Refus de l’élection du Conseil fédéral par le peuple: une Bérézina?

Uli Windisch
Rédacteur en chef

Plus précisément, la première préoccupation du Parlement fédéral doit être la suivante : certes proposer et élire des personnalités de poids et marquantes. Mais chaque parti politique doit faire cela non seulement chez lui mais avec les candidats de tous les autres partis, même pour les partis qui lui sont les plus opposés. Ensuite, chaque parti politique doit, bien entendu, être représenté proportionnellement à sa force électorale nationale. Maintenir délibérément un parti dans une position injustement sous-représentée fait du tort non seulement à ce dernier mais développe des aigreurs, conflits et tensions durables qui nuisent à l’ensemble du climat politique et surtout, une nouvelle fois, au poids politique de la Suisse au niveau international. L’application de ces principes élémentaires est cent fois plus importante que l’élection du CF par le peuple.

Comme il se doit, la plupart des responsables des partis politiques suisses se sont réjouis du refus massif de l’initiative de l’UDC proposant l’élection du CF par le peuple. D’aucuns ont même risqué le terme de Bérézina ! Avec les risques que comporte le fait de prendre ses désirs pour la réalité.

Sur Lesobservateurs.ch nous avons nous-mêmes et très tôt dit notre opposition totale à cette élection du CF par le peuple et cela de manière appuyée et longuement argumentée.

Ces mêmes responsables politiques ont très peu insisté sur le fait que l’UDC est pour beaucoup dans l‘acceptation encore plus massive de la loi visant à « durcir » la loi sur l’asile, en fait à diminuer le nombre de personnes cherchant par cette voie du travail en Suisse ou projetant de s’y livrer à des activités délinquantes, notamment. Bref, il s’agissait de chercher à diminuer les abus en la matière et de trouver les moyens permettant d’expulser ceux qui ne relèvent pas de l’asile, n’en déplaise à certains ; et cela afin de pouvoir accorder le statut de réfugié à davantage de personnes le nécessitant véritablement.

Personne bien sûr n’a relevé que l’UDC est l’acteur politique qui a plus œuvré dans ce sens et cela depuis de nombreuses années ; comme d’habitude on a préféré diaboliser et insulter ce parti. Avec, comme toujours, l’exact effet contraire. Donc même sans être UDC, on pourrait reconnaître ce fait et relever qu’il y a, au final, un échec et une réussite éclatante. Mais cela demande un effort surhumain à certains, impossible à gauche et chez les autres acteurs qui prétendent être les seuls  dotés d’une conscience et d’une fibre humanitaire. Le débat n’est pas nouveau et va continuer sans changement et sans la moindre autocritique. Cela d’autant plus que l’UDC, au soir même de l’élection, a déjà prôné de nouvelles mesures restrictives et qui seront, si elles ne sont pas appliquées rapidement, plébiscitées une nouvelle fois par le peuple. Ainsi va le combat politique lorsque les entêtements idéologiques l’emportent sur des réalités même très tangibles.

A propos du refus de l’élection du CF par le peuple, une autre « réforme » de cette élection par le Parlement devient par contre urgente et vitale pour assainir quelque peu le climat politique fédéral et surtout pour parvenir à une meilleure efficacité et à un poids plus important de notre gouvernement fédéral, en soi d’abord et sur la  scène internationale ensuite, dans cette période particulièrement difficile pour la Suisse.

Il est évident que des personnalités politiques qui auraient tapé autrement plus fort sur les tables de la négociation internationale ont été éliminées pour d’autres raisons que leurs capacités !  Il faut en finir avec cela.

Plus précisément, la première préoccupation du Parlement fédéral doit être la suivante : certes proposer et élire des personnalités de poids et marquantes. Mais chaque parti politique doit faire cela non seulement chez lui mais avec les candidats de tous les autres partis, même pour les partis qui lui sont les plus opposés. Ensuite, chaque parti politique doit, bien entendu, être représenté proportionnellement à sa force électorale nationale. Maintenir délibérément un parti dans une position injustement sous-représentée fait du tort non seulement à ce dernier mais développe des aigreurs, conflits et tensions durables qui nuisent à l’ensemble du climat politique et surtout, une nouvelle fois, au poids politique de la Suisse au niveau international. L’application de ces principes élémentaires est cent fois plus importante que l’élection du CF par le peuple.

