L’Allemagne est peut-être généreuse avec des ” réfugiés ” venus du sud de la Méditerranée, mais elle se révèle beaucoup moins tendre avec les habitants du nord de la Méditerranée, au point de soumettre à rude épreuve la solidarité européenne… et même la cohésion de l’Union.
Combien de leçons de morale n’avons-nous pas reçu à propos de l’Allemagne et de son désormais légendaire sens de l’accueil des étrangers ? L’actualité montre un étrange paradoxe : l’Allemagne est peut-être généreuse avec des ” réfugiés ” venus du sud de la Méditerranée, mais elle se révèle beaucoup moins tendre avec les habitants du nord de la Méditerranée, au point de soumettre à rude épreuve la solidarité européenne… et même la cohésion de l’Union.
Face à la Grèce
On n’épiloguera pas sur le long contentieux entre la Grèce et l’Allemagne, qui a mené plusieurs fois l’Union au bord de l’implosion ces dernières années. Il suffit de lire les derniers exploits de l’Allemagne pour comprendre que sa générosité est à géométrie variable.
Le gouvernement allemand exige en effet que les Grecs visent un excédent budgétaire primaire de 3,5 %. Le FMI considère qu’un excédent de 1,5 % est un maximum. Parallèlement, et contrairement aux promesses faites en 2014, l’Allemagne écarte une renégociation de la dette grecque.
Mais à quoi joue l’Allemagne ? Rappelons que, depuis 2010, les retraites grecques ont été revues à la baisse une dizaine de fois, alors même que les actifs dépendent largement de la solidarité familiale pour assurer leur survie. Rappelons aussi que la Grèce absorbe l’essentiel du choc des migrations activées par l’Allemagne.
Une fois de plus, les élites françaises occultent, dans un angélisme consternant (et suspect), les coups de boutoir donnés par l’Allemagne au contrat européen.
L’Europe du Sud lui coûte trop cher
La crispation allemande en Grèce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Les propos d’Angela Merkel sur la valeur de l’euro l’ont encore confirmé cette semaine.
“La BCE a une politique monétaire qui n’est pas orientée vers l’Allemagne mais plutôt adaptée au Portugal, à la Slovénie ou à la Slovaquie”, a-t-elle dit. (…)
“Si nous avions encore le Deutsche Mark, il aurait certainement une valeur différente de celle de l’euro en ce moment. Mais il s’agit d’une politique monétaire indépendante sur laquelle je n’ai pas d’influence en tant que chancelière allemande”, a-t-elle tenu à expliquer.
Ach ! si nous avions encore le Deutsche Mark… Bien évidemment, Angela oublie de dire que, si elle avait encore le Deutsche Mark, elle éviterait quand même d’avoir une tendance déflationniste en Allemagne, et elle aurait besoin de pratiquer une politique monétaire plus souple, comme le fait (sans grand succès) la BCE.
Mais l’aveu est clair et net : l’Allemagne se fait violence en acceptant une politique monétaire qui profite aux autres… et pas à l’Allemagne (en tout cas, dans l’imaginaire collectif allemand).
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“le long contentieux entre la Grèce et l’Allemagne” n’est pas né de la crise persistante au sein de l’U.E. , mais remonte bien au-delà, jusqu’à la seconde guerre mondiale et ses conséquences tragiques pour la Grèce.
Voir à ce sujet le roman d’Olivier DELORME:
Le plongeon (éditions H&O, 2002; ISBN 2-84547-044-4).
OUI C’EST VRAI! Dans l’imaginaire collectif allemand et pas que, les hollandais le pensent aussi, la politique monétaire profitent aux autres et eux ne doivent qu’assumer. Plus vous montez vers le nord, plus vous entendez cela.