Trump Donald : “Les raisons de la colère”, d’André Bercoff, First Document, 250p.

 

Lundi 12 Septembre 2016 à 15:30 (mis à jour le 12/09/2016 à 15:05)

Donald Trump, “yes, he can !”

 

 Source : valeursactuelles.com

 

Document. Le portrait que consacre André Bercoff au candidat républicain, “Donald Trump, les raisons de la colère”, donne au public français les clés de compréhension d’une personnalité entière et pleinement ancrée dans le “rêve américain”. Définitions et anecdotes sur l’homme qui veut être le premier. Cette fois, dit-il, pour le profit de tous.

La pensée positive ou la clé du succès

“Et là, c’est parti pour la deuxième séquence, la plus essentielle de ses meetings : l’illustration de la pensée positive. Vous pouvez le faire ? Il peut le faire. Ce n’est pas « Yes we can », mais « Yes we must ». On doit le faire, on n’a plus le choix. L’un des hommes qui eut en effet le plus d’influence sur le jeune Donald fut le révérend Norman Vincent Peale. […] Que dit Peale ? Que la confiance et la bonne connaissance de soi permettent de surmonter n’importe quel obstacle que la vie peut vous réserver. Il prétendait que, par sa méthode, tous les maux pourraient se résoudre, de l’alcoolisme à la pauvreté. Pour lui, Dieu était tout simplement le meilleur des conseillers en psychologie humaine. Il utilisait notamment les techniques d’Émile Coué, dont la célèbre méthode d’autosuggestion consiste — entre autres — à dire très régulièrement : « Chaque jour, en toute chose, je me sens de mieux en mieux. » Peale, à son tour, recommandait de répéter jusqu’à plus soif des phrases telles que : « Dieu me donne le pouvoir d’atteindre ce que je veux vraiment. » […] La congrégation de Peale, située sur la Fifth Avenue, attira peu à peu des banquiers, des politiciens, des entrepreneurs et des hommes d’affaires comme Fred Trump et son fils Donald.”

Riche et… célèbre !

“Donald Trump fut en 1981 proclamé milliardaire par les magazines people bien avant qu’il ne le dise lui-même. […] L’histoire la plus exemplaire remonte au milieu des années 1980, quand il se mit à vendre les appartements de sa toute nouvelle Trump Tower où, aujourd’hui encore, il habite et travaille. Très vite, les stars affluèrent, de Michael Jackson à Steven Spielberg, de Paul Anka à Liberace, et beaucoup d’autres. Mais là où les talents publicitaires de Trump se surpassèrent, ce fut lors de “l’épisode anglais”. Trump reçoit un coup de téléphone d’un journaliste lui demandant s’il était vrai que le prince Charles d’Angleterre avait acheté un appartement dans sa tour. C’était exactement la semaine où Charles et Diana venaient de se marier et devenaient ainsi le couple le plus célébré par les médias du monde entier. La politique du groupe étant de ne jamais commenter une vente, Donald refusa de confirmer ou de démentir la rumeur. Le journaliste appela donc Londres et Buckingham Palace. Mais comme le couple princier était à ce moment en voyage de noces à bord du yacht Britannia, le porte-parole du palais royal ne put que répéter qu’il n’en savait rien et se refusait à embêter Charles et Diana avec pareille question. Du coup, puisqu’il n’y avait pas de démenti, la nouvelle de l’achat par le prince de Galles d’un appartement dans la Trump Tower fit la une des journaux de la planète.”

Une journée comme Trump

“Ce qui est à la fois amusant et révélateur, chez Donald Trump, c’est qu’il avait, avant son entrée en campagne présidentielle, une vie quotidienne réglée comme du papier à musique. […] Dès 6 heures du matin, il lit. Non seulement tous les journaux et magazines qui parlent de lui, et ils sont toujours nombreux, mais aussi et surtout toutes les nouvelles de la planète. […] Les conversations téléphoniques doivent obéir à la sacro-sainte loi des priorités et ne doivent pas excéder — sauf cas exceptionnels — plus de trois minutes. Quant aux visiteurs qu’il reçoit dans son bureau, l’entretien doit être aussi bref que précis, eu égard au nombre de ses rendez-vous quotidiens. En revanche, il déclare s’accorder au moins deux heures par jour de réflexion. En cela, il fut influencé par quelqu’un qu’il place, dans son panthéon personnel, à égalité avec Norman Vincent Peale : Carl Gustav Jung. Autant notre personnage déteste l’introspection et, à notre connaissance, n’a jamais eu recours au service d’un psychanalyste, autant il dévore les bouquins traitant de psychologie et de développement personnel. […] Sa collaboratrice lui rappelle qu’il a des billets pour le match de ce soir à l’US Open. […] À 15 heures, celle qui tient son emploi du temps à la minute près lui apporte son déjeuner du jour : un verre de jus de tomates. Il ne déjeune pratiquement jamais dehors parce que, pour lui, c’est une perte de temps. […] À 19 heures, Trump quitte son bureau du 26e étage pour rejoindre Melania et son fils, au 66e. C’était comme ça tous les jours que fait le Dieu des affaires, y compris, très souvent, le dimanche.”