Ceux qui continuent à magouiller et à se réjouir de leur « coup », comme des gamins au fond d’une classe d’école après une bonne blague, devraient être sanctionnés. La réflexion à propos des sanctions possibles est ouverte. Mais la meilleure sanction n’est-elle pas celle des urnes ?

4 commentaires

  1. Posté par Lambert le

    M. Windisch,
    Cela fait 30 ans que des durcissements sont apportés à cette loi sur l’asile, sans que cela ne change quoique ce soit, ou du moins, sans que la population n’ait l’impression d’un quelconque changement.
    Si vous étiez honnête avec vous même et votre analyse, vous seriez le premier à militer pour un changement complet de la manière dont ce “problème”, bien petit par rapport à d’autres d’ailleurs, soit abordé. De manière moins idéologique par la gauche, et moins populiste par l’UDC et la droite.
    Vous souhaiteriez 3 UDC au CF? Qui ca? L’incapable Maurer, le guignolesque Freysinger? Soyons sérieux un instant…je vous suis sur un point, les personnalités doivent être fortes et capables. Quel que soit leur parti…On ne devrait pas regarder uniquement la représentativité des partis, mais qui est le plus compétant. Car c’est un réel défaut que la population commence à relever de plus en plus…les burkhalter, Schneider-Ammann, Maurer ou Berset n’ont rien à faire là, ce ne sont pas des hommes d’état…

  2. Posté par Marie-France Oberson le

    “Pour le moment, je n’ai encore jamais entendu aucun parti proposer cette solution, même l’UDC ne s’est pas rendue compte qu’elle aurait droit à trois sièges si on les répartissait arithmétiquement selon la règle en vigueur dans les élections à la proportionnelle.”
    ………………………………..
    Evidemment! Du moment que c’est l’UDC qui serait gagnant, personne ne se risque à faire cette proposition. Je pense que l’UDC ne veut pas se risquer à ce que ses adversaires qualifieraient d eprovocation !
    Par contre, si le PS était dans la position de l’UDC, soyons persuadés que c’est sans vergogne qu’il la proposerait cette solution , lui !!

  3. Posté par MenouxClaude le

    Formation conseil fédéral
    Le Nouvelliste a organisé un sondage parmi ses lecteurs.
    Question : Comment voyez vous la composition du nouveau CF ?
    Réponse claire :
    « 2 UDC 2 PS 2PLR 1 PDC »
    Pour le Président du PLR, Mme Widmer-Schlumpf est un élément perturbateur.
    1) Si l’ on attribuait les sièges en proportion des résultats obtenus par les différents partis cela donnerait:
    UDC: 26,6% –> 3 sièges
PS: 18,7% –> 2 sièges
PLR: 15,1% –> 1 siège
PDC: 12,3% –> 1 siège
Verts: 8,4% –> 0 siège
PBD: 5,4% –> 0 siège
PVL: 5,4% –> 0 siège
    Pour le moment, je n’ai encore jamais entendu aucun parti proposer cette solution, même l’UDC ne s’est pas rendue compte qu’elle aurait droit à trois sièges si on les répartissait arithmétiquement selon la règle en vigueur dans les élections à la proportionnelle.

  4. Posté par Jacouille le

    J’aimerai juste apporter une petite correction historique. “La Berezina” est en fait un haut fait militaire de la retraite de Russie qui elle, est un désastre !…les troupes en retraite de Napoléon on réussis au nez et à la barbe de l’armée russe, à construire un pont, dans des condition épouvantables, sur la Berezina, permettant à plusieurs dizaines de milliers de soldats d’échapper à la destruction et ainsi d’être sauvés. Il s’agit donc là d’une victoire tactique indiscutable…dans le désastre global que fut la retraite.
    Le terme Berezina est donc couramment employé à tort mais dans le contexte, il peut être compris.

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