Angela Merkel fait les yeux doux à l’Afrique

Dans le cadre de la présidence du G20, Berlin multiplie les partenariats. La chancelière veut réduire le risque de crise migratoire

« Exiger et encourager ». Douze ans après, cette devise qui avait guidé les réformes du marché du travail en Allemagne est reprise par le gouvernement d'Angela Merkel pour sa politique de coopération avec l'Afrique. Dans le cadre de sa présidence du G20 , l'Allemagne a signé lundi des « partenariats réformateurs » avec trois pays africains, qui s'engagent à se réformer en échange d'investissements.

« Nous voulons créer de nouvelles incitations pour les Etats les plus réformateurs, a expliqué le ministre allemand du Développement, Gerd Müller. Ceux qui prouvent leur volonté politique de faire changer les choses pour leur pays et leur population bénéficieront d'un soutien accru. » Son ministère a débloqué jusqu'à 300 millions d'euros pour la Tunisie, la Côte d'Ivoire et le Ghana.

Cette initiative fait partie d'une vaste campagne de Berlin vis-à-vis de l'Afrique dans le cadre de sa présidence du G20. « S'il existe trop de désespoir en Afrique, il y a des gens qui se disent, 'nous devons aller chercher l'espoir ailleurs », a expliqué Angela Merkel lundi à Berlin lors d'une conférence avec des chefs d'Etats africains, les représentants de pays du G20 et d'institutions internationales et des patrons.

Crainte que la pauvreté continue de miner un continent en plein boom démographique

L'Allemagne a accueilli plus d'un million de demandeurs d'asile depuis 2015 , essentiellement de Syrie ou d'Afghanisthan. Si le flot s'est depuis tari, elle redoute qu'il reprenne alors que la pauvreté continue de miner un continent en plein boom démographique. La population africaine devrait doubler d'ici à 2050.

Si les accords signés par le ministère du Développement l'ont été sur une base bilatérale, le ministère des Finances a scellé dans le cadre du G20 des « partenariats d'investissement » avec les mêmes pays, plus quatre autres (Côte d'Ivoire, Maroc, Rwanda, Sénégal, Ethiopie). La philosophie est cependant similaire : il s'agit d'encourager les réformes et les investissements durables.Ici, le gouvernement n'entend pas investir mais apporter une expertise qui permette au pays de solliciter des investisseurs privés et des institutions dont le FMI. « L'accord avec l'Afrique est le synonyme d'une approche complètement nouvelle dans le développement économique », veut croire le ministre des Finances Wolfgang Schäuble, qui invite les autres pays du G20 à faire de même.

Christian Hiller von Gaertringen, consultant indépendant sur les questions africaines, voit dans le manque de moyens une faiblesse. « Le ministère du Développement a également lancé un plan Marshall pour l'Afrique sans mettre un euro dedans », observe-t-il, regrettant par ailleurs l'absence de dialogue entre l'Allemagne et la France sur ces sujets. Il y a un sentiment de compétition profondément enraciné de part et d'autre ».

Les pays africains sont eux-mêmes prudents. « On ne manque pas de projets ni d'inititives, mais de résultats », a déclaré Alpha Condé, le président guinéen qui assure la présidence tournante de l'Union africaine. Il estime à quelque 360 milliards de dollars les besoins d'investissements en infrastructure de l'Afrique d'ici 2040.

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6 commentaires

  1. Posté par Jean B le

    @ Vautrin :
    Excellente analyse. Merci.

