insurger, des années durant, contre la xénophobie et le racisme dans ce pays pour en arriver à faire ce constat. De l'art de changer d'opinions au besoin sans jamais se faire attraper.

M. Hodgers milite en somme pour le droit du sol et en vient à déclarer "vexatoire" la procédure légale d'accession à la citoyenneté d'un Etat démocratique qui, d'ailleurs, ne s'est pas montré avare de ses dons à son intention. Tant de gratitude confond.

L'on atteint enfin au délire lorsqu'il assure qu'il ne voudrait pas que "les gens deviennent suisses" par "intérêt" mais "tout simplement par amour pour la Suisse"; slogan PLR quand tu nous tiens. Quelques minutes plus tôt (01:34), il déclarait "préoccupant" et "vexant" que "les étrangers s'intéressent très peu à notre passeport", il y a quatre mois, il voulait trouver de nouveaux moyens de les convaincre de leur intérêt à demander la naturalisation, voilà que la notion même d'intérêt s'évapore pour laisser place à... l'amour. Le jeune Conseiller, qui paraît très remonté contre son interlocuteur (06:23), peine à répliquer et patauge pour finalement ne plus s'embarrasser de cohérence. "Oskar Freysinger mélange tout", conclut-il, ce doit être cela...

La conclusion, la vraie, sera à la partie adverse:

"Etre suisse, c'est une question d'idée, de conviction. Ce n'est pas une question de couleur de peau, de race, de je ne sais quoi. C'est une simple question de partager une certaine idée de la démocratie, qui pousse le peuple à avoir un pouvoir extrêmement étendu, et ça c'est unique au monde et ça mérite d'être protégé."

Forum RTS 23.07.2013