Une fois n'est pas coutume, le parti radical semble vouloir prendre la mesure de son oeuvre et du poids que les 40'000 naturalisations annuelles font peser sur le tissu social et économique du pays.
Son crime ? Demander dans son nouveau projet de programme que la seule filiation objective ne suffise plus, dans le cadre du regroupement familial, pour l'accès à la naturalisation, mais soit accompagnée, ce qui semble logique, de liens concrets du candidat avec son père et sa patrie.
La Conseillère nationale Isabelle Moret avait annoncé la couleur il y a deux semaines: "La personne qui demande à obtenir la nationalité suisse doit démontrer son intégration".
"Fascisant !", le couperet de la sanction morale tombe, implacable, de la bouche d'un autre Conseiller national vaudois (à la retraite), Claude Ruey, dont on goûtera la stricte allégeance au référentiel de gauche. Ne pas brader son droit de cité, c'est se faire l'égal de ceux qui voulaient imposer le leur au monde.
Il faut dire que pour Claude Ruey, la barrière de l'intégration était placée très haute, acquisition sur simple demande jusqu'à la troisième génération. Vous êtes prévenus, au-delà vous êtes "fascistes".
Comme le PLR, je suis convaincu qu’on ne peut pas accueillir le monde entier en Suisse. Comme le PLR, je pense qu’on doit faire preuve de réalisme et ne pas tolérer les violations de la loi. Encore faut-il prendre des mesures à la fois efficaces et conforme à l’éthique libérale, qui repose en particulier sur la liberté et le respect des personnes. C’est pourquoi de très nombreux libéraux ont voté contre la 9ème révision de la loi sur l’asile et celle de la loi sur les étrangers en 2006. Nous avions clairement indiqué que les mesures prises seraient non seulement peu respectueuses des personnes, mais qu’elles seraient contre-productives.
Les faits nous ont largement donné raison. Il est rare qu’on puisse prouver que ce qu’on disait avant une votation s’avère dans la réalité : or tout ce que nous affirmions à l’encontre des modifications Blocher s’est réalisé : pas de changements quant à l’attractivité de la Suisse, mais des difficultés plus grandes sur le plan humain sans aucun bénéfice pour quiconque.
Au lieu de jouer les hérissons et les pompiers incendiaires, les libéraux radicaux suisses feraient mieux d’être fidèles à leurs principes tout en faisant preuve d’un réalisme efficace conforme à leurs traditions, qui allient à la fois idéal et pragmatisme. A-t-on seulement lu le papier de position du PLR ? Si tout n’est pas totalement à jeter, il est globalement inepte.
Ce n’est pas être de gauche que de le prétendre, c’est simplement faire preuve de réalisme et de lucidité.