Slobodan Despot aime à lire des romans atroces à la plage
L’art et le toc
Dans le Nouvelliste du jour:
"Lorsque la procession des horreurs m'hypnotise avec ses répétitions amples et obsessionnelles rappelant une Passion de Bach, je glisse le pavé sous ma nuque, me tourne vers le ciel et ferme les paupières pour laisser le soleil m'inonder les yeux comme un halo rouge.
J'entends d'ici les rombières qui s'éventent avec Marie-Claire: «Quelle idée pour une lecture de plage!» Mais l'art a cet avantage sur le toc qu'il transfigure la réalité la plus sordide et nous ouvre l'âme à des horizons inattendus. Qui reprocherait à Baudelaire d'avoir chanté une charogne dans ses Fleurs du Mal, ou à Lynch d'entamer son film culte Blue Velvet par un gros plan sur une oreille coupée? Bolaño consacra ses dernières énergies de cancéreux à ce livre-cathédrale, ce livre-catacombe, ce réseau de destins et de correspondances entortillé comme un système neuronal. Son univers en apparence absurde respire et pense par lui-même et nous fait penser quand nous nous y abandonnons."
Allez hop, on va piquer une tête !
Ou encore:
"J'ouvre alors les yeux et je regarde autour de moi. Violations de la vie privée, manipulations, irresponsabilité, impunité, complaisance, hypocrisie. Nous sommes tétanisés par notre propre effondrement civique et moral. La veulerie est identique, moins les cadavres de pucelles, mais ce n'est qu'une question de temps. Il n'est pas loin, le désert de Sonora: il est en nous."
Besoin de vacances ?
Et vous, qu'en pensez vous ?