C’est une première en Europe. Dans un village du centre de la France, au cœur de la campagne, va s’ouvrir prochainement un centre où séjourneront des résidents un peu particuliers.
«Ici seront accueillis durant une période maximum de dix mois des jeunes âgés de 18 à 30 ans en voie de radicalisation et qui veulent s’en sortir», a expliqué le préfet d’Indre-et-Loire.
Fresque colorée
Pendant la visite, on constate que le traitement préconisé par les pouvoirs publics pour endiguer la radicalisation relève plus du séjour en internat que du service militaire. Les quelques parties du centre livrées à l’œil des caméras portent les traces du passé récent des lieux : jusqu’à l’an dernier, Pontourny était un centre d’éducation pour les mineurs étrangers isolés. Dans une salle dédiée aux permanences de nuit, «en cas de crise» de résidents par exemple, une fresque très colorée, vraisemblablement réalisée par d’anciens pensionnaires, représente, pêle-mêle, un ange s’exclamant «Ah ! L’amour !», Bécassine, ou encore une bande d’amis sur un canapé. On monte tant bien que mal au premier étage – la quarantaine de journalistes français et étrangers présents ne sont pas très disciplinés – pour découvrir une chambre, tout ce qu’il y a de plus classique. Murs vert anis un peu passé, lit une place (certaines chambres accueilleront deux «volontaires»), bureau, armoire, et même réveil jaune avec des chevaux. A la fenêtre, des barreaux.
Pour autant, Pontourny n’est «pas une prison». C’est un «établissement médico-social», où interviendront des psychologues, des enseignants ou chercheurs de l’Education nationale, et des éducateurs. Outre les prestataires extérieurs, le centre compte une trentaine de salariés, pour 25 pensionnaires, au maximum. Un seuil de remplissage qui sera atteint début 2017. Olivier Chasson, le directeur du centre, raconte, pendant la visite, comment, quand il parle au téléphone avec ses futurs «volontaires», ces derniers manifestent «l’envie de sortir de ce qu’ils sont». «Ils parlent d’eux, je parle de moi, on parle de la vie, on se dit des mots simples», dit-il, voix posée, crâne rasé et barbe de trois jours.
Les contribuables financent une trêve pour quelques politiciens médiocres, un rêve pour quelques idéalistes déjantés, et des vacances pour quelques futurs délinquants. Alors 40 journalistes pour rendre compte de leur générosité, c’est un minimum.