La chronique de Pascal Décaillet
« Je voulais la solution A, mais que voulez-vous, mon partenaire de négociations exigeait la solution B, alors nous avons adopté la solution B ».
Cette énormité diplomatique, qui n’est autre que l’aveu d’une déculottée, Mme Widmer-Schlumpf l’a osée, en fin de matinée, à Paris. Vaincue, mais souriante, elle s’est exprimée aux côtés de celui qui emporte la mise, son homologue Pierre Moscovici, ministre français des Finances.
C’est ce qui s’appelle avoir la capitulation heureuse. Pendant que les Français pourront entonner le Chant du départ, la « Victoire en chantant », nous, Suisses, minuscule pays de 8 millions d’habitants, nous aurons tout le temps de déchanter dans la défaite. À chacun, sa petite musique.
Mme Widmer-Schlumpf est sans doute une excellente technicienne du monde de la finance publique. Mais il y a un détail : a-t-elle bien saisi, intégré en son for, qu’être ministre, a fortiori négociateur à l’extérieur, c’était défendre au plus près les intérêts supérieurs de son pays, et de lui seul ? Lorsqu’elle nous sort, à Bercy, devant M. Moscovici, que la Suisse aurait préféré garder la convention de 1953, mais que cette dernière « ne correspond plus à la volonté conventionnelle de la France », on a tous envie de lui répondre que la « volonté de la France », on s’en fout un peu, et qu’on préférerait qu’on nous parle avec un peu plus de fierté et de détermination de celle de la Suisse.
Puisse le Parlement réserver à cet armistice le même sort qu’à la Lex USA, ce qui, cette fois vraiment, aurait valeur de motion de censure. Puisse aussi notre presse prêter quelque attention à la puissance montante de la colère de l’opinion publique contre Mme Widmer-Schlumpf, mais aussi au fond contre le Conseil fédéral en tant qu’instance: les errances de l’Ambassadeur Rossier, donc de son patron Didier Burkhalter, dans l’affaire de la Cour européenne de justice ne valent pas mieux. Ces gens-là ne servent pas au mieux l’intérêt supérieur de notre pays, et j’use ici de mots encore bien faibles.
La presse, oui. Une certaine presse, comme le Temps, qui multiplie, ces jours, les regards de Chimène pour tout ce qui nous est hostile. Mais ne donne guère, en contrepartie, la parole à ce qui serait révolte, colère d’une bonne partie de la population suisse. Exemple : ce matin encore, tapis rouge déployé sous les pieds de l’Ambassadeur de France en Suisse, Michel Duclos, lequel nous assure que « la France ne n’est pas montrée pressante et a respecté la souveraineté suisse ».
Si l’Ambassadeur de France le dit, cela ne peut être que vrai. Et méritait assurément d’être publié tel quel, sans la moindre mise en contexte, le matin même de la signature. Comme une préparation d’artillerie. Les consciences, ça s’aiguise. Les baïonnettes, aussi.
Pascal Décaillet
Première publication sur http://pascaldecaillet.blog.tdg.ch/
Mon post précédent :” le PDC ayant les élections nationales de 2015 en mire :”
“En ligne de mire ” ..évidemment
Excellent article , Monsieur Decaillet.
Une fois de plus Mme EWS s’en est allée à Canossa. Elle ne connait pas d’autre but de promenade.
Comment voulez-vous, M. Decaillet que la presse et surtout “Le temps” auquel vous faites référence, puisse ” prêter quelque attention à la puissance montante de la colère de l’opinion publique contre Mme Widmer-Schlumpf,”, elle ( la presse)qui a applaudi à son élection et s’est réjoui avec délectation de l’éviction de M. Blocher?! La presse ne peut se désavouer ! Avouer qu’elle s’est trompée, fourvoyée ? Ce serait si extraordinaire que la terre se mettrait à tourner dans l’autre sens !
@M. Vuillomenet, si l’UDC était moins seule et moins critiquée voire même bannie par ses partis frères (*), peut-être aurait-elle- et aurait-on – plus de chance d’être entendue !
Nous nous gargarisons du fait d’avoir un système politique des plus démocratiques, et nous avons raison jusqu’à un certain point : s’il est vrai que l’élection du CF par le peuple était risquée, le fait que nous ne puissions pas éjecter un ministre en cours de mandat pour incompétence et incapacité à défendre les intérêts du pays et que ce poste soit octroyé quasiment à vie , est une immense lacune dans notre système démocratique.
J’imagine – ce que ne peut faire Mme EWS car ignorante de la “culture” française -M. Moscovici et ses pairs se roulant par terre de rire .
(*)Voir ce qu’il se passe dans le canton de Fribourg dans le cadre de l’élection à la succession d’Isabelle Chassot en vue d’une alliance des partis bourgeois , le PDC ayant les élections nationales de 2015 en mire :
“Il (l’organe du PDC) aurait exigé que l’on pose des conditions à l’ÛDC, lui demandant en particulier de prendre ses distances avec le programme du parti suisse, notamment sur la question européenne et les bilatérales ” (La Liberté du 9 juillet)
Le PDC ne s’alliera donc pas avec le diable; il préfère laisser élire le PS qui lui, on le sait, est le Bon Dieu.
Pour cela, Andrea, il faudrait soit une initiative populaire, soit une proposition parlementaire. Je doute que cette dernière aboutisse à quelque chose de positif vu qu’il semble que c’est la politique des petits copains, copains-coquins!
Nous venons récemment de voter une initiative mal ficelée de l’UDC sur l’élection du CF par le Peuple. Il serait donc bien qu’ils revoient leur copie assez rapidement pour la faire passer devant le Peuple et mettre les moyens pour son acceptation.
Je prends le risque de me répéter: “Il serait temps d’instituer une dispositif de mise en examen, en vue de destitution par le Parlement, des Conseiller Fédéraux qui ne se donnent pas les moyens de mettre en oeuvre les lois issues de la volonté populaire (voir expulsion des criminels étrangers) ou qui sont soupçonnés d’engager le Pays dans des accords avec tiers par des mesures qui contournent la constitution, notamment en matière de réferendum obligatoire.
Ceci avec la plus grande urgence!”
Excellent article
Excellente analyse. Il semblerai en plus que la délégation Suisse a dû attendre une heure pour être reçue par nos amis Gaulois! Une forme de gifle diplomatique à la Suisse. La France veut quelque chose et c’est nous qui lui couront après, bizard! EWS est une véritable catastrophe pour notre pays, il faut se souvenir de ceux qui l’on élue, ils sont corésponsable.