Trump, entreprise de construction et de démolition

“Jeb Bush éliminé, les espoirs de l’état-major républicain, des bureaucrates de Washington, des lobbyistes de partout et des généreux donateurs, qui attendent un juste retour sur leurs investissements, se tournent vers le fringant Marco Rubio, sénateur de Floride et jeune espoir du parti. Lui, au moins, saura tenir tête au bulldozer de Manhattan. Trump va quand même sur ses 70 ans ; on va lui opposer un brillant représentant de la jeune génération qui n’a pas sa langue dans sa poche et à qui nous allons donner tous les moyens nécessaires pour contrecarrer l’incontrôlable Donald. Las ! Trump remet cent fois sur le métier l’ouvrage qui lui a si bien servi contre “Low Energy” Bush. Dorénavant, fidèle à sa stratégie du logo qui tue, il n’appelle plus le sénateur de Floride que “Little Marco Rubio” (“Petit Marco Rubio”). Comme il ne manque pas d’accoler, à chaque fois qu’il cite son nom, l’épithète d’escroc à sa future adversaire démocrate : “Crooked Hillary Clinton”. Et de souligner, hautement et publiquement, à son intention, évoquant la vie aussi polissonne que mouvementée de Bill : « Si Hillary n’arrive pas à satisfaire son mari, comment peut-elle penser satisfaire l’Amérique ? » Amis de la poésie, bonjour… Lors d’un débat télévisé, il apostrophe Marco Rubio et lui lance : « Regarde, Little Marco Rubio, à quel point tu transpires. Tu es complètement en sueur. » Et Trump de brandir une bouteille d’eau minérale et de la secouer légèrement : « Que le monde découvre à la télévision un président des États-Unis en transpiration permanente, ce n’est pas possible. Tu comprends ça ? » Et le Donald de battre à plate couture Marco Rubio dans son propre État de Floride. Exit Rubio.”

Une certaine haine…

“Le lendemain de l’annonce de sa candidature, le très populaire quotidien Daily News publiait, sur toute sa couverture, une photo de Trump à laquelle ils avaient ajouté un gros nez rouge et un maquillage de triste bouffon. Mais ce fut encore pire dans la presse branchée new-yorkaise. Le magazine Esquire tirait des salves incendiaires sur ce milliardaire pelé et galeux. Mark Salter le traite de faussaire, de menteur, de salaud, de badboy de carton-pâte, de trou du cul. Il affirme que le personnage est une plaisanterie virale sans aucun humour, un parangon du mauvais goût et de la vulgarité la plus crasse. Ajoutons que Mark Salter vit à Washington et a fait longuement partie des administrations politiques que Trump voue aux gémonies. Dans le même numéro de la revue, un journaliste interviewe Donald Trump et le compare carrément… au Dr Mengele, à Joe McCarthy et George Wallace, partisan de la ségrégation raciale dans les années 1970.”

Les idées d’un libéral-conservateur

« Quand vous pensez que l’Amérique en est à 15 trillions de dollars de dettes et que personne ne fait rien, sauf la léguer aux Chinois, il y a de quoi enrager… […] Le gouvernement n’a pas à taxer la classe moyenne pour exempter les copains du président. Les enseignants, les infirmières, les policiers, les pompiers n’ont pas à effacer avec leurs salaires et leurs économies les traders de Wall Street et les grosses entreprises qui délocalisent et fuient dans les paradis fiscaux. » […] Pour lui, il est imbécile de déterminer une politique qui s’applique de la même façon à tout le pays. Il faut éliminer le ministère de l’Éducation ou du moins limiter ses pouvoirs. […] Il faut, plus que jamais, réhabiliter la compétition afin que le jeune éprouve cette formidable joie de se battre et de réussir. […] Trump diverge nettement avec l’establishment républicain qui a tendance sur ce sujet comme sur d’autres à prôner le “laisser-faire laisser-aller” et que chacun se débrouille. Lui affirme au contraire qu’on ne peut laisser aucun Américain privé de soins et cela quel que soit l’état de ses ressources. Ce n’est pas parce que les riches peuvent se payer les hôpitaux de leur choix que les pauvres doivent crever sur le bord de la route.”

Donald Trump, les raisons de la colère, d’André Bercoff, First Document, 250 pages, 16,95 €.

Source : Valeurs Actuelles. 12 septembre 2016

4 commentaires

  1. Posté par Jaffray Robert le

    Comme à l’accoutumée André Bercoff sait et sent où est l’essentiel, il y va voir et le dit.
    C’est souvent là où justement les autres oublient ou s’interdisent d’aller voir.
    Quand quelqu’un a la chance de faire l’unanimité contre lui, j’ai toujours pensé qu’il était urgent d’aller le voir, c’est ce que Mr Bercoff a fait ! Il n’est pas nouveau qu’il se démarque des positions souvent figées et monomaniaques de sa classe politique. C’est en cela qu’il est précieux. Pour ou contre Trump n’est pas le sujet, le sujet était : Regardez où il faut !
    Einstein disait : Inventer c’est penser à côté ! André Bercoff, brillant bretteur et attentif guetteur, lui, regarde à côté ! Visionnaire sûrement pas, mais à l’écoute et excellent analyste, assurément.
    Quand au titre de son livre, chacun eut aimé y avoir pensé. Un peu de vraie culture et d’humour ne gênent pas. Merci Monsieur Bercoff.

  2. Posté par Bogdan MANOJLOVITCH, Dr.-Ing. le

    Depuis début de l’ “affaire” Donald TRUMP à nos jours, je suis toujours à 200% d’accord avec André BERCOFF ! Donald Trump, sympathisant du Président Poutine, est le seule qui peut encore sauver les USA… et par conséquent une grande partie la Planète ! Ce ne peut certainement pas être Hillary Clinton (soutenue par tous les irresponsables, ignorants et insouciants ) très corrompue et très malade psychiquement et somatiquement… ci qui est nié – bien évidemment – par ses souteneurs ! Il faut la soigner … et d’urgence !
    Bien cordialement,
    votre dévoué,
    Bogdan Manojlovitch

  3. Posté par Aude le

    God bless America and Trump….Yes he can ..and he must win……
    Je crois quand ce moment….il doit avoir un sacré bon ange gardien….

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