  2. Posté par Vautrin le

    Admettons… Admettons que l’on trouve logique d’intervenir dans le développement des pays exportateurs de “chances ” (toutes très instruites, au top de la capacité productive moderne, on en conviendra); l’idée officielle est, bien entendu, qu’en aidant ces pays à se développer on fixera sur leur sol les candidats à l’invasion de l’Europe. Ce qui est d’ailleurs contradictoire avec l’autre idée officielle selon laquelle l’Europe a besoin de main-d’œuvre immigrée. Comprenne qui pourra !
    Seulement voilà : depuis le fameux “Soleil des Indépendances”,ce sont des milliards qui, sous toutes les formes, ont été englouties dans “l’aide au développement”. En pure perte : les structures tribales, la concussion, la prévarication, ont fait que cette manne n’a pas donné un atome de développement; c’est comme si l’on avait essayé d’arroser une dune de sable. Voyez, du reste, l’Afrique du Sud, riche sous les Blancs, et maintenant entrée en une féroce récession.
    On ne peut donc pas parler d’investissement en matière d’aide au développement. Mais concernant l’Allemagne de Merkel, je pense qu’il y a tout autre chose. Le Traité de Versailles avait privé l’Allemagne de ses colonies Africaines. Puis l’Angleterre et la France ont été évincées -concernant la France, nous avons connu un Ministère de la Coopération n’ayant produit aucun résultat positif durable. Les Américains et maintenant les Chinois sont arrivés : l’heure de l’Allemagne a sonné. Il s’agit de reconquérir un empire, commercial et industriel cette fois. C’est là le pragmatisme germano-luthérien qui se cache sous les bons sentiments.
    Au fond, qui pourrait les en blâmer ? Si nous étions moins imbéciles, nous ferions de même.

  3. Posté par Citoyen outré le

    @Bussy, pour avoir parcouru l’Afrique dans tous les sens durant 12 ans, j’ai constaté que les Occidentaux n’aidaient pas vraiment les pays dans lesquels ils s’implantent. Ils exploitent sans vergogne les sous-sols africains, dirigeant toutes les entreprises, sans que cela bénéficie aux populations locales: cuivre, phosphates, fer, bauxite, uranium… Presque tous les employés sont Occidentaux et vivent en vase-clos, dans des bases-vie bien gardées à l’abri de toute intrusion. Si l’on veut vraiment aider les Africains, on doit les laisser exploiter eux-mêmes leurs richesses, qui sont colossales, quitte à leur fournir des experts occidentaux, payés comme des employés, mais sous la direction des Africains. Il est vrai qu’il s’agira en tout premier lieu de lutter contre la corruption et les profiteurs en tout genre et mettre en place des structures bien organisées, ce qui n’est pas évident du tout. A mon avis c’est l’unique solution qui permettra une remigration et évitera l’exode vers un paradis imaginaire européen, au prix de bien des morts dus à des passeurs sans scrupules, qu’il faudrait mettre hors d’état de nuire, si possible définitivement.

  4. Posté par Jean B le

    « La chancelière veut réduire le risque de crise migratoire » !!! ??? 🙁

    Depuis maintenant deux ans qu’elle a ouvert grand ses frontières et celles de toute l’Europe, elle voudrait aujourd’hui nous faire croire qu’elle veut jouer et va jouer au pompier de service en réduisant des « risques ».

    La période de « risque » de crise est loin derrière nous.
    On n’en est plus à de simples « risques de crise migratoire », non…

    … ON EST EN PLEINE INVASION MIGRATOIRE…

    Tous ceux qui bossent sur des projets savent qu’il y a une étape incontournable qui est celle de l’analyse des risques.

    Donc pas de projet sans analyse des risques, OK.

    Et c’est seulement deux ans après le début de l’invasion – invasion orchestrée, parrainée et sponsorisée – que Merkel prétend se soucier d’une quelconque réduction de risque de crise migratoire ???

    FOUTAGE DE GUEULE !

  5. Posté par Vengeur le

    @ Bussy
    Aucun résultat….ou plutôt si, une aide pour venir envahir l’Europe…quand à la Grosse Bertha les allemands l’on voulue, qu’elle les fassent disparaître…

  6. Posté par Bussy le

    Elle ferait mieux de négocier une remigration massive des millions d’africains qui zonent dans le social en Europe, et utiliser les milliards ainsi économisés pour son soutien à l’Afrique, soutien conditionnel au contrôle des naissances.
    Maintenant…. ça fait depuis 40, 50 ou 60 ans que l’Occident “aide” l’Afrique… avec quel résultat ?

Et vous, qu'en pensez vous ?

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